Deux informations dans l’actualité ont attiré mon attention. Tout d’abord, l’annonce de l’ouverture d’une maison pour hommes battus en Belgique. Ensuite, la parution du livre “Ma compagne, mon bourreau” de Maxime Gaget qui a fait beaucoup de bruit en France. Ces deux événements ont mis sur l’avant de la scène un sujet tabou à savoir que les hommes aussi peuvent être battus et maltraités! Si peu sont réellement battus physiquement, nombreux sont ceux qui le sont psychologiquement!
De même que la femme battue, l’homme maltraité psychologiquement ne sait pas ce qui lui arrive. Honteux, il le cache. Comme il ne comprend pas ce qui se passe, il veut se débrouiller tout seul dans la relation. Il a l’impression qu’il est totalement responsable de la situation dans laquelle il se trouve. Et pour cause! Rien dans notre culture ne l’avertit du fait qu’il pourrait rencontrer une femme qui le vampirise. Au contraire, pour peu que sa compagne le traite de pervers, il va se remettre en question. C’est ainsi qu’il va s’éteindre à petit feu.
Femmes battues, hommes battus, la perversion n’a pas de sexe
Les campagnes de prévention à la violence conjugale parlent de la violence faite aux femmes pas de celle faite aux hommes. Par ailleurs, de nombreux livres ont décrit les pervers et les manipulateurs au masculin. Or, malheureusement, la perversion et la manipulation ne sont pas l’apanage des hommes.
D’autre part, on apprend aux petits garçons à ne pas ressembler à leurs ancêtres froids et durs! Ils sont invités à exprimer leurs émotions et leur fragilité et à faire confiance aux femmes. Comment leur mère, leurs compagnes, leurs soeurs, leurs amies ou leurs collègues… pourraient-elles leur faire du mal? Par contre, on apprend plus souvent à la petite fille à se méfier des hommes qui les entourent, y compris de leur père. N’est-il pas commun de croire que derrière tout homme peut se cacher un pervers?
En évitant d’être violent
J’ai reçu en consultation des hommes maltraités par leur compagne. La plupart du temps, ils ne consultaient pas d’eux-mêmes, mais sous les conseils de leur mère et de leur femme, suite à un geste violent qui a fini par leur échapper.
« Tu vois que tu es comme ton père ! Tu dois te faire soigner ! »
S’il n’y prend garde, le psychologue ou l’ami confident pourrait répondre à la demande qui lui est faite au mot à mot. Or, en définitive, cette demande est inspirée par une mère, une compagne. Elle s’exprime par exemple en ces termes:
“Je voudrais que vous m’aidiez à trouver dans mon passé les raisons de mes réactions. Du fait que j’ai levé la main sur ma femme, je me comporte comme mon père. Or, c’est tout ce que j’ai toujours essayé d’éviter!”
Pour aider cet homme à ne pas reproduire les agissements de son père, il faut comprendre ce qui se passe au présent. Avant de répondre à une telle demande, je resitue donc toujours le geste dans son contexte, dans la dynamique de la relation… Et je constate souvent alors que l’homme perdu en face de moi a laissé aller beaucoup trop loin une situation inadmissible. Parce qu’il s’efforce constamment de ne pas ressembler à ce père violent ou au potentiel pervers en lui, il n’a pas osé mettre clairement ses limites!
Les hommes battus ont souvent été mis au défi
Les hommes d’aujourd’hui sont mis au défi de garder leur calme et de ne surtout pas toucher leur compagne et ce quoi qu’elle fasse, quoi qu’elle dise ! Ces dernières peuvent humilier, gifler, frapper, griffer, tirer les cheveux, serrer fortement la gorge… Elles peuvent faire une crise d’hystérie quand leur compagnon les frustre. S’il ne satisfait pas leurs caprices, elles peuvent exploser. Ce sont des femmes, fragiles, leurs gifles ne font pas de mal…
Mais dans la même situation, un homme mis à bout ne peut pas toucher sa compagne. Si à bout il la pousse un peu ou la tient fort par le poignet pour la calmer, elle prend immédiatement la position de la femme battue! Elle fait immédiatement constater toute trace de coups ou de pression, les bleus sur les bras tenus un peu fort, le bleu suite à une chute…!
Même si la perversion d’une femme ne s’exprime pas toujours de la même manière que celle d’un homme, elle est également destructrice. Souvent plus « raffinée », moins directe, la femme agit dans l’ombre !
La personne perverse (homme ou femme) touche l’autre là où il est fragile, sensible. La femme sait aussi toucher l’homme dans sa virilité, dans son identité en lui renvoyant l’image de ce qu’il s’est promis ne jamais être.
Le côté pervers de la campagne “Fred et Marie”
La campagne belge de sensibilisation « Fred et Marie » avait pour objectif de prévenir la violence conjugale. Or, elle a souvent été pervertie par des femmes manipulatrices et perverses. En effet, certaines femmes ont eu l’impression que tout leur était permis, quelque soit la sensibilité de leur compagnon. Convaincues d’avoir tous les droits, elles ont alors mis leur mari au défi. C’était à eux de leur prouver qu’il n’était pas pervers et cela, quoi qu’elles se permettent!
Dépasser les limites
Sandrine a commencé à sortir plus librement au moment de la grande campagne belge de sensibilisation à la violence psychologique conjugale « Fred et Marie ». Elle a montré le film à Guillaume qui entendait tous les matins les nombreux spots radios liés à cette campagne. Il s’agissait d’extraits sonores illustrant l’emprise d’un homme sur sa femme.
Guillaume qui avait vu l’emprise de son père sur sa mère s’est toujours promis qu’il ne serait jamais un harceleur. Même lorsqu’il se sentait en colère, il se retenait de faire une remarque à sa femme sur ses sorties ou sa manière de s’habiller. Si bien qu’il s’est efforcé d’agir comme le ferait un mari qui veut avant tout le bonheur et l’épanouissement de sa femme. S’il avait mis ses limites à Sandrine, elle se serait certainement posée en victime. D’ailleurs, le livre « Les manipulateurs sont parmi nous » trainait de manière très visible sur la table de nuit.
Depuis que Sandrine sort avec son groupe de copines, elle n’est plus la même. Ses proches ne la reconnaissent plus. Ensemble, elles recherchent le plaisir immédiat et facile. Elles deviennent de plus en plus exigeantes envers leurs parents, leur compagnon et leurs enfants. Elles revendiquent leurs droits, leurs besoins.
L’homme objet
Sandrine et ses copines trouvent normal de choisir les vêtements de leur compagnon. C’est pourquoi elles les envoient se changer si la chemise qu’ils ont choisie n’est pas, selon elles, assortie à leur veston. Mais par contre, pas question que leur mari fasse une remarque sur la longueur de leur jupe, la profondeur de leur décolleté! De quel droit pourrait-il s’interroger sur le côté sexy de la nouvelle lingerie qu’elles ne portent qu’en sortie? En interprétant à leur manière le film de la campagne « Fred et Marie », elles voient dans ces remarques de la violence conjugale.
Si quelqu’un met clairement ses limites, il ne comprend pas qu’on n’en tienne pas compte. Dans ce genre de situation, que l’on soit un homme ou une femme, on finit par exploser. Face à ce qui apparaît comme de la mauvaise foi, celui qui perd ses moyens peut avoir les mêmes réactions qu’un manipulateur. Or, il ne l’est pas plus qu’un patron qui a des exigences réalistes envers son personnel. Un patron peut demander des comptes à celui qui donne le minimum en tirant un maximum d’avantages de son contrat de travail.
Relation saine et violence conjugale.
Une relation saine entre deux personnes permet à chacune de s’épanouir, de développer le meilleur d’elle-même. Les deux s’enrichissent de leur relation. Il arrive qu’un des deux partenaires utilise l’autre à son profit, en privilégiant son propre plaisir. Pour le transformer en objet toujours disponible, il le coupe de tout ce qui lui est personnel. De plus, il lui impose de se soumettre à ses propres désirs. Finalement, la relation est pervertie.
Dans de telles situations, il n’est pas toujours facile de reconnaître le pervers. Mais une chose est certaine, ce n’est pas toujours celui ou celle qui est présenté comme victime ou comme bourreau qui l’est forcément !
Faites le point
Besoin d’en parler, d’un soutien? Je vous propose un bilan. Plus d’infos sur les conditions ICI
A lire également
- Actualité à découvrir: Une première maison pour hommes battus s’est ouverte dans la région de Malines.
- Les hommes battus victimes de violence conjugale
- Un article dans Madame Figaro, à l’occasion du procès de la compagne de Maxime Gaget.