Injonction paradoxale ? Placer une personne entre deux obligations contradictoires. L'une est consciente, l'autre non. Toute la puissance de la technique vient de cette partie inconsciente.
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L’injonction paradoxale ou le changement comme manipulation
Chronique de Christophe Faurie
22/09/14 15:20
L’injonction paradoxale ? On en parle beaucoup, mais qui sait de quoi il s’agit ? Voici une introduction à l’une des techniques les plus anciennes de conduite du changement. Elle a beaucoup fait pour sa mauvaise réputation.
« Si tu ne fais pas tes devoirs, tu n’auras pas de dessert. » Voilà l’enfance de toute manipulation. Obtenir ce que l’on veut d’une personne sans appel à son libre arbitre.
Bienvenue sur les terres de l’injonction paradoxale.
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Un mécanisme diabolique
Injonction paradoxale ?
Placer une personne entre deux obligations contradictoires. L’une est consciente, l’autre non. Toute la puissance de la technique vient de cette partie inconsciente. En jouant sur elle, on court-circuite le libre arbitre de la personne. On obtient d’elle ce qu’elle ne « veut » pas faire.
Pour cela, on utilise ce à quoi une personne tient le plus.
Par exemple son sens de l’honneur, l’amour qu’elle éprouve pour vous, le respect qu’elle doit à ses parents, sa peur de la mort, des souris ou de perdre son emploi…
1984, d’Orwell, parle d’injonction paradoxale. Elle est consubstantielle au totalitarisme. En particulier, le totalitarisme exige qu’on l’aime spontanément !
Ce qui équivaut à faire disjoncter notre raison. Et à nous transformer en machine.
Obtenir l’impossible
Un avocat m’a parlé du cas suivant. On demande à un manager d’augmenter la rentabilité de son unité par réduction de coûts.
Impossible de refuser, sous peine (implicite) de perdre son emploi ou d’être mal noté.
Plus il fait d’économies, plus les choses empirent.
Épuisement à la tâche, et suicide.
L’injonction paradoxale rend possible de demander l’impossible.
Depuis Enron, elle fait des merveilles pour l’entreprise.
Quelle est la motivation de l’acte héroïque ?
L’équipe, vous disent les militaires.
Enron pensait différemment.
Pour cette société, la performance était individuelle.
Et, pour stimuler cette performance, il fallait licencier le bas de son classement.
Le mur de Berlin venait de tomber.
L’économie de marché prenait possession du monde.
Enron était son unité avancée.
Pendant 10 ans, Enron a fait l’admiration des universitaires.
Et une faillite frauduleuse.
Ce qui n’a pas été le cas de ses techniques de stimulation. On les a adaptées.
La peur du licenciement n’était pas nécessaire.
N’importe quelle punition dégradante a le même effet.
C’est ainsi qu’elles se sont répandues en Europe, où le licenciement est mal vu.
Est-ce pour cela que l’on parle maintenant de « souffrance au travail » ?
Et de suicides ?
Alors que durant les trente glorieuses on trouvait le travail ennuyeux ?
La responsabilité, antidote à l’injonction paradoxale
Pas plus qu’Enron, un régime gouverné par la terreur n’est durable.
L’injonction paradoxale n’a qu’un temps.
A moins de vouloir faire une fortune rapide, cette technique n’est pas recommandée.
En outre, elle peut être involontaire.
Un subalterne peut mal interpréter ce qu’on attend de lui.
Et se tuer à la tâche par erreur.
Ce qui vaudra des ennuis à son chef.
Danger, donc. Et attention. Notre crise se prête à l’injonction paradoxale.
Car elle nous pousse à demander l’impossible.
Comment éviter l’injonction paradoxale ?
Responsabilité
Quand on donne des ordres, être responsable, c’est s’assurer que ce que l’on demande est possible.
Si ce n’est pas le cas, il faut chercher une autre façon de faire, aussi efficace et moins dangereuse.
Quand on reçoit des ordres, être responsable, c’est s’assurer que l’on est capable de faire ce qui est demandé.
C’est dire comment on va s’y prendre et de quels moyens on a besoin pour cela.
Et l’on peut faire d’une pierre deux coups.
C’est le contrat (écrit ou non). Chacun s’engage dans le projet, en connaissance de cause. Il est responsable.
Que retenir ?
L’idée clé ici est celle de contrat.
Ne jamais s’engager dans quoi que ce soit sans savoir précisément comment réussir.
Attention au tacite. Il tue.
Et un exercice, pour finir.
Qui nous a appris à aimer les desserts, les cadeaux, l’argent, les jeux vidéo ou la télévision ?
Quelle était son intention, à votre avis ?
Références
L’histoire d’ENRON : EICHENWALD, Kurt, Conspiracy of Fools: A True Story, Broadway Books, 2005.
L’injonction paradoxale s’appelle « double bind » en anglais depuis qu’elle a été étudiée par Gregory Bateson.
Il en a fait une cause de schizophrénie. BATESON, Gregory, Steps to an Ecology of Mind (Morale and National Character), The University of Chicago Press, 2000.
Aimer le totalitarisme : WATZLAWICK, Paul, Les cheveux du baron de Münchhausen, Seuil, 1991.
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https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Double_contrainte
Une double contrainte (de l'anglais double bind) est une situation dans laquelle une personne est soumise à deux contraintes ou pressions contradictoires ou incompatibles.
Si la personne est ou se sent prisonnière de la situation, surtout si elle est dans l'incapacité de méta-communiquer à son sujet (comme c'est le cas notamment pour les enfants et dans le cas de certaines relations hiérarchiques), cela rend le problème insoluble et engendre à la fois troubles et souffrances mentales. Une double-contrainte peut se produire dans toute relation humaine comportant un rapport de domination, et particulièrement dans la communication émanant du ou des « dominants ». L'injonction paradoxale est une double contrainte au sujet de laquelle la personne enjointe peut communiquer.
Description
Cette notion est particulièrement étudiée dans le domaine de l'éducation parentale, les perturbations qu'elle engendre étant supposées à l'origine de troubles mentaux parfois graves et durables. La théorie de la double contrainte fut notamment proposée, sous l'impulsion de Gregory Bateson en 1956 au sein de l'école de Palo Alto, comme cause ou facteur de la schizophrénie[1].
Exemples classiques (voir aussi la section Exemples) :
- Dans le contexte familial : des parents exigent chacun un lien exclusif de la part d'un enfant, ce qui le soumet à deux demandes oppressantes qui se contrarient.
- Dans la communication : le langage paradoxal peut contenir deux demandes qui s'opposent comme « Soyez spontané ! », ou « Faites preuve de self-control ! ». Dans cet exemple, l'énoncé étant un ordre, on parle d'injonction paradoxale.
En situation
La schizophrénie
Dans Vers une théorie de la schizophrénie (1956), il est question d'injonctions paradoxales dans un milieu familial où règne une communication pathologique. Ces injonctions paradoxales visent une « victime » qui doit en quelque sorte assumer le défaut de communication, en être l'incarnation.
Dans ce cadre d'étude, la victime est le membre schizophrénique du système, et l'idée sous-jacente est de mettre en évidence la façon dont la schizophrénie est à la fois un mécanisme de défense pour faire face à un contexte d'impossibilité, et un ultime moyen de maintenir la cohésion du groupe en tentant d'assumer concrètement son incohérence.
La théorie de la double contrainte de Bateson n'a jamais donné lieu à des recherches suivies afin de déterminer si les systèmes familiaux imposant une double contrainte systématique pourraient être une cause de la schizophrénie. Cette théorie complexe n'a été que partiellement testée, et il y existe des lacunes dans les preuves psychologiques et expérimentales nécessaires pour établir cette causalité. La compréhension actuelle de la schizophrénie tient compte d'une interaction complexe entre facteurs génétiques, neurologiques ainsi que stress émotionnels, incluant l'interaction familiale. Aussi, si la théorie du double bind renverse les résultats suggérant une base génétique de la schizophrénie, des études expérimentales plus complètes avec différents types de familles et dans divers contextes familiaux sont nécessaires pour confirmer cette supposition[10].
La double contrainte a tendance à entraîner un blocage de la communication. C'est un symptôme typique de la schizophrénie que de tenter de ne pas communiquer, et un effet logique dans la mesure où le schizophrène doit assumer le défaut de communication de son environnement.
C'est pourtant une réponse qui est impossible, puisque le « charabia » du schizophrène, le retrait ou le silence verbal ou postural même est une communication.
Généralisation
À partir de la mise en évidence par l'étude de la communication autour de la schizophrénie, l'identification de la double contrainte est devenue un outil de compréhension des systèmes de communication.
Dans les familles, elle est identifiée directement, et c'est le défaut de communication originel que tenteront de résoudre les thérapies familiales et autres thérapies systémiques.
Selon cette méthode, ce sont les rouages de la communication du groupe qui, s'ils sont coincés, peuvent entraîner des défauts de communication qui sont à l'origine des pathologies individuelles.
On rencontre des mécanismes de double contrainte dans le milieu du travail, lorsque les missions assignées à une personne, ou un service sont rendues quasiment impossible par l'absence de moyens ad hoc ou par l'environnement, ou encore lorsque la description détaillée des missions renferme elle-même des contradictions[11].
Distinctions
Dilemme
Un dilemme est un choix difficile ou problématique mais possible. Ce qui pose un problème est la nécessité de choisir entre des attracteurs d'intensité presque égale. Mais il n'y a ni injonction ni paradoxe, ce n'est donc pas une double contrainte.
L'exemple typique du dilemme est le choix entre un sac d'avoine et un baquet d'eau pour un animal également distant des deux, c'est-à-dire le paradoxe de l'âne de Buridan. Pour arriver à une situation de double contrainte, il faudrait par exemple que l'âne sache qu'il est contraint de boire et de manger, mais qu'il sache aussi qu'il est battu quand il boit parce qu'il ne mange pas, et qu'il est battu quand il mange parce qu'il ne boit pas.
Contraintes
Les termes font qu'on a tendance à assimiler la double contrainte à deux contraintes, à une autorité qui pousse à dépasser un dilemme, ou encore à des contraintes qui s'opposent. Mais la double contrainte de la notion doit contenir des injonctions paradoxales, autrement dit une contrainte à l'absurdité.
Un exemple de contraintes opposables est proposé par William Styron dans Le Choix de Sophie[12], où une mère doit choisir lequel de ses deux enfants pourra survivre sous peine que les deux soient tués. Bien que fort, cet exemple ne contient pas de paradoxe logique mais une obligation à faire un choix contre nature.
En 2020, les décès résultant de pandémie de coronavirus, prenant plusieurs milieux politiques européens par surprise, menèrent à quantité d'injonctions paradoxales, entre l'encouragement à ne pas céder à la panique et à vivre normalement d'une part, et celle de rester confiné chez soi d'autre part, mais "en même temps" d'assurer ses activités si celles-ci étaient vitales, se succédant parfois à quelques heures d'intervalle. Le détail en fut relaté dans l'émission Face à l'info du 19 mars 2020[13][réf. obsolète].
Paradoxe
Le paradoxe exprime une chose illogique, plutôt cachée par une logique apparente mais fausse. C'est un illogisme en soi, mais ce n'est que s'il est imposé que l'on peut parler de double contrainte.
Un exemple de paradoxe est proposé par Jorge Luis Borges dans son recueil intitulé L'Auteur[14] : dans la nouvelle De la rigueur de la science, il imagine un pays dont l'art de la cartographie est à ce point poussé à bout, que la carte du pays recouvre le pays dans son ensemble. Il n'y a pas de contrainte associée à cet exemple, ce n'est donc pas une double contrainte.
Solutions
Niveaux de lectureModifier
Exemple de lecture à plusieurs niveaux, pouvant prêter à réflexion ou humour, d'un panneau de signalisation routière « voie sans issue » : le cimetière est-il bien une issue ? (
Ambresin en
Belgique).
Paul Watzlawick explique qu'on ne sort d'une boucle paradoxale (double contrainte) que par un recadrage, permettant une lecture de la situation à un niveau différent.
La double contrainte étant une situation insoluble directement, sa résolution passe par un changement de niveau ou d'échelle. Par exemple communiquer l'absurde de la situation peut être une façon de dépasser cette situation.
Mise en abyme
L'impossibilité de communiquer est souvent associée à la double contrainte, comme un effet émergent, ou comme un verrouillage supplémentaire de la situation. Il s'agit alors d'un autre niveau de double contrainte où l'interdiction de communiquer s'oppose au besoin naturel et irrépressible de le faire.
Communiquer l'interdit de communiquer est une porte de sortie de ce nouveau niveau de double contrainte, mais c'est aussi une double contrainte en soi. Mais il existe encore des niveaux de lectures. Quel est le sujet interdit ? tous ? Quel est le type de communication interdite ? les mots seulement ? l'interdit s'applique-t-il à tout interlocuteur ? y compris imaginaire ? etc.
Mais plutôt que de pousser l'analyse de cette façon, c'est la créativité, l'humour, ou tout ce qui permet la spontanéité qui est le mode de résolution recommandé et proposé aux personnes qui doivent y faire face, car cela crée nécessairement un espace de possibilité, d'autant plus investi que le besoin est grand.
Conséquence méthodologique
Un moyen de sortir de ce mécanisme est donc d'identifier des repères stables (des évidences qui sont extérieures à l'impossibilité).
À partir d'une double contrainte, il est toujours possible d'identifier (dans la durée) – et pour le moins de chercher (dans l'immédiat) - une trilogie d'éléments (pièces mécaniques, points de vue abstraits, attitude pertinente…) permettant de sortir d'une situation apparemment insoluble.
Théorie des contextes
Un autre élément est d'élever le niveau d'analyse pour sortir du cadre de l'absurdité, ce qui introduit la notion de contexte :
La généralisation de la méthode scientifique ci-avant définie suppose la modélisation préalable : il est difficile de manier des idées abstraites sans recours aux outils de communication technique : la résolution de la double contrainte fait avantageusement appel à la théorie des contextes (approche issue de l'échec de la théorie naïve des ensembles)[pas clair].
Méta-communication
La métacommunication, autrement dit communiquer sur la communication, est un terme récurrent pour exprimer un moyen de faire face à une situation de double contrainte.
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La Boite à M.E, la boîte à outils du ____ Moniteur Educateur ______
Double-Contrainte (injonction paradoxale) : Ecole de Palo Alto
Double-Contrainte (injonction paradoxale) : Ecole de Palo Alto -
école de Palo-Alto, double contrainte et pathologies mentales des paysans
1) École de Palo-Alto
L’École de Palo-Alto est un courant de pensée et de recherche ayant pris le nom de la ville de Palo Alto en Californie, à partir de 1950. On le cite en psychologie et psycho-sociologie ainsi qu’en sciences de l’information et de la communication. Ce courant est à l’origine du mouvement de la thérapie familiale et de la thérapie brève. Parmi les principaux fondateurs de ce courant, on trouve Gregory Bateson, Donald D. Jackson, John Weakland, Jay Haley et Paul Watzlawick.
Bateson et son équipe lancent un pavé dans la mare de la psychiatrie, bousculent les modes de pensée traditionnels et jettent les bases de la psychologie moderne. Dans un retentissant article intitulé « Vers une théorie de la Schizophrénie », ils proposent une vision interactionnelle de la « maladie mentale » qui ouvre la voie à la thérapie familiale et systémique. Ce sont les fondements mêmes de notre conception de l’homme qui sont ébranlés puis reconstruits sur les concepts issus de la cybernétique et de la théorie des systèmes : information, contrôle, feed-back, niveaux logiques, paradoxes…
L’influence de la « première cybernétique »* sur l’École de Palo-Alto s’est traduite par le fait que le thérapeute ne considère plus son patient comme un individu isolé sur lequel il devrait poser un diagnostique psychiatrique mais s’intéresse aux interactions actuelles du patient avec son environnement qui maintiennent son problème. En d’autres termes, le thérapeute se demande comment le système maintient l’homéostasie. On passe d’une explication individuelle et diachronique à une explication systémique et synchronique.
La psychothérapie systémique est basée notamment sur la notion d’homéostasie familiale qui suppose que soigner une pathologie psychiatrique chez un membre de la famille passe par la prise en compte de toute la famille, la personne malade n’étant qu’un symptôme de la pathologie du système (famille). Le malade n’est donc plus seul « responsable » de « sa » maladie. Dans un système, ce qui vit, c’est un réseau de communication dont tous les noeuds sont en interaction les uns avec les autres (« on ne peut pas ne pas communiquer » selon la formule de Watzlawick).
Le projet débouche ainsi sur l’élaboration de la notion de « paradoxe » et la théorie du double-bind ou « double contrainte » formulée en 1956 dans leur article intitulé Vers une théorie de la schizophrénie.
2) « Paradoxe » et « Double contrainte »
Pour eux, « Le paradoxe est un modèle de communication qui mène à la double contrainte ». C’est cette situation qu’ils trouvèrent dans les familles de schizophrènes sans conclure cependant qu’il s’agissait d’une causalité linéaire vers la maladie mentale.
La théorie affirme l’existence de relations conflictuelles entre le malade psychotique et son entourage, le dernier donnant au premier des ordres absurdes et impossibles à exécuter (en résumé caricatural : je te donne l’ordre de me désobéir, sinon…). Ces ordres impossibles à respecter étant, forcément, toujours suivis de sanctions, ils entraîneraient ainsi l’apparition de la psychose.
Cette situation donne naissance à une volonté de fuite. Lorsque cette fuite n’est pas possible au sens propre du terme (par exemple si l’on est économiquement ou socialement dépendant de la personne intimant l’un des deux ordres), la fuite peut avoir lieu dans un certain nombre de névroses ou de psychoses, parmi lesquelles la schizophrénie.
2.1 Définition
On nomme double contrainte (double-bind) une paire d’injonctions paradoxales consistant en une paire d’ordres explicites ou implicites intimés à quelqu’un qui ne peut en satisfaire un sans violer l’autre. To bind (bound) signifie « coller », « accrocher » à deux ordres impossibles à exécuter avec un troisième ordre qui interdit la désobéissance et tout commentaire sur l’absurdité de cette situation d’ordre et de contre-ordre dans l’unité de temps et de lieu. Sans cette troisième contrainte, ce ne serait qu’un simple dilemme, avec une indécidabilité plus-ou-moins grande suivant l’intensité des attracteurs.
La double contrainte existe seulement dans une relation d’autorité qui ordonne un choix impossible et qui interdit tout commentaire sur l’absurdité de la situation. Dans une situation d’indécidabilité, le dilemme est une nécessité de choisir (Comme dans le Cid de Corneille où les aléa de la vie place le héros face à un choix difficile), tandis que l’injonction paradoxale est une obligation (un ordre) de choisir.
L’injonction paradoxale est bien illustrée par l’ordre « sois spontané(e) », souvent utilisé par Paul Watzlawick comme exemple, où devenant spontané en obéissant à un ordre, l’individu ne peut pas être spontané.
2.2 Différence entre injonction paradoxales et double contrainte
Dans les injonctions paradoxales, il y a toujours une possibilité de commenter sur l’absurdité, comme appuyer en même temps sur deux touches d’ordinateur, un pour commander la marche et l’autre l’arrêt. L’ordinateur peut afficher « erreur de syntaxe ». Alors que dans la double contrainte, il y a une troisième injonction qui interdit le non-choix et tout commentaire sur l’absurdité de la situation.
Dans la théorie de la schizophrénie de Bateson, les injonctions paradoxales constituent de tels ordres formulés par l’Autre (l’autorité, le pouvoir ou quelque principe intériorisé capable de mettre en jeu la survie, le développement, le confort et la sécurité). Dans un milieu familial où règne une communication pathologique, ces injonctions paradoxales visent une « victime émissaire« , le membre « schizophrénique » du système et le forcent éventuellement à s’enfermer dans une double contrainte typiquement « schizophrénique » : tenter de ne pas communiquer. Ce qui est impossible, puisque le « charabia » du « schizophrénien », le retrait, le silence verbal ou postural même est une communication (communication non verbale) .
Les injonctions paradoxales et les doubles contraintes sont des phénomènes assez courants et dépassent le cadre individuel du comportement humain pour entrer dans le comportement économique et social, des individus aux nations. Les totalitarismes sécrètent quantité de doubles contraintes qui sont hors de notre propos. Il suffit d’évoquer, pour couvrir le sujet, que les dictatures imposent toujours des injonctions paradoxales du type de « sois spontané(e) » où il ne suffit pas assez de supporter ou de tolérer cette dictature, mais encore il faut la vouloir.
2.3 Quelques exemples
a) À partir de l’analyse des films qu’il a pris à Bali, Bateson raconte qu’une mère manifeste par des mots d’amour de la langue un rapprochement tout en adoptant en même temps une conduite d’éloignement ou d’évitement par les langages corporels proxémique (distance et durée) et kinésique (geste, mimique, mouvement et posture). L’enfant ne sait pas et ne peut savoir ce que sa mère exige de lui. Il est condamné à osciller entre ces deux exigences contraires auxquelles il ne peut répondre en même temps et ne peut commenter ou discuter. L’enfant est condamné à osciller entre deux réponses d’approche et d’évitement. Quelle que soit la réponse qu’il adopte, il est puni et reçoit l’ordre de changer de réponse et d’adopter l’autre.
b) Paul Watzlawick se plait à raconter cette histoire pour illustrer la double contrainte :
Une mère rend visite à son enfant et lui offre deux cravates, une bleue et une rouge. À la visite suivante, l’enfant se présente avec la cravate rouge. La mère lui dit : « tu n’aimes pas la cravate bleue » ?
À la visite suivante, l’enfant se présente avec la cravate bleue. La mère lui dit : « tu n’aimes pas la cravate rouge » ?
À la visite suivante encore, l’enfant se présente avec les cravates bleue et rouge à la fois au cou et sa mère lui dit : « Ce n’est pas étonnant que tu sois placé en pédopsychiatrie » !
c) L’exemple illustratif le plus simple du double bind en psychologie est un enfant de parents qui se séparent ou divorcent. Comme tous les enfants, il a un lien affectif, existentiel avec chacun des deux parents. Si la rupture se passe en douceur, alors ce serait épanouissant pour l’enfant avec deux foyers et deux milieux sociaux et culturels enrichissants et épanouissants.
Le drame arrive lorsque les parents, se battent et s’affrontent, alors l’enfant est écartelé entre deux loyautés et deux liens (« bind ») qui divergent et s’affrontent. Les parents exigent de l’enfant de choisir entre l’un ou l’autre à partir de trois injonctions existentielles et primordiales pour la vie psychique et sociale de l’enfant.
L’enfant répond : laissez moi tranquille avec vos affaires !
2.4) Quelques contre- exemplea) Pour le Cid de corneille, dans lequel le héros doit choisir : Si je tue don Gormas [le père de Chimène], je perds Chimène.- Si je ne tue pas don Gormas [et ainsi me déshonore], je perds Chimène.- Ou bien je tue don Gormas, ou bien je ne le tue pas.- De toute façon, je perds Chimène. Ce choix est particulièrement douloureux certes (Cornéliens), mais ce choix est imposé par la nécessité, le destin, les aléas de la vie ; le cid a tout de même la possibilité d’exercer son libre arbitre. C’est un dilemme, et cela n’a rien à voir avec la double contrainte qui est un ordre de choisir dans une situation de choix impossible assortie de l’interdiction de ne pas choisir et de commenter l’absurdité de la situation. Il y a de fréquentes confusions entre dilemme et double contrainte, en prenant l’un pour l’autre.
b) Paradoxe de Langevin – Pour qu’il y ait « double contrainte », il faut et il suffit qu’ un troisième ordre qui oblige à obéir et qui interdit tout commentaire sur cette situation absurde. Sans ce troisième ordre, ce serait source d’humour et de créativité. Exemple, Albert Einstein a résolu le « paradoxe de Langevin » (Paul Langevin), où des horloges atomiques donnent des temps différents lorsqu’elles se déplacent à des vitesses différentes et où la Physique newtonienne affirme le temps constant et absolu partout. Cette résolution du paradoxe de Langevin a donné naissance à la Physique Einsteinienne.
http://arsfp.blogspot.com/2008/03/cole-de-palo-alto-double-contrainte-et.html
La double contrainte ou l’art de gérer des injonctions paradoxales
l y a certaines situations que j’ai personnellement toujours détestées et jamais bien su gérer, que j’ai redécouvertes dernièrement, curieusement à la relecture de quelques classiques de la S.F., d’Asimov. Ce sont celles de « double contrainte ».
Le « double bind » est un concept apparu en 1956, théorisé par Gregory Bateson, qui désigne une situation de paradoxe imposé. Deux obligations ou injonctions contradictoires sont reçues, qui, s’interdisant mutuellement, induisent une impossibilité logique à les résoudre ou les exécuter sans contrevenir à l’une des deux. Le terme de « knot » (nœud) est également employé pour décrire cette (terrible ! :) ) situation d’enfermement.
D’après Paul Watzlawick.
Ces deux obligations n’ont pas forcément d’évidences parallèles de temporalité ou d’énoncé. L’une ou l’autre peut tout à fait résulter d’apprentissages socio-éducatifs globaux ou très antérieurs (On nous a tous par exemple rabâché, enfants, qu’il est « mal de dénoncer »).
Or là où les robots d’Asimov se retrouvent paralysés et hors d’état de service lors de la tentative d’exécution de règles contradictoires, pour moi, l’être humain ne vaut guère mieux ! Double contrainte et stratégies d’adaptation
Le mutisme est, par exemple, un effet émergent caractéristique de ces situations. Un blocage de communication qui s’avère d’ailleurs en général une réponse complètement inadaptée, puisqu’elle les verrouille encore plus ! Il est intéressant de noter qu’il intègre même souvent un second niveau de double contrainte (interdiction de communiquer vs besoin irrépressible de le faire)
Privé de sécurité essentielle, mis en contexte incohérent et dangereux, le cerveau peut aussi être amené, comme dans tout contexte traumatisant, à adopter des stratégies ultimes de survie qui visent à dissocier cette souffrance intolérable de la pensée consciente.
Pour maintenir une cohésion vitale (individuelle ou sociale), il peut ainsi glisser vers la concession et