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Les bourreaux sont immatures

 

 

 

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Violences conjugales : les bourreaux immatures

Article issu du numéroViolences familiales : les choses en face ( Le Cercle Psy N° 10 - sept-oct-nov 2013)

Jean-François Marmion

Mis à jour le 25/11/2016

 
 
 

Pourquoi les victimes 
ont-elles tant de difficultés
 à porter plainte, et à quitter leur conjoint violent ? 
En partie parce qu’elles espèrent qu’il va évoluer, 
grâce à elles. Généreux… 
mais illusoire.

En France, une femme meurt sous les coups de son conjoint tous les deux jours. Et pas par accident, comme un coup de tonnerre imprévisible dans un couple habituellement sans histoires. Plutôt comme la crise de trop, au sein de violences ordinaires de plus en plus paroxystiques. Les violences conjugales non mortelles concerneraient chaque année 600 000 femmes. Dans Le Livre noir des violences sexuelles (1), le Dr Muriel Salmona rapporte que 30 % des viols subis par les femmes seraient le fait de leur conjoint, mais que seules 2 % de ces agressions seraient dénoncées. Tandis que, toujours au sein du couple, 20 % des violences physiques non sexuelles feraient, elles, l’objet d’une plainte. Et précisons que les victimes des violences conjugales ne sont pas toutes des femmes : environ 10 % sont des hommes battus. Si certains sont sous l’emprise d’une dominatrice, d’autres récoltent ce qu’ils sèment, puisqu’une femme sur quatre rend les coups…


Des « infirmes de la parole »


Un préjugé voudrait que la violence conjugale, qui fut Grande Cause nationale en 2010, soit l’affaire des plus précaires. Or ce n’est pas le cas : « On retrouve la violence conjugale dans toutes les catégories sociales, économiques, culturelles, en milieu urbain ou rural, quel que soit le contexte éducatif ou religieux », indique Widiane Diane Chakkouche, docteure en psychologie clinique, exerçant à l’Institut de victimologie de Paris.


Depuis 2006, Liliane Daligand, psychiatre, professeure de médecine légale et auteure de Violences conjugales en guise d’amour (2), travaille en lien avec le parquet de Lyon. Les quelque 600 victimes qu’elle a écoutées appartiennent bien à toutes les catégories sociales. Parmi les conjoints violents, très peu sont au chômage, quelques-uns sont même médecins ou avocats. Environ un tiers d’entre eux ont eu des parents violents, envers leurs enfants ou entre eux. Et beaucoup seraient des « immatures », des « infirmes de la parole », jaloux de leur compagne et de leur capacité à s’exprimer, et qui semblent avoir recours à la violence faute de mieux pour s’affirmer. L’alcool est présent dans 30 % des cas : il aide à passer à l’acte mais ne cause pas, en soi, la violence. Quid des fameux pervers narcissiques, ces manipulateurs froids qu’on nous dépeint à longueur d’ouvrages alarmistes ? « J’ai dû en voir un sur ces 600 conjoints violents », estime Liliane Daligand. En réalité, la majorité des hommes violents semblent très malheureux de se comporter ainsi. Mais ils estiment ne pas savoir faire autrement, et c’est pour eux une bien triste façon d’aimer. « Bien sûr, ce n’est pas un amour basé sur la générosité et l’épanouissement de l’autre. Nous sommes dans le registre du "Elle me doit tout, elle doit tout faire pour moi, surtout ne pas s’intéresser à sa vie à elle, à sa profession, à ses enfants" », explique Liliane Daligand. Laquelle raconte encore que lors du procès d’une femme accusée d’avoir tué son mari violent, les témoins ne pouvaient comprendre le scénario : « Ils disaient tous que c’était un bon voisin, "si gentil, si serviable". Ils ne voulaient pas entendre qu’une fois la porte fermée, il pouvait être tout autre. C’est ce qui disent fréquemment les femmes : "Il est peut-être gentil à l’extérieur, mais quand il est avec moi, il est totalement transformé." »


Tout comme la violence à l’encontre des enfants, la violence conjugale ne se limite pas aux coups, rappelle Widiane Diane Chakkouche : « Il existe plusieurs formes de violence. La violence physique, avec des coups, de poings ou de ceinture, par exemple. Mais aussi la violence sexuelle, ou psychologique, avec des attaques verbales, de l’intimidation, qui finissent par faire perdre l’estime de soi et poussent à l’isolement social. Sans oublier la violence économique, à savoir le vol ou la fraude pour soutirer de l’argent au partenaire, la violence spirituelle ou religieuse… » 


À ce sujet, peut-on considérer qu’une femme soumise contre son gré à certaines pratiques – port du voile ou autre – est victime de violence conjugale ? « C’est une forme de violence, dès lors que la femme est contrainte », estime Widiane Diane Chakkouche. Liliane Daligand abonde dans ce sens : « Si c’est contre son gré, bien sûr. En 2000, l’enquête Enveff[Enquête nationale sur les violences envers les femmes en France, n.d.l.r.a révélé qu’il y avait davantage de violence dans les couples mixtes. D’ailleurs, plus une famille est intégriste, quelle que soit sa religion, plus la violence est au rendez-vous. Les femmes cumulant le plus de facteurs de risques sont celles venant de l’étranger : elles ont des problèmes économiques, culturels, et ne maîtrisent pas la langue. Je me souviens d’un conjoint intégriste qui avait exigé que l’expert chargé d’examiner son épouse soit une femme. Ce fut moi. Il a refusé de me serrer la main quand je les ai accueillis. »


Par ailleurs, un thérapeute doit-il conseiller à une victime de quitter son conjoint ? Liliane Daligand est formelle : « Pour moi, c’est net : si une femme est victime et harcelée, il faut qu’elle parte. Il faudrait toujours le faire dès les premiers coups. Les hommes violents demandent pardon, deviennent gentils, et couvrent de cadeaux… et puis ça recommence, sans fin, parfois jusqu’à la mort de l’un ou de l’autre. » Cependant, Widiane Diane Chakkouche est plus nuancée : « Conseiller la rupture ? Non. En tant que psychologues, nous sommes là pour favoriser une prise de conscience, un cheminement, accompagner le cas échéant le contact d’une association ou une procédure judiciaire pour se faire reconnaître comme victime, mais pas pour conseiller de rompre ou de ne pas rompre. C’est plus compliqué que ça. »


Une escalade insidieuse


Dans l’idéal, oui, il faudrait partir à la première gifle. Mais ce n’est pas si simple, indépendamment même du sentiment amoureux. « La violence conjugale est un processus en plusieurs étapes, analyse Widiane Diane Chakkouche. Les victimes ne se rendent pas toujours compte qu’elles entrent dans un cycle. Au début, tout se passe bien. Et puis vient une gifle. Mais elles se disent que ce n’est pas si grave, que ça peut arriver. S’ensuit une série d’actes répétitifs, une escalade qui fait que les victimes tolèrent peu à peu, dans une certaine banalisation, des situations de plus en plus violentes, qu’elles n’auraient pas acceptées quelque temps plus tôt. Elles vont espérer que ça va changer, que ça va s’arrêter. » Qu’elles amenderont leur conjoint. Vainement, en règle générale. C’est une des raisons pour lesquelles il leur est souvent difficile de porter plainte. Et puis, elles sont amoureuses malgré tout, redoutent les représailles (formulées par des phrases comme « Si tu me quittes, je te tue »), restent pour les enfants… Pire, certaines pensent avoir mérité ce qui leur arrive. « La culpabilité fait partie de ce cycle, note Widiane Diane Chakkouche, parce que l’agresseur en joue, humilie la victime, l’infériorise. » 


Le processus se renforce pour peu que la violence semble familière, voire ordinaire, aux deux protagonistes : au conjoint violent, s’il a lui-même été victime ou témoin de violences parentales ; et à sa victime, qui parfois n’en est pas à sa première expérience en la matière, et pour qui il est normal, par exemple, que la jalousie de l’autre s’exprime ainsi, comme une preuve d’amour.


Parmi les femmes dont Liliane Daligand s’occupe, dans un centre d’hébergement situé à Villeurbanne, une sur dix parvient à quitter son conjoint… pour se remettre en couple avec un autre tout aussi violent.


Il faut alors aider à répondre à certaines questions : « Pourquoi je ne tombe que sur des hommes violents ? » Ou, ce qui est différent : « Pourquoi est-ce toujours avec moi que les hommes deviennent violents ? » C’est là qu’une psychothérapie peut jouer un rôle précieux.


(1) Dunod, 2013.

(2) Albin Michel, 2006.


 

Roland Coutanceau : "L'image médiatique est trop simpliste"

Psychiatre, président de la Ligue française 
de santé mentale, Roland Coutanceau (1) a notamment écrit Amour et violence : le défi de l’intimité (2), et codirigé l’ouvrage Violence et famille : comprendre pour prévenir (3) : « Certains types de violence sont plus ou moins mis en exergue dans le champ social. Pour la violence conjugale, la sensibilité à cette réalité est 
une caractéristique depuis la fin du siècle dernier. Elle était connue avant, mais on pensait qu’il était difficile de s’en mêler, ou on ne s’autorisait pas à en parler de façon transparente. Quand une violence atteint l’intensité d’un thème sociétal médiatisé, on observe un basculement : elle devient un intérêt de société. Mais la réalité de la violence conjugale est plus complexe, plus diversifiée, que l’image médiatisée. Par exemple, dans un couple, neuf fois sur dix, c’est la femme qui est victime de violence physique : on se dit que c’est inadmissible, qu’il faut une plainte puis une garde à vue, que l’auteur de violence doit être exclu du domicile familial, qu’il faut parfois interdire aux protagonistes de se voir… On imagine donc que lorsqu’elle porte plainte, la femme va se sentir libérée. Or, même après la plainte, un grand nombre de victimes continuent à cohabiter avec leur conjoint. De mon point de vue, il existe une incohérence entre 
le discours social simplificateur – qui enjoint de quitter son conjoint dès la première gifle – et la réalité des êtres humains. On voit combien il est nécessaire d’élaborer des prises en charge au cas par cas pour répondre à des situations extrêmement variées. »


(1) voir l’entretien en intégralité
(2) Poches Odile Jacob, 2011.

(3) Avec Joanna Smith, Dunod, 2011.

Propos recueillis par Jean-François Marmion
 

Christine Goirand-Fadhlaoui : Mieux former les médecins

D’après une enquête réalisée en 2000, qui a donné lieu à un rapport rendu par le Pr Roger Henrion au Ministère de la Santé, une femme 
sur dix se disait être ou avoir été victime 
de violences conjugales. « Ce rapport insiste sur le fait que les médecins ne repèrent que très rarement les cas de violence conjugale, commente Christine Goirand-Fadhlaoui, psychologue clinicienne et animatrice 
d’un groupe de parole de femmes victimes de violences conjugales, dans l’Yonne. Cette violence évoque sans doute pour eux des situations de femmes battues couvertes de bleus. Or ces femmes-là se rendent rarement chez 
leur médecin de famille : elles vont plutôt aux urgences ou 
à SOS Médecins. En réalité, les médecins sont confrontés à des cas de violences conjugales sans les détecter, alors qu’il s’agirait pour eux de repérer les situations chroniques de violence conjugale et leur cohorte de conséquences psychologiques et somatiques : l’anxiété, le stress post-traumatique avec les troubles du sommeil, les états dépressifs, 
les addictions, les douleurs multiples, l’épuisement, les troubles gynécologiques, les accidents périnataux… La femme elle-même 
ne fait pas forcément le lien entre son état et la violence qu’elle subit. 
Si elle est prête à en parler, elle ne le fera qu’à condition que 
son médecin l’y aide. Mais puisque souvent, il ne soupçonne pas 
la vérité, et qu’elle a honte et peur, elle ne dira rien… On croit parfois que ces femmes ne sont pas suffisamment soignées sur le plan médical. Or, dans mon expérience, elles sont au contraire souvent lourdement prises en charge : elles ont un médecin, parfois même 
un psychiatre, mais elles ne parviennent pas à faire le lien entre 
leurs symptômes et la violence qu’elles subissent, et les soignants qui les prennent en charge, non plus. Elles consomment environ quatre à cinq fois plus de psychotropes que la moyenne, souvent parce qu’elles ne peuvent plus dormir, qu’elles sont anxieuses et déprimées. 
Cela leur permet de tenir le coup. Aux consultations, elles disent qu’elles sont stressées, qu’elles ne dorment pas et qu’elles font 
des cauchemars… mais ce qu’elles ne disent pas, par exemple, c’est que leur mari les humilie ou les menace dès qu’elles veulent sortir ou expriment un désir personnel. La situation ne pourra pas évoluer sans une prise de conscience de la cause du malaise de ces femmes, ainsi 
qu’une prise en charge pluri-professionnelle adaptée. »


Propos recueillis par Fanny Laurens
 
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© Le Cercle Psy


17/05/2019
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