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Parité de la violence conjugale au QUEBEC

 

ENQUÊTES POPULATIONNELLES

Mesure de la violence conjugale au moyen de l’Enquête sociale générale

Tous les cinq ans, Statistique Canada mène le cycle sur la victimisation dans le cadre de l’Enquête sociale générale (ESG). Le plus récent cycle de l’Enquête portant sur la victimisation a été réalisé en 2014. Les 11 questions servant à mesurer la violence conjugale (physique ou sexuelle) s’adressaient à tous les répondants de 15 ans et plus qui sont « mariés, vivant en union libre et séparés ou divorcés d’un conjoint marié ou de fait et qui étaient entrés en contact avec leur ex-partenaire au cours des cinq années précédentes (…)» 1. Ces questions sont tirées de l’Enquête sur la violence envers les femmes de 1993, qui elles, s’inspiraient des items du Conflict Tactics Scale (CTS). Les actes violents documentés dans cette enquête sont les suivants : menacer de violence; pousser, empoigner ou bousculer; gifler; frapper à coups de pied ou de poing; mordre; frapper; battre; étrangler; menacer à l’aide d’une arme à feu ou d’un couteau; ou forcer à se livrer à une activité sexuelle. Il est à noter que des questions sur la violence psychologique et l’exploitation financière font également partie de l’Enquête, mais celles-ci n’entrent pas dans le calcul global du taux de victimes de violence conjugale1. Puisque les données de l’Enquête sociale générale sont colligées directement auprès des victimes, on parle de violence conjugale autodéclarée, ce qui la distingue de la violence conjugale rapportée aux autorités policières.

  • Une proportion similaire de Canadiennes (3,5 %) et de Canadiens (4,2 %) déclarent avoir été victimes de violence physique ou sexuelle infligée par un conjoint actuel ou ancien entre 2009 et 2014. Les femmes rapportent cependant une violence plus grave et causant plus souvent des blessures1. Source: ESG 2014  
  • Les Canadiennes (13,8 %) sont légèrement plus susceptibles de rapporter avoir été victimes de violence physique ou sexuelle infligée par un ex-conjoint entre 2009 et 2014 que les Canadiens (12,4 %)1. Source: ESG 2014
  • Trois pour cent des Québécoises et des Québécois (3,5 %) déclarent avoir été victimes de violence physique ou sexuelle infligée par un conjoint actuel ou ancien entre 2009 et 20141 Source: ESG 2014

La théorie de la symétrie de la violence conjugale

Les données d’ enquêtes populationnelles sur la violence conjugale réalisées avec l’instrument de mesure Conflict Tactics Scale - CTS, ou à partir d’instruments s’en inspirant, ont soulevé le thème de la symétrie de la violence conjugale 3. Cette théorie soutient que les femmes sont aussi violentes que les hommes envers un partenaire dans le couple, puisque ces enquêtes ont fait état de taux de victimisation dans un contexte conjugal similaires entre les deux sexes (ex. National Family Violence Surveys, 1975, 1985). Or, les données des enquêtes réalisées avec le CTS ou un instrument semblable diffèrent des données provenant des services sociaux et de sources policières, lesquelles montrent que les femmes sont davantage victimes de violence conjugale, incluant dans les cas d’ homicides conjugaux. À l’origine, le CTS a été développé pour documenter la violence et les conflits au sein des familles. Dans le CTS, la victimisation dans le couple est mesurée par le fait de rapporter avoir subi au moins un incident de violence physique ou sexuelle sur une période donnée, ce qui ne permet pas de connaître la fréquence, la gravité et les conséquences de la violence subie 3,8. Malgré son utilisation dans plusieurs enquêtes, le CTS mesure la prévalence de la violence conjugale d’une manière qui ne fait pas consensus chez les chercheurs dans le domaine de la violence conjugale. Les principales critiques soulevées eu égard aux résultats du CTS concernent la sous-déclaration des comportements violents subis par les femmes, les limites de l’échantillonnage de la population à l’étude, mais aussi l’absence de considérations pour le contexte, les motivations et les conséquences de la violence rapportée 2. Par exemple, cet instrument ne tient pas compte du contexte de l'incident violent (auto-défense, résistance violente, contrôle, domination, etc.) et exclut la violence psychologique 3, 8, 9 . Selon certains auteurs, cette façon de mesurer la prévalence de la violence expliquerait les taux similaires de victimisation entre les hommes et les femmes. Toutefois, les experts qui critiquent la théorie de la symétrie de la violence dans le couple reconnaissent que les femmes peuvent effectivement exercer de la violence envers leur conjoint, mais insistent sur l'importance de demeurer vigilants quant à la définition de la violence qui sous-tend cette théorie, et par le fait même, quant à l'interprétation qui peut être faite de ces données d'enquêtes 3.



23/09/2019
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