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POURQUOI LE SCHÉMA DU DOMINANT-DOMINÉ DANS LE COUPLE N'EST PLUS UNE QUESTION DE SEXE

 

 

 

 

Pourquoi le schéma du dominant-dominé dans le couple n'est plus une question de sexe

Le couple peut évoluer si chaque partenaire cherche à comprendre ce qu'il y a derrière cette dépendance mutuelle qui les attache douloureusement l'un à l'autre.

 

 

GETTY IMAGES/PHOTOALTO
Pourquoi le schéma du dominant-dominé dans le couple n'est plus une question de sexe

On entend beaucoup parler en ce moment du couple "dominant/dominé". Et ce, de manière souvent assez simpliste. En effet ce qui structure ce type de relation, c'est avant tout une dépendance réciproque, mutuelle. Manifeste dans le cas du dominé, la dépendance n'en est pas moins puissante chez le dominant qui dépend, lui, du pouvoir qu'il exerce sur l'autre. Plutôt que de parler d'un couple dominant/dominé, il serait donc plus juste de parler d'un couple où cette problématique de la dépendance -de l'attirance pour la dépendance, de la lutte pour ne pas y céder- est au centre de la relation. C'est l'histoire personnelle de chacun qui donnera forme, à l'âge adulte, et notamment dans la relation de couple, à ces deux statuts en miroir inversé.

La posture de dominant traduit ainsi souvent une défense contre la peur ou, ce qui revient au même, contre la tentation d'être soi-même dominé ou soumis. Avoir quelqu'un sous sa dépendance permet de manière projective, de s'en protéger. Ce n'est pas moi qui désire être soumis, c'est lui, ou c'est elle. Critiquer l'autre, l'accabler de reproches, le faire se sentir perpétuellement défaillant, en faute, masque l'insécurité fondamentale du dominant.

Du côté du dominé, s'en remettre à son partenaire peut procurer un sentiment - ou un semblant- de sécurité, ancré sans doute dans nostalgie régressive d'un état où l'on se sent guidé, tenu, pris en charge. Mais, derrière cette répartition des rôles, les choses sont plus complexes. Le plus souvent, la docilité, la soumission ne sont qu'apparentes. Il peut même y avoir, de façon plus ou moins cachée, une forme de résistance, voire d'emprise dans le fait de se montrer toujours passif, jamais ouvertement révolté contre un partenaire qui croit assujettir l'autre, mais ne sait rien au fond de ce qu'il ou elle pense ou veut vraiment. Jusqu'à faire douter le dominant de la réalité du pouvoir qu'il exerce.

Se rejouent aussi de chaque côté des fixations infantiles assez semblables. Dominant comme dominé se sont souvent vécus comme des enfants décevants, qui n'ont pas su, pas pu, satisfaire leurs parents. L'un, le dominé, se maintient dans cette position d'enfant insatisfaisant qui espère toujours arriver à combler son partenaire–parent, tout en sachant que c'est impossible. L'autre, le dominant, croit échapper à ce rôle et à cette souffrance en s'identifiant au parent déçu, mais ne parvient au fond qu'à renforcer, en lui et chez l'autre, cette dialectique de la déception.

La crise survient quand, pour des raisons internes ou externes au couple, l'équilibre entre ces deux tensions se trouve fragilisé par d'éventuelles tentatives d'autonomie de l'un ou par un excès de contrôle de l'autre Par exemple, au départ des enfants. Une femme qui, jusque-là, répartissait son pouvoir sur ses enfants et son mari, le reporte entièrement sur ce dernier, qui, supportant mal cet excès nouveau de contrôle, cherche à affirmer de manière plus active une part d'autonomie. Les reproches s'enclenchent alors sur le mode bien connu des enchaînements circulaires: si je cherche à t'échapper, c'est que tu me tyrannises ; si je te surveille ainsi c'est que tu manques à tes engagements.

Jadis le couple dominant-dominé correspondait à une répartition idéologique du masculin et du féminin. Y compris dans les représentations qui se moquaient d'un homme en apparence dominant, en réalité dominé par une épouse rusée, agissant dans l'ombre, et qui, au fond, "portait la culotte". Aujourd'hui la domination masculine, qu'elle soit sociale ou conjugale, semble pouvoir difficilement être remise en question. Pourtant les choses sont, là aussi, beaucoup plus compliquées et cela n'a guère de sens d'attribuer à tel ou tel sexe le caractère de dominant ou de dominé. D'autant que le masculin et le féminin, en tant que composantes psychiques, sont présents chez l'homme comme chez la femme et ne se coïncident pas avec le "sexe" biologique ni non plus avec le genre qui est, comme on le sait, une construction sociale.

Dans les consultations conjugales, lorsque les gens se présentent en couple, ce sont souvent les dominants, ceux qui sont décidés à "prendre les choses en main" qui sont à l'initiative du rendez-vous. Il faut veiller alors à ce que la thérapie ne serve pas de levier supplémentaire pour assujettir davantage le partenaire. Si la demande de l'un consiste à vouloir, à tout prix, prouver à l'autre qu'il a tort et que, pour que le couple se maintienne (ce qu'il souhaite évidemment), il faut que le partenaire obéisse davantage, celui-ci risque de fuir la thérapie et parfois aussi le couple, soit en quittant son conjoint, soit en s'évadant davantage dans le travail ou dans une liaison.

En revanche le partenaire, homme ou femme qui se sent étouffé, dominé par l'autre, viendra plutôt consulter seul et dans une perspective d'aide à la séparation. On retrouve, dans ce cas de figure, toutes les variantes de l'emprise qui vont jusqu'à l'extrême des violences conjugales. C'est, de la part de celles et ceux qui consultent seuls, une première tentative d'autonomie. Ils pourront y parvenir, mais il faudra du temps.

Hormis ces situations de violence, le couple peut évoluer si chaque partenaire cherche à comprendre ce qu'il y a derrière cette dépendance mutuelle qui les attache douloureusement l'un à l'autre. C'est sans doute plus facile pour le dominé qui, n'ayant pas "le beau rôle", peut avoir envie de chercher les raisons qui l'ont amené à abdiquer sa liberté au profit d'un autre. Il ou elle pourra ainsi, dans le cadre relativement sécurisant d'une thérapie conjugale, surmonter son angoisse de séparation. C'est plus difficile pour le dominant, en proie à la même angoisse de séparation et dont la force apparente masque une grande fragilité. Pour lui en effet maintenir l'emprise c'est maintenir le lien. Affirmant haut et fort sa légitimité, son bon droit - il n'a rien à se reprocher, il est fidèle, il gère tout parfaitement-, il n'accepte pas aisément de se remettre en cause. C'est pourtant seulement de cette manière que le couple pourra à la fois durer et se réinventer autrement. En prenant garde à ce que chacun et chacune trouve, dans la place qu'il occupe, le sentiment de sa valeur et de celle que son partenaire lui reconnaît.

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11/11/2019
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