Quand commence la violence ?
Couple : avant la première gifle
Marie-France Hirigoyen, l'auteure du Harcèlement moral, dénonce dans “Femmes sous emprise” les violences verbales et psychologiques au sein du couple. Elle a conçu avec nous ce lexique des expressions qui font mal. Un guide de la vigilance au quotidien.
Sommaire
A quel moment l’emprise amoureuse devient-elle dangereuse ? Quand faut-il s’inquiéter de la violence dans un couple ? Les campagnes de prévention le disent toutes : à partir de la première gifle. Le docteur Marie-France Hirigoyen, psychiatre et psychanalyste, explique quant à elle que c’est bien avant la première gifle, dans les mots, que la violence prend racine…
« La difficulté à repérer les violences psychologiques vient de ce que la limite en est imprécise, explique-t-elle. Un même acte peut prendre des significations différentes suivant le contexte. S’il est possible d’évaluer les aspects physiques de la violence, il est en revanche beaucoup plus difficile de mesurer ce que ressent une victime de violence psychologique. »
Il s’agit moins de se demander « Est-ce que c’est normal ? » que « Est-ce que cela me convient ? » Dans un couple, la vraie difficulté, c’est de trouver une souplesse, un espace de liberté dans lequel les désirs de chacun peuvent s’épanouir. Etre amoureux, c’est être dans une emprise réciproque, dans un échange, y compris lors d’une scène de ménage ! La violence, c’est l’absence de réciprocité ; quand l’un donne tout et ne reçoit rien ; quand la force est toujours dans le même camp. Là commence le piège. Bien avant la gifle. Marie-France Hirigoyen a bien voulu nous guider à travers ces violences invisibles.
Petit lexique à usage préventif…
« Je sais mieux que toi ce qui est bon pour toi »
Le contrôle est l’un des premiers ressorts du déséquilibre : peu à peu, l’un prend le dessus sur l’autre. Il décide quels vêtements conviennent le mieux – ou le moins mal – ; réveille l’autre dans son sommeil parce que lui-même n’arrive pas à dormir ; décourage tout projet épanouissant (« Tu n’y arriveras pas », « Tu n’es pas au niveau ») ; décide pour deux le menu du déjeuner ou les amis qu’il est agréable de voir, le programme télé et les positions politiques, le lieu où partir en vacances, ce qui est bon, ce qui est laid…
« Je préfère que tu ne le fasses pas sans moi »
L’un des grands classiques de la violence psychologique est l’isolement, à la fois cause et conséquence de la maltraitance. L’objectif est que la victime ne se rende même plus compte que ce qu’elle vit n’est pas acceptable. Peu à peu, sans l’avoir réellement décidé, mais parce que « c’est plus simple », elle se coupe de sa famille, de ses amis, et même parfois de tout milieu professionnel ; ne conduit plus, ne dispose plus d’aucun moyen de paiement, ne va plus nulle part toute seule… Confinée dans son propre huis clos, elle est privée de moyen d’action, et même de réaction.
« Ce n’est pas mon problème »
La violence morale, c’est aussi l’indifférence, le refus d’être concerné par l’autre. C’est faire preuve d’une insensibilité envers son conjoint ou afficher ostensiblement du rejet ou du mépris. C’est ignorer ses besoins, ses sentiments, ou créer intentionnellement une situation de manque et de frustration pour maintenir l’autre en insécurité ; refuser de lui parler, de sortir ensemble, de l’accompagner à l’hôpital, d’aller aux fêtes de famille ; bouder plusieurs jours de suite sans expliquer pourquoi. C’est aussi ne pas tenir compte de l’état physique ou psychologique de l’autre, par exemple, vouloir faire l’amour après une violente dispute ou encore exiger un effort physique de quelqu’un qui est malade…
« Tu me prends pour un(e) imbécile ? »
La jalousie, lorsqu’elle devient pathologique, est une autre forme de contrôle. Ce qu’un jaloux ne supporte pas, c’est l’altérité de son conjoint. Il veut le posséder totalement, et exige de lui une présence continue et exclusive. Or, même si son conjoint se soumet, ne sort pas seul, réduit ses contacts avec l’extérieur, il y aura toujours une insatisfaction, car il reste « autre », et ça, c’est insupportable… Il n’est pas rare que cette jalousie excessive débouche sur le harcèlement : des questions répétées pendant des jours et des jours, des appels incessants pour vérifier un emploi du temps, la surveillance du courrier, du téléphone, des e-mails…
« N’importe quoi… »
Le dénigrement est l’une des armes les plus terribles de la violence morale est. Il s’agit avant tout d’atteindre l’estime de soi de la personne, de lui montrer qu’elle ne vaut rien. La violence s’exprime sous forme d’attitudes dédaigneuses et de paroles blessantes, de propos méprisants, de remarques déplaisantes. Tout peut faire l’objet de cette disqualification : les capacités intellectuelles, les idées, les émotions (« T’es sans cesse en train de pleurnicher », etc.), le physique, la famille, les amis, le passé, les capacités parentales…
Du dénigrement aux humiliations, il n’y a qu’un pas, imperceptible mais assez vite franchi : yeux au ciel, dos tourné, ricanements, mais aussi crachats, rots, pets, souvent suivis d’humiliations sexuelles, dont la plupart des victimes ont beaucoup de honte à parler. Humilier, rabaisser, ridiculiser est le propre de la violence psychologique. L’autre n’étant qu’un exutoire à sa propre rage, il n’a pas d’existence propre. Il n’est pas respectable.
« De quoi t’as peur ? »
Nous agissons pour sécuriser Facebook, en particulier ...
DécouvrirClaquer les portes, briser des objets pour manifester sa mauvaise humeur, mais aussi rouler à toute allure, faire crisser les pneus de la voiture, jouer « l’air de rien » avec un objet dangereux, malmener un animal domestique : ces comportements constituent des actes d’intimidation. Il s’agit tout de même bien d’une violence indirecte, qui envoie un message clair : « Regarde ma force ! Regarde ce que je peux (te) faire ! »
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COMMENTAIRES
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Inscrivez-vousdedelle40 - 19/03/2015
Bonjour, je viens de rejoindre cette discussion car moi aussi j ai subi le harcèlement de mon ex mari et cela même maintenant même en étant remarier. Je me reconnais dans les propos de petiteperruchette76. Moi il m a giflé la semaine dernier en présence de notre fille et de mon actuel mari su ... lire la suite
remixe70 - 13/02/2014
- 02/10/2011
petite question ... on prends toujours le coté homme violent femme victime ... la première gifle ne peut elle pas découler d'un harcèlement moral ??? comme le seul moyen d'expression, face à une personne obtus(qu'on aime pour d'autre raison), de dire stop !!!! ????
brasmeurtri - 26/12/2010
Bonjour, Comme de nombreuse femmes, j'ai été auparavant victime de maltraitance physique. Au bout de plusieurs années de thérapie, je pensais m'en être sortie. Malheureusement, j'ai rencontré un homme très charismatique qui tout en étant très gentil en général, me faisait des crises de ... lire la suite
petiteperruchette76 - 13/10/2010
J'ai vécu personnellement la violence et le harcèlement psychologique que mon ex mari a rapidement préféré aux coups trop visibles par des tiers et je suis tombée malade une dépression qui fait qu'aujourd'hui entre autres choses je suis reconnue invalide par la MDPH. Alors quand je vois certa ... lire la suite
Dyo - 25/08/2010
c'est fou ce que ce texte est proche des relations parents-enfants, pourtant très acceptées ainsi par la société...
Invit� - 06/05/2009
Aaaaaaaaaaaargh , voila un an que j'essaie de ne plus y penser... et là cette époque me revient dans le nez en quelques lignes. Quand le rapport de force est faussé , plus qu'une solution : fuir, sauver ce qui reste de sa peau. Et retrouver la joie de vivre.
meg197524 - 06/05/2009
Oui et moi qui ai vécu la violence psychologique, morale, physique ... j'ai porté plainte contre coeur, lui portait plainte pour harcèlement alors même qu'on était ensemble. Et même encore maintenant 3 mois après la réelle rupture, il m'envoie des sms 1à2 par mois. Il teste ma capacité cer ... lire la suite