THÉRAPIE EN LIGNE : COMMENT ÇA MARCHE ?
Thérapie en ligne : comment ça marche ?
La plupart des psychologues et psychothérapeutes proposent aujourd’hui leurs services en ligne. Mais peut-on véritablement se soigner via une webcam ? Ce mode de communication modifie-t-il le déroulé de la consultation ? A quels types de problèmes cela peut-il s’adresser ? Et à l’inverse, quand vaut-il mieux consulter en face-à-face ?
"On peut se soigner par le Web !"
Quelques clics suffisent aujourd’hui pour prendre contact avec un psychologue et obtenir une consultation privée sur Internet. Balbutiante il y a dix ans, cette pratique s’est généralisée. La plupart des thérapeutes proposent désormais cette option, plus adaptée semble-t-il, aux attentes des patients. “Les modes de communication ont beaucoup évolué ces dernières années et la psychanalyse, comme beaucoup d’autres types de soins, a dû s’ajuster pour faire face à ce changement, note Coraline Collet, psychologue à Marseille. Les patients eux-mêmes sont volontaires et en font la demande : on est obligé de leur apporter ce service en réponse".
Aujourd’hui, la thérapie en ligne a trouvé sa place. A ses débuts considérée comme complémentaire de la thérapie en cabinet (car marginale), elle ne se présente plus comme un premier pas avant une consultation en face-à-face. "La psychanalyse par webcam est aujourd’hui un vrai travail de thérapie, souligne la psychologue. Elle est exercée avec le même sérieux qu’une thérapie classique. Le soutien est identique, à quelques détails près. Si elle est pratiquée régulièrement par le patient, ses effets sont aussi bénéfiques. Aujourd’hui, oui, on peut se soigner par le Web !".
Est-ce pour tout le monde ?
Forte de son succès, la psychanalyse en ligne attire ainsi plutôt des patients jeunes (20-45 ans en moyenne), hommes et femmes indifféremment (ces dernières étant toujours plus nombreuses à consulter, de manière générale), maîtrisant les outils de connexion. Elle est utile dans de nombreuses situations : quand on a déménagé et que l’on souhaite continuer à consulter le psychologue avec lequel on est à l’aise. Quand on est sans cesse en déplacement professionnel ou lorsque l’emploi du temps est si serré que l’on peine à dégager du temps pour soi. "Pouvoir caser une consultation sur le temps du déjeuner, parfois au dernier moment, est appréciable, remarque Coraline Collet. Même chose pour les mères au foyer qui ne peuvent pas consulter car elles n’ont pas de relais pour garder leurs enfants : grâce à la téléconsultation, elles peuvent le faire pendant la sieste des petits. Sans cette possibilité, beaucoup de gens ont du mal à consulter, simplement à cause de difficultés organisationnelles". Mais pas seulement.
Cette option arrange aussi les personnes qui ont du mal à se déplacer ( handicap, troubles paniques tels que l’agoraphobie), celles pour qui il est compliqué d’affronter le regard d’un psy (ex : perversions et troubles sexuels), mais aussi les expatriés. “Beaucoup d’étudiants en Erasmus consultent via ce biais, confirme la thérapeute. Outre la facilité d’accès à la consultation, ils apprécient de pouvoir se confier dans leur propre langue, cela leur manque au quotidien.”
Comment se déroulent les séances ?
Généralement, le premier contact se fait par e-mail. "C’est plus rapide, plus léger, surtout pour les gens qui ont du mal à téléphoner, poursuit Coraline Collet. Cela permet de prendre quelques renseignements, d’amorcer la démarche en douceur, de savoir si l’on a ou non le feeling avec le thérapeute, de se donner un peu de temps pour se décider…". Le plus souvent, le psychologue explique comment va se dérouler le suivi : combien de temps va durer la consultation (entre 50 minutes et 1 heure en général), comment se feront les échanges. Les modalités pratiques sont posées (et notamment, quel sera le logiciel de connexion utilisé).
Lors du premier entretien, comme en cabinet, le thérapeute prend quelques renseignements pour mieux connaître le patient : quel est son parcours ? Pour quel motif consulte-t-il ? Qu’attend-t-il de la thérapie ? "Ensuite, il s’agit d’un échange suivi, qui se déroule de la même manière qu’en cabinet, décrit Coraline Collet. Pour ma part, je reste toujours joignable par e-mail après les séances, pour pouvoir approfondir certains points. Je donne aussi des petits “exercices” à faire avant la prochaine séance et n’hésite pas à envoyer des documents à la personne pour lui faire comprendre les notions abordées lors de notre échange". Le suivi peut être de courte durée (3 à 4 séances), en cas de problèmes mineurs ( anxiété ponctuelle, troubles du sommeil etc.) ; mais peut aussi s’étaler sur plusieurs mois, si le problème rencontré nécessite un accompagnement plus important.
Des avantages pour le patient comme le psy
La psychanalyse en ligne a ce mérite de faciliter la démarche et de rendre accessible la consultation. Franchir le cap est moins impressionnant. De même "qu’aller chez le psy" semble moins lourd. "La téléconsultation crée une sorte de protection, en particulier pour les gens qui ont déjà eu une mauvaise expérience en cabinet, approuve Coraline Collet. Le patient est chez lui, plus à l’aise. Il se dit que si cela se passe mal, il peut se déconnecter : une option apaisante". Souvent, c’est ce cadre différent, celui du cocon intime, qui invite à la confidence. Dans un lieu où l’on se sent bien, il est plus facile de se livrer.
Facilité, rapidité, gain de temps sont surtout le trio gagnant de cette nouvelle forme de consultation. E-mail, téléphone ou échange en visio-rendez-vous, en une journée, il est possible de joindre son thérapeute ! Un avantage considérable quand on fait face à une urgence ou à un décalage horaire. "La thérapie avance d’autant plus vite que l’échange est facile et que le patient se sent acteur de son traitement : c’est lui qui décide quand et où consulter, cela le rassure considérablement", ajoute la thérapeute.
Devenu plus joignable, tel un confident privé, le psychologue s’en trouve désacralisé : le patient, ayant certainement moins le sentiment de déranger a alors davantage le réflexe de demander de l’aide en cas de besoin. De son côté, le psychologue tire aussi des bénéfices de cet exercice : "Le gain de temps est valable pour le patient comme pour le thérapeute, confie Coraline Collet. Je peux répondre à mes patients de chez moi, aux horaires qui m’arrangent et parfois plus tard que je ne pourrais le faire au cabinet. Finalement, chacun y trouve son compte !".
Les cas où il vaut mieux consulter en face-à-face
Si la plupart des problèmes trouvent leur résolution en ligne, il existe toutefois des motifs de consultation qui nécessitent un entretien en face-à-face. C’est le cas notamment des graves troubles anxieux et dépressifs. "Quand il y a une grande fragilité psychologique, une histoire de vie traumatique et des tendances suicidaires avouées, je préfère parler de vive voix avec les gens, reconnaît Coraline Collet. Dans ces cas-là, l’échange virtuel ne suffit plus : il y a besoin d’aller voir quelqu’un, de se sentir soutenu humainement parlant. Le virtuel ne remplace pas toujours la chaleur d’un échange en présentiel".
Parfois aussi, la consultation en ligne n’est pas assez prise au sérieux par le patient. Celui-ci a du mal à poser le cadre nécessaire à la consultation et l’alliance thérapeutique se révèle difficile à construire pour le thérapeute. "Il se laisse distraire par son environnement, oublie par exemple d’éteindre la télévision pendant la séance, raconte la thérapeute. Ce type de patient a besoin d’un cadre plus rigide, celui du cabinet, pour se poser et consacrer un temps de qualité à la thérapie".
"Par écran interposé, on ne voit pas bien l’émotion du patient"
La thérapie en ligne modifie-t-elle le travail du thérapeute ? De l’avis de Coraline Collet, oui. Si les questions et l’analyse faite par le psychologue sont les mêmes, l’exercice est tout de même plus complexe qu’en cabinet. "Par écran interposé, on ne voit pas bien l’émotion du patient quand il parle, or cette donnée est très importante pour diriger l’entretien et amener la personne à réfléchir sur ses propos, relève la thérapeute. En cabinet, on capte davantage l’énergie du patient, ce qu’il ressent. Là, je suis obligée de poser davantage de questions, de faire préciser des propos, pour être sûre d’avoir bien cerné l’émotion rencontrée".
Le thérapeute doit donc être deux fois plus attentif aux mots employés par le patient, à ses intonations. "C’est d’autant plus difficile que l’écran invite l’esprit à vagabonder". La concentration du thérapeute est elle aussi mise à l’épreuve !
Des tarifs un peu moins onéreux
Du côté des tarifs, les consultations sont souvent un peu moins élevées que celles en cabinet : 50 à 80 € la séance en moyenne. Une différence qui s’explique par l’absence de charges pour le psychothérapeute qui pratique souvent ces consultations de chez lui, en télétravail. La séance se règle en général à l’avance, par carte bancaire, en passant par le site du praticien ou via Paypal. Un moyen de s’assurer que le patient ne prend pas la consultation à la légère et qu’il sera bien au rendez-vous.
Choisir un bon thérapeute en ligne
Mais si la thérapie en ligne incite à se livrer davantage, elle requiert aussi plus de prudence de la part du patient. Difficile en effet de savoir qui l’on a en face de soi : n’importe qui peut se prétendre psychologue sur Internet ! Certaines plateformes invitent même les patients à consulter anonymement. "C’est un procédé contraire aux règles de la thérapie, estime Coraline Collet. Dans un vrai travail thérapeutique, les expressions du visage, l’attitude du corps en disent long. Sans ces indices, la consultation ne paraît pas sérieuse. Pour apporter les bonnes réponses, on a besoin de savoir qui consulte : le patient doit jouer le jeu et se dévoiler".
Alors comment être sûr de choisir un bon thérapeute en ligne ? Tout d’abord, consultez le site web du thérapeute : est-il bien présenté ? Fait-il mention du type de thérapie proposée, de ses diplômes ? Ecrivez ou prenez un premier contact par téléphone avant de vous décider. Sachez enfin que chaque psychologue diplômé se voit attribuer un numéro ADELI délivré par l’Agence Régionale de Santé, qu’il doit normalement communiquer sur son site. Avant de vous engager, vous pouvez contacter l’ARS de votre région pour vérifier que votre thérapeute exerce bien sa profession de manière légale.
Des adresses fiables vers lesquelles vous diriger
Vous ne savez pas à qui vous adresser ? Ciblez le type de thérapie souhaitée (TCC, EMDR etc.). Puis consultez les annuaires des groupements de thérapeutes ou prenez directement contact avec eux : ils sauront vous recommander un professionnel proche de chez vous.
Créé le 05 décembre 2019
Sources :
- Entretien avec Coraline Collet psychologue
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