L'industrie du « X » a connu un essor extraordinaire avec l'avénement du Web. Souvent associée à une pratique masculine et solitaire, la pornographie serait en réalité en passe de devenir une activité de couple. C'est en tout cas ce qu'un sondage réalisé par l'Ifop affirme. Alors que l’on y apprend que 47% des hommes interrogés n’auraient pas visionné de films « X » au cours de l’année écoulée (vraiment ?) contre 80% des femmes, le film « olé-olé » serait également une source d’inspiration pour certains tandems. La moitié des hommes qui s’y adonnent reconnaissent, par exemple, avoir tenté de reproduire une position repérée dans l’une de ces vidéos (l’étude ne dit pas si c’était réussi). Mais les chiffres avancent également que plus de la moitié des couples qui tentent l’aventure à deux, le font de manière « passive », sans activité sexuelle simultanée. Par peur de ne pas être à la hauteur de ces professionnels du sexe ? Peut-être. Mais c’est aussi la piste de la baisse de la libido, engendrée par une surconsommation de l’industrie porno qui est mise en avant.

Excès de dopamine 

La consommation excessive de pornographie conduirait-elle à une baisse du désir ? C’est en tout cas ce qu’affirme le magazine Psychology Today qui avance notamment que la perte de l'envie serait d’abord provoquée par une hyper stimulation de dopamine, une molécule qui active le plaisir sexuel. « Si les pics de dopamine sont trop fréquents, le cerveau perd sa capacité à répondre aux signaux habituellement déclenchés lors d’une véritable relation sexuelle », avance Marnia Robinson, auteure du rapport. La fréquence des visionnages entre donc nécessairement en considération dans la dégringolade du désir sexuel. Et à celle-ci, vient se greffer la teneur des images véhiculées.
« Lorsque l’utilisation devient régulière,  l’individu en vient à regarder des images souvent de plus en plus stimulantes », explique Sylviane Larose, sexologue dans « Réveiller sa vie sexuelle » (Éd. Les Éditeurs réunis). Comprendre donc qu’il peut exister d’une part un attrait pour des images toujours plus fortes et, d’autre part, que cette stimulation visuelle peut devenir problématique. 

Une stimulation constante

C’est au niveau de la comparaison avec le réel que la problématique de la libido se noue.

C’est au niveau de la comparaison avec le réel que la problématique de la libido se noue.

« Les images qui seront vues dans une relation sexuelle réelle ne seront pas aussi parfaites, ni stimulantes, ni aussi intenses de façon constante », avance la spécialiste. Et d’ajouter que « ce type de stimulation constante est rarement possible dans une relation sexuelle réelle avec un ou une partenaire ». Et c’est bien au niveau de la comparaison avec le réel que la problématique de la libido et du désir se noue. On a beau le savoir, avoir conscience que la pornographie n’est pas le reflet d’une sexualité réelle, une fois tombés dans la spirale de la stimulation, le risque existe de devenir plus exigeant avec son compagnon ou sa compagne.  

Exigence et fantasmes

Avec l’apparition de la notion d’exigence sexuelle au sein du couple, les deux partenaires ont à perdre. D’un côté, celui qui revendique toujours plus risque d’éprouver des difficultés érectiles ou une baisse de désir s’il n’obtient pas pleine satisfaction. L’autre peut même en venir à éprouver le sentiment d’être un objet dont on se sert pour répondre à un besoin plutôt que l’être avec lequel on partage un moment fort d’intimité. Et dans cette confrontation se joue également la part d’imaginaire, de fantasmes qui construisent toute relation. Si le fantasme est un désir plus ou moins conscient, il ne tend cependant pas à reproduire au centimètre près une image envoyée à notre rétineLorsque l'intimité est calquée sur le scénario d’un film X, l’imagination s’étiole et la libido avec, sans l’aide précieuse d’une vidéo coquine. Si la pornographie peut aider à stimuler la sexualité d’un couple, il serait dommage, à l’inverse qu’il en devienne l’esclave. « Bien entendu, une consommation occasionnelle de la pornographie peut parfois être stimulante pour certains couples et amener de la nouveauté », nuance la sexologue.

En résumé, non, la surconsommation de pornographie ne rétrécit pas le cerveau comme on a voulu nous le faire croire. Mais à la longue, elle risque tout de même de laisser quelques séquelles. 

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