Berangere Couillard, deputee LREM de Gironde, organisatrice du debat, Emmanuel Macron, president de la Republique, et Marlene Schiappa, secretaire d'Etat a l'egalite femmes/hommes
SEBASTIEN ORTOLA / REA
 
JOURNAL LE MONDE
 
 
 
 

Marlène Schiappa, la bonne élève de la Macronie

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Publié le 04 décembre 2020 à 03h20 - Mis à jour le 04 décembre 2020 à 20h57

Au début de sa carrière ministérielle, quand elle était encore secrétaire d’Etat chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes (2017-2020), Marlène Schiappa s’amusait à faire deux piles. La pile A était constituée d’articles qui traitaient de son action sur le fond ; la pile B rassemblait ceux qui évoquaient sa tenue vestimentaire, ses accessoires de joaillerie, sa chevelure volumineuse et/ou ses punchlines les plus exubérantes. Selon un témoin très proche de la ministre, la pile A avait toutes les peines du monde à s’élever tandis que la B crevait le plafond.

 

Il était donc prévisible qu’en son bureau du ministère de l’intérieur, en présence de son conseiller spécial, Mathieu Pontécaille, la ministre déléguée à la citoyenneté se demande à laquelle de ses deux piles elle pourrait bien destiner chaque question qu’on lui pose. « Pardon, je ne remets pas du tout en cause votre travail, mais vous appelez plein de gens qui m’ont peut-être croisée quelques mois, qui ne m’aiment pas et qui seraient fondés à donner leur avis. C’est comme si moi j’appelais votre ex-femme, un collègue avec qui vous vous êtes engueulé parce qu’il mangeait des nems tous les midis, etc. Et je vais leur dire : “Allez, le ball-trap est ouvert ! Dites plein de vacheries !” Et ça va faire une image publique. J’ai lu des portraits de moi en me disant : “Mais qui est cette personne ?” Il y a aussi des gens qui m’aiment bien. Mais qui peut mieux parler de moi que ma sœur ou mon mari ? »

 

Marlène Schiappa, dans son bureau du ministère de l’intérieur, le 26 novembre.

Une entrée en matière peu orthodoxe à l’image de cet ovni de contre-culture politique descendu tout droit du nouveau monde. Ministre à 35 ans, elle était seulement adjointe au maire du Mans il y a trois ans et demi. Pasionaria ministérielle du féminisme, elle est aussi écrivaine, une trentaine de livres publiés dont plusieurs de facture érotique, la « madame Couacs » du début de quinquennat qui arpente au culot un quartier très populaire de Paris en robe d’été à 23 h 30 pour sensibiliser à la lutte contre le harcèlement de rue, la copine de Cyril Hanouna, la twitteuse insatiable…

En phase avec le virage autoritaire du gouvernement

Rien d’étonnant à ce qu’on ne sache pas très bien sur quel pied danser. Mais on avait une question très pile A : est-elle à l’aise avec son départ du secrétariat d’Etat voué à la mission de lutte contre les violences faites aux femmes, décrétée grande cause du quinquennat, pour rejoindre un ministère régalien de la citoyenneté sous la tutelle du ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, visage autoritaire et répressif du gouvernement qui a fait l’objet d’une plainte pour viol ?

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