VIOLENCES CONJUGALES: LES PREMIÈRES PISTES DU GRENELLE
VIOLENCES CONJUGALES: LES PREMIÈRES PISTES DU GRENELLE
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Les associations saluent de nouvelles mesures mais sont déçues par l’enveloppe de 5 millions pour l’hébergement d’urgence.
De grandes attentes, de premières annonces mais un budget jugé dérisoire. Mardi, le premier ministre a ouvert le «Grenelle des violences conjugales» en présence de quelque 80 invités et d’une dizaine de ministres, en égrenant dix nouvelles mesures pour venir en aide aux femmes victimes de violences conjugales. Sur le perron de Matignon, Céline Lolivret, présidente du Collectif des proches et familles de féminicides, estime que la tenue de ce Grenelle est «une victoire», un événement qui signe «une prise de conscience». Elle attend désormais des moyens importants pour lutter contre ce fléau. Combien? «Je ne sais pas. Sans doute un milliard. Combien vaut la vie d’une femme?», lance-t-elle. Il s’agit d’une «occasion unique pour lutter contre les féminicides» a mis en avant Marlène Schiappa, la secrétaire d’État à l’Égalité femmes-hommes, à l’origine de cet événement.
Des femmes meurent étranglées, poignardées, brûlées vives, rouées de coups tous les deux ou trois jours (…) Depuis des siècles, ces femmes sont ensevelies sous notre indifférence, notre déni
Édouard Philippe
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DÉCOUVRIR«Des femmes meurent étranglées, poignardées, brûlées vives, rouées de coups tous les deux ou trois jours (…) Depuis des siècles, ces femmes sont ensevelies sous notre indifférence, notre déni, notre incurie, notre machisme séculaire, notre incapacité à regarder cette horreur en face», a pour sa part dénoncé Édouard Philippe avant de détailler ses annonces. La première concerne l’hébergement d’urgence avec une enveloppe de 5 millions d’euros pour créer 1 000 nouvelles places d’hébergement pour les victimes en 2020 (dont 750 en logement temporaire et 250 dans les centres d’hébergement d’urgence pour des mises en sécurité immédiates). Alors que les associations réclament entre 500 millions et un milliard pour enrayer ces violences qui ont déjà fait plus de 100 victimes cette année, cette somme a été jugée trop faible par certaines d’entre elles. «On est venues, on a vu, on est hyperdéçues, a réagi Caroline De Haas du collectif #Nous toutes. Le premier ministre balaye d’un revers de la main la question des moyens alors qu’elle est centrale.»«Il nous reste quelques semaines pour les convaincre d’augmenter les places d’hébergement», a commenté Anne-Cécile Mailfert, de la Fondation des femmes.
« Toutes les plaintes ont été classées sans suite. Il l’avait dit, il avait prévenu qu’il la tuerait, elle n’a pas été protégée »
Le père de Julie Douib
Avant ces premières annonces, les paroles déchirantes des familles de victimes sont venues pointer les failles du système. «Toutes les plaintes ont été classées sans suite. Il l’avait dit, il avait prévenu qu’il la tuerait, elle n’a pas été protégée», a lancé le père de Julie Douib, assassinée en mars en Corse par son ex-conjoint. Pour lutter contre cette mauvaise prise en compte des plaintes, le gouvernement mise sur un audit de 400 commissariats et gendarmeries en 2020. Une mesure jugée trop tardive par les associations selon lesquelles ces dysfonctionnements sont connus. Une grille d’évaluation du danger devrait aussi être mise en place dans tous les services de police et gendarmerie pour éviter les mains courantes et aider les forces de l’ordre à mieux identifier ces violences. Enfin, les victimes pourront systématiquement porter plainte à l’hôpital, sans devoir se rendre au commissariat.
D’autres mesures ont été bien accueillies, notamment sur le plan judiciaire. Comme une loi pour la mise en place du «bracelet antirapprochement» ou l’identification de «procureurs référents spécialisés» dans les violences conjugales dans les tribunaux. «Nous expérimenterons des chambres d’urgence pour que les dossiers soient traités en quinze jours, avec une meilleure articulation des différents acteurs judiciaires. La première expérimentation aura lieu à Créteil», a précisé Édouard Philippe. Afin de mieux protéger les mères et leurs enfants, une réforme législative sur l’autorité parentale a aussi été annoncée. Il s’agit de permettre aux juges, au civil mais aussi au pénal, de suspendre ou d’aménager l’autorité parentale des conjoints violents et non plus seulement de la retirer. En cas d’homicide, l’autorité parentale pourra être suspendue - et ce dès la phase d’enquête - ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. «Tant que les hommes se convaincront qu’ils peuvent frapper la mère de leurs enfants sans être de mauvais pères, on peut, hélas, redouter, qu’ils continueront à le faire», a souligné Édouard Philippe. «De bonnes pistes», a salué Anne-Cécile Mailfert, qui espère cependant que le travail de concertation qui sera mené jusqu’au 25 novembre aboutira sur «un plan plus ambitieux».
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