Grands oubliés des violences conjugales, les hommes font souvent face aux moqueries et à l’incrédulité lorsqu’ils parlent de ce qu’ils subissent. Ils représentent pourtant une victime sur quatre. Et craignent de ne pas être crus ni entendus. « Marianne » en a rencontré.
Visage tuméfié, ecchymoses, mains lardées de coups de couteau… Pendant cinq ans, Éric Ponchard a encaissé sans broncher les accès de violence de Natacha. « Elle s’énervait pour un rien, cassait tout, se jetait sur moi » tremble encore l’agriculteur de 45 ans.
Entre 2016 et 2021, les crises de sa compagne ont empoisonné leur quotidien. Souvent pour des broutilles : un jour qu’il rentrait du supermarché dans leur exploitation agricole des Bouches-du-Rhône, elle lui reproche d’avoir oublié le beurre et l’agonit d’insultes avant de le tabasser à coups de poing et de pied.
Lui ne riposte pas : « Je suis croyant, je tape pas une femme. » Pas plus qu’il ne décampe. Il n’y parvient pas. « Elle m’a démoli et rabaissé. Elle a fait en sorte de m’écarter de tous mes amis pour mieux me contrôler. Je me suis coupé du monde et réfugié dans mon travail. »
Ce n’est qu’en mai 2021, après qu’elle s’en est prise à sa fille aînée, un couteau à la main, que l’agriculteur s’interpose et fonce à la gendarmerie d’Orgnon.
Mais il ne se remet toujours pas de l’accueil qui lui a été réservé. Tout en prenant sa plainte, le militaire se permet ce reproche : « Vous avez pas de couilles. »