Stop hommes battus

Stop hommes battus

FORMIDABLE ARTICLE LE PARISIEN

 

 

UN FORMIDABLE REPORTAGE DU PARISIEN SUR LES HOMMES BATTUS. https://www.leparisien.fr/seine-et-marne-77/violences-conjugales-pascal-combe-denonce-le-tabou-des-hommes-battus-30-11-2020-8411378.php

 

 

Violences conjugales : Pascal Combe dénonce «le tabou» des hommes battusVia son association Stop Hommes battus qui écoute et conseille les victimes, il demande à l’Etat une meilleure prise en compte de ces situations dramatiques. Les hommes représentent 28 % des victimes.

 

Le Mée-sur-Seine, 27 novembre. Pascal Combe a créé l’association Stop Hommes battus pour alerter sur ce tabou et celui des femmes maltraitantes. LP/Sophie Bordier

 

Par Sophie Bordier

 

Le 30 novembre 2020 à 14h02, modifié le 30 novembre 2020 à 14h25

 

« Les hommes battus représentent 28 % des victimes de violences conjugales. Or personne ne veut en entendre parler ! C'est un tabou, comme celui des femmes maltraitantes… Si on ne soigne pas tout le monde, ça continuera ! »

 

Habitant au Mée-sur-Seine (Seine-et-Marne), Pascal Combe a du mal à retenir sa colère. Victime de violences conjugales lui-même il y a une dizaine d'années, il a créé l'association Stop Hommes battus, qui est officielle depuis septembre dernier, forte d'une cinquantaine d'adhérents. Objectif : alerter sur ces drames peu visibles dans les statistiques officielles et aider les victimes.

 

Âgé de 63 ans, il raconte son cas. Une compagne garde du corps, mesurant 1,80 m pour 100 kg. Une relation qui débute par téléphone et dure neuf mois, à distance, chacun à un bout de la France. Difficile de voir certaines choses. « Elle souffrait de troubles bipolaires. Elle buvait en cachette. Et sa mère l'avait battue même avant sa naissance en tapant sur son ventre… », résume-t-il.

«Son emprise sur moi m'a fait rester»

 

« Le troisième jour après mon arrivée chez elle, elle m'a cassé un doigt et m'a dit : c'est pour savoir si tu sais te défendre. » Puis les choses ont empiré. « Elle devenait violente quand elle buvait. Elle me brûlait avec des cigarettes, me versait de l'eau bouillante sur la tête par-derrière quand j'étais tranquille sur le canapé… »

Mais jamais il ne dépose plainte. Il signe juste deux mains courantes. Effectue deux gardes à vue pour s'être « rebiffé » face à elle. « Son emprise sur moi m'a fait rester ».

 

Un jour, tout bascule. « Elle a voulu me tuer en me comprimant le torse par-derrière avec ses bras pour m'étouffer. J'ai pu me dégager et lui mettre mon poing dans la figure. Je lui ai cassé trois dents. Elle a porté plainte. J'ai été mis en garde à vue, puis condamné à six mois de prison avec sursis et 3 000 euros d'amende ».

Pour lui, c'est le déclic. Il se sépare de sa conjointe en 2010, mais admet qu'il lui « a fallu deux ans pour se sortir de son emprise ». Surtout, cette condamnation l'interroge, lui qui se sent victime et innocent. Il se plonge dans Internet et tout qui concerne les violences conjugales, puis créé une page Facebook Stop hommes battus en 2013.

 

Le statut de virilité de l'homme

 

« 28 % des victimes de violences conjugales sont des hommes! C'est l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP) qui le dit dans une enquête en 2017. Mais seulement 5 % portent plainte (contre 15 % des femmes battues) car cela remet en cause le statut de virilité de l'homme. Toutes les statistiques sont faussées », martèle le retraité.

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Son expérience lors du Grenelle contre les violences conjugales en 2019 l'a échaudé. Son association n'était pas encore enregistrée mais il a été reçu au secrétariat d'Etat pour l'Égalité entre les hommes et les femmes avec deux autres associations. « Nous avons demandé la mise en place d'un numéro national d'appel spécifique pour les hommes battus et la création de lieux d'hébergement d'urgence. Mais nous avons été déboutés. Donc nous n'existons pas officiellement! Nous n'avons aucune ressource pour nous défendre ou fuir avec nos enfants. Nous sommes condamnés à vivre avec nos bourreaux! »

 

DisAujourd'hui

 

Aujourd'hui, Pascal Combe propose un débat national sur le sujet avec les députés afin que le secrétariat d'Etat en charge de l'Égalité entre les hommes et les femmes prenne en compte la réalité des hommes battus. « Sinon je suis prêt à attaquer en justice pour discrimination », prévient-il.

 

En 2019, la députée Corinne Vignon (LREM) a relayé sa demande d'une étude officielle sur le sujet via une question écrite au gouvernement. Mais pas de réponse.

 

La demande de l’association Stop Hommes battus a été relayée au gouvernement par la députée Corinne Vignon (LREM). LP/Sophie Bordier  «Le 116 006 accueille toutes les victimes», rappelle le ministère de la Justice

Les hommes battus, oubliés du Grenelle contre les violences conjugales ?

 

Selon la porte-parole du ministère de la Justice, « le thème du Grenelle était les violences au sein du couple, sujet donc non genré. Le terme d'hommes battus n'y apparaît pas davantage que celui de femmes battues. Les dispositifs d'éviction des conjoints violents comme les ordonnances de protection sont accessibles à tous. Les dispositifs judiciaires sont les mêmes pour les femmes et les hommes victimes de violences conjugales ».

 

Et de rappeler que « le numéro d'appel 116 006 de France Victimes accueille toutes les victimes sans distinction de genre. Le 3919 en revanche est géré par Solidarité Femmes et dédié aux femmes victimes de violences ».

 

Selon le ministère de la Justice, « sur l'ensemble de la période 1999-2018, 97 % des personnes condamnées dans le champ violences conjugales sont des hommes et 3 % des femmes. En 2018, cela représentait 23 518 condamnations ».

 

La revue Info Stat Justice donne des détails. « Sur 31 500 victimes d'affaires de violences conjugales en 2015, 5 % des victimes sont des hommes. En revanche, pour les homicides conjugaux, la part des victimes hommes passe à 19 %. »

 

 



01/12/2020
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