Les hommes sont souvent intarissables sur ce qu’ils jugent sexy ou pas chez les femmes. Ils les aiment ni trop minces, ni trop maquillées, ni trop mode, ni trop popote, ni trop provocantes…, on en passe et des plus convenues. Ils sont d’ailleurs souvent plus prolixes sur le négatif, toujours facile à énoncer. Le reste est plus intime. Si l’on fait l’exercice avec des femmes attribuant cette fois des points d’« anti-sexyness » au camp d’en face, c’est un peu la même chanson. On ne sait pas si on doit y voir une forme bienvenue de parité, mais grosso modo, ce sont exactement les mêmes travers qui les rebutent au masculin ! En 2014, pour être sexy, un homme doit donc…

Descendre de sa balance

Ils détestent les filles qui demandent la vinaigrette de la salade à part et font semblant d’adorer la terrine de canard aux pistaches (alors qu’en vrai elles croquent juste les pistaches). Eh bien, nous en avons autant à leur service ! Ce n’est pas que le côté sac d’os nous déplaise forcément, quand il est naturel. C’est surtout que la ligne haricot vert, visiblement conquise de haute lutte chez certains, nous inquiète. Cet ascétisme n’est pas de très bon augure : qu’attendre de bien voluptueux par ailleurs chez un garçon qui compte ses grains de quinoa et boit de l’eau de coco comme Victoria Beckham ? Le modèle de plus en plus répandu du « manorexique », ce mâle moderne à compteur de calories intégré (il paraît que certains ont même un bracelet connecté qui les morigène) fait ainsi l’unanimité contre lui, en public comme en privé. Son côté hypercontrôlé nous renvoie en outre à notre propre incurie : c’est vrai, nous n’aurions pas dû prendre de pavlova après notre côte de porc Ibaïaona, nous le lisons dans ses yeux… Et ce n’est pas vraiment le genre de regard qui nous fait nous sentir belle et désirable ! Va-t-on finir par « sortir avec des minces et rentrer avec des gros » pour paraphraser une expression bien connue (et très machiste) ? C’est à voir…

Cesser de se pomponner

Nous préférons ne pas tomber sur un Post-it « R-V épilation samedi » (authentique) qui ne nous appartient pas sur le frigo.

Nous préférons ne pas tomber sur un Post-it « R-V épilation samedi » (authentique) qui ne nous appartient pas sur le frigo.

Quand on sonde les hommes sur ce qui leur coupe leurs effets, ils n’ont pas de mots assez durs pour tacler la BB Cream (ils disent fond de teint) effet kabuki, le rouge qui tache, le gloss qui poisse, le brushing présentatrice télé, le lissage pimbêche, le « wavy Barbie fait du surf » et autres amabilités. Leur conception du naturel est d’ailleurs une sorte de croisement entre Doutzen Kroes et Bar Refaeli sur leur Instagram, ce qui témoigne d’une réelle hypocrisie. Même s’il est toujours assez rare de tomber sur un mâle maquillé comme un roadster volé, nous comprenons néanmoins très bien ce qu’ils veulent dire.

Les dents blanchies comme celles de Tom Cruise (sans le reste de Tom), les teints bronzés en plein hiver (sans le regard panda inversé du ski, qui prouve que c’est du vrai), les coiffures qui travaillent visiblement de la mèche (n’est-ce pas tous les Justin B., T., etc.) ou cachent quelque chose (un début de calvitie, au hasard ?) et le parfum au litre (sans Gaspard Ulliel ou Jude Law dessous), on déteste aussi. Outre le flop esthétique (qui reste très subjectif), notre signal d’alerte interne s’active : attention, spécimen ultra-narcissique en vue ! Le barbu tout fier de sa récente extension pileuse, qui la cajole machinalement en se regardant dans la glace du bistrot, est ainsi « le » prototype du garçon qui s’y croit… mais fait ricaner.

Entretenir sa part de mystère

Nous comprenons très bien qu’il faille de temps en temps ôter quelques poils follets, lutter contre ses bourrelets ou doper un teint post-nuit courte. Nous avons les mêmes problèmes. Mais nous préférons ne pas tomber sur un Post-it « R-V épilation samedi » (authentique) qui ne nous appartient pas sur le frigo. Ni sur un tube « Lendemain de fête, Soin ultra-frais à effet boosteur », un pot (une marmite !) « Traitement ventre et abdomen intensif nuit », ou une mignonne tondeuse « poils-nez-oreilles » exposée dans la salle de bains. Le flou sur les petits arrangements avec nos misères, pour eux comme pour nous, c’est mieux. C’est d’ailleurs pour ça qu’on préfère aussi aller au spa entre copines plutôt qu’en couple, cette expérience pas sexy du tout.

 

Se souvenir qu’une femme le regarde

Qu’un homme ait du style, oui, on trouve ça sexy. Découvrir que le vendeur le connaît par son nom (tel le loup blanc qu’il est apparemment) nous refroidit déjà un peu.

Qu’un homme ait du style, oui, on trouve ça sexy. Découvrir que le vendeur le connaît par son nom (tel le loup blanc qu’il est apparemment) nous refroidit déjà un peu. 

Il fut un temps assez lointain où les hommes qui faisaient du sport ne se déguisaient pas forcément en pros fluo du triathlon. Ils partaient faire un running en vieux tee-shirt SFR et du vélo en cycliste noir rembourré discret. Ce joyeux amateurisme n’est plus : même si c’est pour sortir trente-cinq minutes, le moindre sportif du week-end s’équipe désormais de choses moulantes et techniques très peu seyantes (sauf si on veut postuler au casting du « Retour des Frères Jacques »). Les Anglais, qui ont toujours un nom pour tout, appellent ça les « Mamils » (pour « Middle Aged Man in Lycra »). On se doute bien que le concept d’homme d’âge moyen vêtu de Lycra n’est guère valorisant. Et l’on confirme : aucune libido féminine ne sort indemne de la vision répétée d’un « Mamil » casqué et gainé de noir et argent le dimanche matin. C’est l’exact équivalent de la soirée pédicurie du lundi (sous les yeux de notre chéri) devant la télé…

Ne pas virer fashion victim

Nous trouvons plutôt formidables ces nouvelles générations qui assortissent implacablement leur chèche à leur nouvelle chemise imprimée. Qu’un homme ait du style, oui, on trouve ça sexy. Et on est ravie de le montrer à notre bras, comme lui l’est aussi, sans doute, à l’inverse. Jusqu’au jour où on entre innocemment avec lui dans sa boutique préférée… Découvrir que le vendeur le connaît par son nom (tel le loup blanc qu’il est apparemment) nous refroidit déjà un peu. Personne ne fait ça pour nous, d’abord. Cette sensation s’aggrave quand « Tom » (lui en est au prénom !) l’avise ensuite d’un air extatique que les jeans bruts japonais arrivent demain. Et que les deux gloussent de joie face à cette merveilleuse nouvelle à 450 euros. Il y a aussi ces calculs minutieux, avant d’oser affronter le pavé, pour que le retroussis de son chino soit idéal… On se doute bien que Pharrell Williams n’est pas non plus au top du sex-appeal quand il choisit son sautoir à perles du jour. Eh bien, c’est pareil avec notre Pharrell perso quand il met un peu trop de temps à se préparer. Le vrai « fashionisto » (même si ça peut sembler sexiste) ne nous fait donc guère d’effet. Surtout quand il se révèle aussi « fascisto » de l’entretien : « Tu as lavé ma chemise en Liberty à 60°C ou quoi ? N’y touche plus, s’il te plaît ! » Le teinturier de moins de 50 ans ne nous fait pas fantasmer, qu’on se le dise. 

 

Suggérer plutôt qu’exhiber

La femme déteste unanimement les pecs et les dorsaux moulés dans une chemise dont les boutons semblent prêts à exploser.

La femme déteste unanimement les pecs et les dorsaux moulés dans une chemise dont les boutons semblent prêts à exploser.

Un homme de goût se doit de trouver triviaux les appas trop évidents, type décolleté + minijupe + talons… La femme de goût a la même retenue (officielle). Elle déteste donc unanimement les pecs et les dorsaux moulés dans une chemise dont les boutons semblent prêts à exploser. Les tee-shirts blancs très près du corps à la Brando. Et, bien sûr, les slips de bain rouges de maître nageur, tellement moins subtils que le short de bain de leur conjoint. Sans parler de cette fâcheuse manie qu’ont certains - pas les plus moches, d’ailleurs - de courir torse nu à la première occasion… Que dans le secret de son âme, ce ne soit pas si clair, c’est une autre histoire !

Éviter le trip "mamma"

On connaissait la mamma, archétype de la mère nourricière peu sexy, devons-nous supporter son pendant masculin, toujours en tablier et une casserole à la main ? L’obsessionnel de la bouffe, rebaptisé « foodisto » pour faire moderne, n’enthousiasme pas, c’est le moins qu’on puisse dire. L’énergie qu’il peut mettre à dénicher une poularde du Patis ou un rare brienoir d’Île-de-France semble une promesse de sensualité. En fait, on déchante vite. On finit même par soupçonner comme un transfert de libido sous cette quête enfiévrée de bons produits. Le week-end en amoureux passe à se goberger chez un chef (chère gaie mais chair triste, on ne peut pas tout faire, surtout après un dîner de quatre heures). Et les seuls « toys » qu’il nous offre viennent de chez Kitchen Bazaar… 

 

Ça ne pardonne pas

Le nœud papillon imprimé et amusant de jour (sauf si l’on s’appelle Stromae, et encore).

Le nœud papillon imprimé et amusant de jour (sauf si l’on s’appelle Stromae, et encore).

Nous avons nous aussi, au rayon tue-l’attraction, quelques détails rédhibitoires à déplorer. La liste serait longue, nous nous contenterons de mentionner les plus récents. La méthode de sondage ne prétend bien sûr pas  à l’objectivité totale. Nous listerons donc :
- Le pantalon retroussé beaucoup trop haut sur un mollet velu et nu dans les derbys.
- La chaussette jaune serin ou  vert pomme très visible dans des godillots de montagne (en ville).
- La barbe pour compenser trop évidemment un crâne chauve chez les quinquas.
- La barbe de quinze jours, systématique chez les trentenaires : plus personne ne reconnaît le sien de loin ou dans le noir.
- Le look pseudo gentleman old school affecté (tout le monde n’est pas le regretté Philippe Noiret).
- Les bretelles sur slim et le slim tout court passé 15 ans (sauf si l’on s’appelle Mika, et encore).
- Le nœud papillon imprimé  et amusant de jour (sauf si l’on  s’appelle Stromae, et encore).
- Le sweat et le tee-shirt à message (façon « Brooklyn parle français » et autre « Paname ») au-delà du premier emploi.
- La petite chemise au col rentré  sous un pull étriqué ras du cou, marine  ou noir, genre séminariste.
- Les Converse et les vestes de treillis sur les papas de grands garçons de 22 ans.
- Les tee-shirts col v ultra-plongeants avec vue sur la moquette (ou torse glabre, d’ailleurs).
- Les sacs à main qui font vraiment  sacs à main, même si ce n’est pas politiquement correct.
- Le vapotage d’e-cigarette parfum mojito.
- Les bracelets (sauf les Rainbow Loom et les brésiliens délavés en fin d’été) et les bagues à tête de mort  (quand on n’est pas biker).

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