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COMMENT SE SORTIR DU SYNDROME DE STOCKOLM ?

 

COMMENT SE SORTIR DU SYNDROME DE STOCKOLM ?

 

https://www.femmeactuelle.fr/sante/psycho/syndrome-de-stockholm-comprendre-pour-en-sortir-2039811

 

Syndrome de Stockholm : de quoi s'agit-il et comment s'en sortir ?

 

Le 12 octobre 2019 à 13h50

 

Parfois évoqué dans certaines faits divers médiatisés, le syndrome de Stockholm peut aussi être observé dans des situations plus courantes.

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MANIPULATION

Au début des années 70, dans un contexte marqué par une agitation politique et le début d’une importante crise économique, une prise d’otage a eu lieu dans une banque à Stockholm. Les malfaiteurs ont pris en otage les clients et les membres du personnel. Après plusieurs jours de négociation avec les forces de l’ordre, les otages ont été libérés. Un procès a eu lieu par la suite, et curieusement, dans leurs témoignages les otages défendaient les ravisseurs et allaient dans leur sens.

C’est de là que vient l’appellation du syndrome de Stockholm. Ce terme désigne le fait qu’une personne puisse être empathique avec un bourreau, un tortionnaire, qu’elle adopte son point de vue et même le défende.

 

Plus récemment, on peut donner l’exemple de la célèbre histoire de Natascha Kampusch. Cette jeune Autrichienne, enlevée par un homme en 1998, et gardée en captivité pendant 8 ans, avait à l’époque développé ce syndrome, en s’attachant à son ravisseur, qui lui, a fini par se suicider.

 

Syndrome de Stockholm : des pistes pour comprendre

Il y a plusieurs explications avancées à ce mécanisme en psychanalyse :

 

"l’identification à l’agresseur", qui explique qu’à cause d’une peur traumatique, causée par la violence qui lui est infligée, l’individu disparaît en tant que personne séparée et adopte le point de vue / la violence de l’autre, et se met à la place de son harceleur. Ce mécanisme de défense qui permet de "supporter l’insupportable" avait déjà été repéré par le psychanalyste hongrois Sándor Ferenczi ;

 

la personne a peur de mourir, comme elle n’est pas morte, elle se sent finalement redevable/reconnaissante à son violenteur qui lui laisse la vie sauve ;

 

dans une situation extrême, la personne qui subit la violence est dans une grande impuissance et a l’impression qu’elle n’existe plus. Elle croit donc que son violenteur détient sa personnalité, détient ce qu’elle est, et qu’il pourrait l’aider à redevenir ce qu’elle est. Lorsque sa vie est entre les mains de quelqu’un d’autre, la personne se met de son côté, du côté de celui qui détient l’autorité, le pouvoir.

 

Un syndrome qui existe aussi dans des situations du quotidien

 

Toutes les situations de maltraitances (physique ou morale), peuvent suivre ce même mécanisme, en particulier lorsque celles-ci durent ou sont répétées.

La personne maltraitée va finir, malgré elle, à la fois par s’attacher à la personne qui la maltraite et devenir reconnaissante de ne pas lui faire pire que ce qu’elle ne lui fait déjà subir. On développe une sorte d’attachement physique, une habitude de cette violence (qu’elle soit physique ou verbale), une impression que l’on a vécu quelque chose de très fort, un lien nocif qui nous relie à cette personne.

 

Dans les violences sexuelles d’un adulte sur un enfant, ou au sein même d’un couple, on peut retrouver ce mécanisme. Aussi, le syndrome de Stockholm peut exister dans la famille, quand une personnalité perverse met quelqu’un sous son emprise, par exemple.

L’humiliation ou les comportements dégradants d’un conjoint ont ce même effet : on est reconnaissant qu’il n’aille pas plus loin, qu’il ne fasse pas des choses encore plus dégradantes, on a tendance à minimiser les choses, surtout lorsque cela fait partie intégrante du quotidien. On tente de trouver des excuses à l’autre, on accepte l’inacceptable.

 

Un syndrome qui existe aussi dans le milieu professionnel

 

Ce sont bien souvent aussi des situations qui paraissent anodines. Le harcèlement à l’école, un élève que l’on humilie, que l’on rackette, pourra se dire "Je l’ai échappé belle, ils auraient pu me faire pire". Une certaine admiration pour ces "caïds" aussi peut naître chez l’enfant harcelé.

 

Dans le milieu professionnel aussi on peut parler de ce syndrome : ça peut être psychologique, un collègue ou un supérieur, qui peut être manipulateur. Chantages, dénigrement, humiliations, voici les armes de ces profils. La première fois qu’une phrase déplacée ou violente sort, la personne qui subit est surprise, mais après ce genre de comportement est "toléré", "accepté" puisqu’il est banalisé, à force d’être répété.

 

"Je lui dois ça, c’est mon supérieur, si je n’exécute pas, ou je ne m’écrase pas, je mets en péril mon évolution dans l’entreprise". On finit bien souvent par minimiser la gravité des faits, et l’on peut même, sans en avoir conscience, adopter le point de vue de cette personne qui nous violente. "Tous les patrons sont comme ça, c’est son rôle de se comporter ainsi avec moi".

 

À savoir : selon un article publié en novembre 2016 dans le prestigieux journal Harvard Business Rewiew, le syndrome de Stockholm dans le cadre professionnel pourrait s'apparenter à une stratégie de défense. Puisque le salarié harcelé n'est pas en capacité de s'éloigner de son collègue / patron toxique (car il est difficile de retrouver un emploi, de changer de poste au sein d'une entreprise...), il s'identifie à son harceleur pour mieux supporter la situation difficile - jusqu'à lui donner raison ! On passe donc d'une stratégie de défense comportementale (qui consisterait à démissionner) à une stratégie de défense cognitive (le persécuteur est "ré-évalué").

 

Syndrome de Stockholm : comment s’en sortir ?

Se rendre compte que l’on est sous l’emprise de quelqu’un est déjà une bonne chose. Saisir que ce comportement n’est pas acceptable. Prendre conscience que l’on adopte petit à petit le point de vue de l’autre, que l’on pourrait même se surprendre parfois à développer une certaine admiration pour cette personne.

 

Exemple : on prend sa défense lorsque quelqu’un nous fait remarquer que ce qu’il fait avec nous n’est pas "normal", on minimise la véracité des faits lorsque l’on aborde ce sujet, et on explique que "ce n’est pas grave au fond", ça pourrait être "pire" que ça.

 

Une fois cette prise de conscience faite, il faut agir, en parler à quelqu’un d’extérieur à cette "bulle nocive". Cette personne peut aussi bien être un médecin traitant, un conjoint, un thérapeute, une amie, un proche. Cela vous permettra d’entendre de la bouche de quelqu’un d’autre, que non, ce que vous subissez n’est pas normal. Cette démarche vous permettra d’ouvrir les yeux sur la gravité de la situation, et de prendre les choses en main. Sachez que des solutions pour en sortir existent ; c’est d’ailleurs "la marque de l’emprise, de croire qu’il n’y a pas de solution".

 

Ensuite, l’objectif est de prendre position, c’est à dire de poser des limites avec cette personne nocive pour vous. Pour cela, vous pouvez avoir une bonne discussion de fond, en lui expliquant ce que vous vivez, en apportant des faits très concrets. Vous pouvez aussi adopter un changement radical dans votre comportement, et ne plus vous laisser faire lorsque cela se reproduira.

 

Y a-t-il des séquelles ?

 

Ce qui est particulier dans ce mécanisme, c’est que lorsque l’on est en plein Syndrome de Stockholm, on ne souffre plus, puisque l’on adopte le point de vue du harceleur, on légitime ce qu’il nous fait subir, on s’oublie.

 

La souffrance est d’ailleurs bon signe, puisque cela signifie qu’une partie de soi refuse de rester dans cette situation nocive, qu’elle ne comprend pas ce qu’il se passe ; cette partie de soi souhaite que cela change.

Bien sûr, dans les cas graves il y aura des séquelles psychologiques, et parfois même physiques. Mais dans certaines situations plus courantes, comme dans le domaine professionnel par exemple, on peut éprouver de la culpabilité de ne pas avoir réagi plus tôt : "comment ai-je pu accepter tout ça ?".

 

On peut avoir une image dévalorisée de soi-même, des regrets…

 

Mais ce peut aussi être une grande expérience de vie qui peut permettre par la suite d’éviter que ça ne se reproduise. On voit ce scénario se mettre en place rapidement, et on sait désormais comment y mettre fin rapidement, on peut ainsi éviter de tomber dans l’engrenage.

 

Le saviez-vous ? "L’inverse" existe, en quelque sorte : le Syndrome de Lima. Là, dans une situation comparable, ce sont les otages qui ont réussi à être en sympathie avec leurs agresseurs. Ce qui leur a permis d’être libérés.

 

Syndrome de Stockholm : où en est la recherche ?

Si on a tendance à considérer le syndrome de Stockholm comme une invention récente - peut-être liée à nos modes de vie modernes ? - en réalité, il pourrait être bien plus ancien et exister depuis l'aube de l'humanité...

 

Des chercheurs de la University of Oregon (aux États-Unis) ont étudié des vestiges archéologiques issus de 45 peuples différents - Esquimaux, Aborigènes, sociétés tribales d'Afrique du Sud et d'Amérique du Sud... À travers les récits et les productions artistiques de ces peuples, les chercheurs (qui ont publié leurs travaux dans le journal spécialisé Human Nature) ont découvert que les femmes - en particulier - avaient mis en place des stratégies de survie qui s'approchent de notre syndrome de Stockholm moderne.

 

Ainsi, après une attaque, les femmes du peuple vaincu pouvaient apprendre et intégrer les traditions et coutumes des vainqueurs. Ce "syndrome de Stockholm" avant l'heure pouvait être amplifié par les maltraitances physiques, psychologiques et/ou sexuelles subies. Voilà qui fait froid dans le dos...

 

Merci à Saverio Tomasella, psychanalyste et auteur de La folie cachée - Survivre auprès d’une personne invivable, éditions Albin Michel



30/05/2021
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