Les hommes victimes de violences conjugales sont moins nombreux que les femmes (qui représentent en 2015 88% des victimes en 2015, 85% des victimes de violences sexuelles, 81% des victimes d’homicides).
Mais ils existent, et leur souffrance est bien réelle. Il ne leur est pas toujours facile de trouver des ressources ; les centres d’aide aux victimes ne sont pas toujours habitués à les accueillir, du fait de leur genre.
Les forces de l’ordre, qui ne sont pas toujours professionnelles avec les victimes de violences conjugales et/ou sexuelles, ne réagissent pas forcément bien face à un homme, comme l’expliquait récemment un DJ Britannique victime de viol.
Toutes les victimes de violences psychologiques, physiques et/ou sexuelles peuvent subir des traumatismes qui durent longtemps. Ces blessures se répercutent alors dans leur vie, y compris dans leurs couples.
C’est pourquoi j’ai voulu vous parler de cette discussion sur Reddit : un homme a demandé aux femmes d’un subreddit si certaines étaient en couple avec des hommes ayant précédemment été violentés par des femmes.
Les compagnes d’hommes victimes de violences témoignent
Malheureusement, les témoignages sont nombreux. En voici des extraits.
« Je suis sortie avec un homme dont la première relation sexuelle était un viol, perpétré par une fille plus âgée et forte que lui, alors qu’il était très jeune.
Il ne pouvait pas se concentrer pendant le sexe. Il ne pouvait pas se détendre. Parfois, il s’arrêtait sans prévenir — j’imagine qu’il voulait s’assurer qu’il avait toujours le choix.
C’était très triste. J’étais vraiment en colère contre la fille qui lui avait fait subir ça. Elle lui a volé quelque chose qu’il ne récupèrera sans doute jamais. »
« Mon petit ami a été violenté par son ex. […] J’ai mis du temps à réaliser à quel point ça l’avait affecté.
Au début, dès que j’étais fatiguée ou grognon, il était bouleversé, au bord des larmes, persuadé que c’était sa faute. […] Il était insomniaque, faisait des cauchemars, buvait beaucoup trop. […] »
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« J’ai eu un rendez-vous avec un homme qui avait été violenté par sa femme.
Elle lui a planté un tournevis dans le ventre, lui a cassé le bras avec une poêle. Elle l’a attaqué dans son sommeil. A essayé de crasher leur voiture alors qu’il conduisait. […]
Ils sont restés mariés 3 ans, et la violence a commencé dès leur lune de miel. Quand il a cherché de l’aide, il n’a trouvé que des moqueries. […]
Il a divorcé pendant qu’elle était en prison pour avoir essayé de le tuer et de tuer sa soeur. Elle a tué son beau-frère.
Sa confiance en lui n’existait plus. Il était anéanti. Il était terrifié par la moindre femme un tant soit peu « séduisante ». Il avait pris 70 kg. »
« Mon copain a été poignardé dans le ventre par son ex […] C’était une personne manipulatrice, toxique, qui a fait de son mieux pour détruire son estime de lui-même.
Les effets à long terme sont qu’il n’a plus confiance en lui et qu’il évite tout conflit. […] Il va de mieux en mieux mais je pense que ça sera toujours là, quelque part. »
Ces témoignages, aussi insoutenables soient-ils, montrent une réalité souvent passée sous silence. Les hommes aussi sont victimes de violences.
Mais ils offrent aussi une lueur d’espoir : ces hommes ont réussi à retrouver l’amour, et à partager leur vie avec des femmes qui ne leur veulent que du bien.
Souvent, c’est aussi via la thérapie qu’ils arrivent à avancer.
La parole des hommes victimes de violences conjugales se délie
Ces témoignages ont généré des commentaires. Et parmi eux, on trouve des hommes victimes de choses similaires, qui osent en parler sur ce qu’ils savent être un terrain sûr.
Un utilisateur explique :
« Ma seule expérience sexuelle me fut imposée par une amie qui a abusé de moi quand j’avais 17 ans.
Depuis, je deviens anxieux quand je pense au sexe ou même à l’intimité physique, et ça me cause des crises de panique. J’ai peur que cet obstacle devienne un problème pour la personne avec qui je sortirai un jour.
Ça me rassure de réaliser qu’il existe des gens aussi compréhensifs que vous. »
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D’autres se reconnaissent dans ces témoignages.
L’un explique que lui ne se réfugiait pas dans l’alcool, mais dans la MDMA. Un autre confesse que ça l’a vraiment blessé de se rendre compte que la plupart des gens n’imaginent pas que ça peut arriver aux hommes.
À mon sens, ces échanges sont essentiels et devraient être lus par le plus grand nombre.
Ils rappellent que la supériorité physique, qu’on prête généralement à l’homme dans une relation hétérosexuelle, n’empêche pas d’être victime de violences.
Les hommes aussi peuvent être en situation de sidération, ne pas se débattre, ou être englués dans une relation toxique.
Ils rappellent aussi que même si les femmes restent les principales victimes des violences conjugales psychologiques, physiques et/ou sexuelles, ça ne veut pas dire qu’on doit faire comme si AUCUN homme n’en était victime.
Cependant, il ne faut pas oublier que les femmes non plus ne sont pas toujours crues, respectées, aidées, et qu’elles meurent bien plus souvent que les hommes sous les coups de leur partenaire.
Le sexisme blesse et tue, de façon insoutenable.
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Pour conclure sur une note un peu moins sombre, ces témoignages rappellent que retrouver l’amour, la confiance et la tendresse d’une personne aimante, ça peut être un grand pas vers la guérison.
Tout comme une thérapie peut aider à surmonter un traumatisme.