Même si l'adolescent était « tombé amoureux », l'infraction est caractérisée par son jeune âge : la majorité sexuelle, en France, est fixée à 15 ans. L'audience s'est tenue à huis clos… à la suite d'une demande de la prévenue. Habituellement, en matière sexuelle, les juges ordonnent le huis clos lorsque la partie civile le demande, le prévenu n'ayant pas son mot à dire. La maman de Fabien — qui n'était pas partie civile — l'a expliqué : « Cela ne me dérange pas que ce soit public. » Le président Eric Ruelle a insisté : il voulait savoir ce qu'en pensait l'adolescent. Ce dernier n'était pas à l'aise pour s'exprimer en public, la prévenue a obtenu gain de cause.
A la sortie de l'audience, la maman de Fabien s'est confiée : « Tout a commencé parce que mon fils lui a envoyé une lettre d'amour. C'était un pari avec des copains. Sa prof a bien réagi : elle a alerté le CPE. » Très honnête, la mère de famille reconnaît que son fils a alors insisté : ce qui n'était que jeu et provocation a tourné à la relation personnelle. « Ils s'écrivaient sur Facebook, ils s'appelaient la nuit. C'était des messages d'amour. C'est moi qui ai tout découvert sur Internet. » La maman a également appris que la prof et son fils s'étaient retrouvés seuls, à plusieurs reprises, dans une salle de classe : « Ils se sont embrassés et caressés. » A côté d'elle, Fabien ne dit rien. Il comprend sa mère, qui a déposé plainte. Mais il reconnaît qu'il n'en veut pas à sa prof.
L'adolescent, très mignon, qui a des petites copines de son âge, a encore des sentiments pour l'enseignante. Cette dernière a été suspendue de ses fonctions en juin, quand le scandale a éclaté. « Fabien a été arrêté quelques jours. Quand il est revenu, il a eu des problèmes avec les autres élèves. Ils lui en voulaient car ils aimaient bien cette prof. » Raison pour laquelle elle ne s'est pas portée partie civile : « Je ne voulais pas qu'on pense que j'ai fait ça pour l'argent. Je veux juste protéger mon fils de cette femme. » Le parquet a requis quatre mois de prison avec sursis. Le tribunal a déclaré l'enseignante « coupable » mais l'a dispensée de peine.
Elle conserve donc un casier sans condamnation et pourra continuer à exercer. « Nous estimons que c'est un incident de parcours mais nous voulons vous rappeler les limites de la loi pénale », a commenté le président Eric Ruelle. * Le prénom a été changé.