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Est-il vrai que les auteurs d'infanticides sont majoritairement des femmes ?

 

 

Est-il vrai que les auteurs d'infanticides sont majoritairement des femmes ?

 

Par Cédric Mathiot 12 février 2020 à 07:09

Valognes, 18 octobre 2007. Devant une maison où cinq cadavres de nouveaux nés ont été découverts dans un sac en plastique.Photo Mychele Daniau. AFP«Dans l’ensemble des secteurs criminels, le seul où les femmes sont majoritaires, c’est l’assassinat de leurs propres enfants», expliquait sur RTL le criminologue Alain Bauer.

Question posée par S.L le 10/02/2020

 

Bonjour,

Votre question a été raccourcie, la voici en intégralité : «Le 10 février, Alain Bauer, professeur en criminologie, invité d’Yves Calvi dans RTL Matin expliquait: "Dans l’ensemble des secteurs criminels, le seul où les femmes sont majoritaires, c’est l’assassinat de leurs propres enfants". Pourtant l’étude de la mission sur les morts violentes d’enfants au sein des familles (2018) donne une tout autre version. Il apparaît que les femmes et hommes sont mis en cause de façon assez égalitaire, sauf pour le syndrome du bébé secoué, chiffre noir car peu détecté, et qui est à 80% du fait des hommes - et les situations de déni (total ou partiel) de grossesse.»

 

Voilà ce qu’a déclaré Alain Bauer sur RTL : «Dans l’ensemble des secteurs criminels, le seul où les femmes sont majoritaires, c’est l’assassinat de leurs propres enfants. Les néonaticides, d’abord, les enfants juste nés. On les retrouve congelés, enterrés. Le refus, déni de grossesse, le Münchhausen, on rend ses enfants malades pour mieux les soigner. C’est un délire de possession, de négation, c’est très compliqué à traiter mais c’est très connu. Il y a là une caractéristique spécifique aux femmes, qui est extrêmement importante, très difficile à traiter, mais qu’on ne peut pas sous-estimer.»

 

Plusieurs études ont été publiées ces trois dernières années sur le sujet, qui donnent des résultats parfois contradictoires, du moins en apparence. 

 

70% de femmes parmi les personnes condamnées pour homicides de mineurs de moins de 15 ans

L''Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP) a d’abord publié une étude il y a deux ans et demi sur le sujet, faisant effectivement état d’une majorité d’auteurs de sexe féminin dans les homicides de mineurs de moins de 15 ans. 

#Homicides de mineurs - de 15 ans : des chiffres en baisse, des femmes + souvent auteurs que les hommes #crime https://t.co/THydKRt2eb pic.twitter.com/pw3hwRUquJ

 

— ONDRP (@ondrp) October 25, 2017

On y lit : «Les personnes condamnées pour homicides sur mineur de moins de 15 ans sont majoritairement des femmes. Sur l’ensemble de la période considérée (1996-2015), la justice recense 325 condamnations pour cette infraction dont 70% prononcées à l’encontre des femmes (227 condamnations).»

 

A noter que le fait de se limiter aux condamnations réduit le nombre de cas. Comme indiqué dans l’étude, «pour qu’une condamnation soit prononcée, il est nécessaire qu’une personne ait été poursuivie devant une cour d’assises. Or, il peut arriver que l’auteur d’un homicide sur mineur de 15 ans se suicide après avoir commis l’acte. Le rapport annuel de la Délégation d’aide aux victimes sur les morts violentes constatées au sein du couple révèle qu’en 2015, 17 auteurs ont été identifiés pour 36 homicides sur mineur de 15 ans, parmi eux 7 ont mis fin à leurs jours après leurs actes.»

 

La mission sur les morts violentes d’enfants au sein des familles suggère une «parité» dans le sexe des auteurs 

Une autre étude, celle évoquée dans la question posée, portant sur un champ différent, donne des résultats beaucoup plus équilibrés quant au sexe des auteurs.

En mai 2018, l’Inspection générale des affaires sociales, l’Inspection générale de la justice et l’Inspection générale de l’administration de l’éducation nationale et de la recherche ont rendu public leur rapport dans le cadre d’une «mission sur les morts violentes d’enfants au sein des familles». Faisant le constat de statistiques parcellaires, la mission a concentré ses efforts sur une période de cinq ans (2012-2016). Sur les cinq années étudiées, ce sont 363 morts violentes qui ont été recensées, soit l’équivalent de 72 morts par an entre 2012 et 2016. Ce total «ne tient […] pas compte du "chiffre noir" que constituent les néonaticides non révélés et les enfants victimes du SBS [syndrome du bébé secoué, ndlr] non diagnostiqué», précise l’étude.

Les données de l’étude ne sont pas comparables avec les statistiques de l’ONDRP évoquées plus haut dans l’article : celles-ci portaient sur les affaires jugées.

 

A l’inverse, la mission comptabilise, outre les affaires jugées, quelques procédures ayant fait l’objet d’un classement sans suite, les affaires ayant fait l’objet d’un non-lieu ainsi que celles n’ayant pas été définitivement jugées au moment de la consultation (90 affaires sont indiquées comme étant jugées et 167 comme non jugées, est-il indiqué). L'étude parle donc de «personnes impliquées». «Au-delà de la culpabilité des personnes, c’est le rapport de causalité avec le décès qui a été privilégié pour l’analyse», écrivent les auteurs.

 

Par ailleurs, là où l’ONDRP se focalisait sur les seuls homicides sur mineurs de moins de 15 ans, le champ de la mission sur les morts violentes d’enfants est plus large, comme son nom l’indique. Il prend par exemple en compte les morts par SBS (syndrome du bébé secoué) qui ne sont que très rarement qualifiés d’homicides. En dernier lieu, la mission prend aussi en compte aussi les décès de mineurs entre 15 et 18 ans, là où l’ONDRP s’arrêtait à 15 ans.

 

Selon les auteurs de la mission, 50% des auteurs présumés sont les mères, 42% les pères. Dans 8% des cas, l’auteur présumé est un conjoint («presque toujours de sexe masculin», indique l’étude). On aboutit donc à une quasi «parité», là où l’étude de l’ONDRP évoquait 70% d’auteurs de sexe féminin. 

 

En revanche, un examen des «catégories» montre que deux sous-ensembles de décès restent très «genrés». Sur les 363 décès, l’étude décompte ainsi 55 néonaticides (meurtre d’un nouveau-né dans ses premières vingt-quatre heures), soit 15% des situations, pour lesquels «les personnes à l’origine de ces meurtres sont, dans la quasi-totalité des cas, les mères».

A l’inverse, les auteurs comptent 86 enfants décédés à la suite du SBS (syndrome du bébé secoué), imputables, eux, en majorité à des auteurs présumés de sexe masculin. 

 

La prise en compte des morts liées à un SBS explique en grande partie la divergence de résultats de l’étude par rapport à celle de l’ONDRP. Ces décès, qui sont en effet qualifiés principalement de violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner sur un mineur de 15 ans par un ascendant ou une personne ayant autorité sur la victime et, beaucoup plus rarement, de meurtre d’un mineur de 15 ans ou d’homicide involontaire, ne sont donc, pour l’essentiel, pas pris en compte dans l’étude de l’ONDRP (qui se focalise donc uniquement sur les homicides). Contribuant à minorer la part des auteurs de sexe masculin dans cette dernière.

Si l’étude ne donne pas la part des hommes et des femmes pour les décès des enfants au-delà des néonaticides et des SBS, on peut déduire des éléments chiffrés qu’on a sur ces deux catégories que le reste des décès se partage à peu près entre des auteurs présumés de sexe masculin, et de sexe féminin. 

En résumé : si on se limite aux condamnations pour homicides d’enfant, il est exact que les femmes sont davantage représentées parmi les coupables dans les statistiques entre 1996 et 2015. En revanche, si on élargit le champ aux morts violentes d'enfants au sens large, sur la période 2012-2016, il apparaît qu’on aboutit  (même si les femmes demeurent un peu plus souvent impliquées que les hommes) à une quasi-parité quant au sexe des auteurs présumés. En grande partie en raison de la prise en compte des décès liés au SBS, majoritairement imputés aux hommes.

Cédric Mathiot

 

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12/11/2020
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