«LE DÉSIR N'A RIEN DE LINÉAIRE»
«Le désir n'a rien de linéaire»
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INTERVIEW - Sophie Cadalen, écrivain et psychanalyste, est l'auteur de Tout pour plaire et toujours célibataire (Albin Michel).
» D'où vient le manque d'envie sexuelle ?
LE FIGARO. - Pour la psychanalyse, la question du désir sexuel est centrale. En quoi détermine-t-elle votre action clinique ?
Sophie CADALEN. - Il est vrai que lorsque nous recevons un analysant, c'est toute son économie libidinale qui est sondée. Mais pour nous, le sexuel dépasse largement la seule problématique génitale. Les questions que nous nous posons à l'écoute d'un patient sont plutôt : «Dans quoi investit-il son énergie ?», «Qu'est-ce qui fait sens pour lui ?». Car vous pouvez avoir une libido qui circule bien sans pour cela être un «performer» au lit ; à l'inverse, faire très souvent l'amour ne veut pas forcément dire «aller bien».
Et quand c'est d'abord la question du désir sexuel qui est amenée par l'analysant ?
La sexualité est en effet l'un des terrains les plus réactifs de l'équilibre global du sujet. Elle est aussi une formidable excuse pour parler de bien d'autres choses : c'est dans cette dimension que l'on sent les lourdeurs, les changements qui ne se disent pas encore ailleurs. C'est à travers elle qu'on sonde la bonne santé du couple. Presque toujours, en évoquant leur rythme sexuel, nos analysants se demandent : «Suis-je normal ?» C'est alors tout leur rapport à la norme qui pourra être réfléchi, travaillé sur le divan. Ils se demandent aussi : «Suis-je vraiment un homme, une femme ?» et l'on pourra évoquer leur identité sexuelle. Ainsi nous voyons que, bien loin de la fréquence de nos galipettes, ce sont d'autres dimensions qui nous posent question.
Alors pourquoi actuellement une telle focalisation des esprits sur la fréquence de l'activité sexuelle ?
Parce que la sexualité est considérée aujourd'hui comme le nouveau «ciment» du couple. Un terme qui, évoquant la stabilité, voire l'arrêt de tout mouvement, en dit long sur son incongruité : s'il y a bien une dimension variable, mouvante et évolutive dans nos vies, c'est le désir. Celui-ci n'a rien de linéaire. Dans le couple, circulant dans toutes les dimensions de la vie quotidienne, il invite au contraire sans cesse les partenaires à être mobiles, toujours susceptibles de se repositionner l'un par rapport à l'autre. Parfois capables de se laisser aller, parfois enclins à juste se reposer l'un sur l'autre car on a le droit d'être simplement fatigué… Les problèmes arrivent justement quand il y a répétition et installation d'une manière d'être ensemble.
À quels types de répétition faites-vous allusion ?
Eh bien, par exemple, quand on repère que notre désir se tarit dès lors que la relation devient plus engagée ; ou, après quelques années, réalisant qu'on a un «coup de mou» de ce côté-là, on se rend aussi compte qu'on n'a jamais vraiment désiré cette personne. Du côté de celui qui vit seul, la dépression se signale par ce désir que l'on retourne systématiquement contre soi. De manière générale, je pense que toute posture figée est suspecte : ceux qui vous disent : «Nous ne faisons jamais l'amour» ou ceux qui crient haut et fort : «Nous le faisons chaque jour» sont dans une même tentative : installer du «ciment» alors que, sauvage et imprévisible, l'érotisme demande au couple de savoir improviser.
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