Il peut s’agir de votre frère, de votre père ou d’un ami. En 2013, les hommes représentaient 17 % des décès à la suite de violences conjugales. Seules 4 % des 80 000 victimes par an portent plainte. Vers qui peuvent se tourner ces hommes ? Quels types de violences sont les plus récurrentes ?
Les violences perpétuées envers les hommes sont un cas complexe. Hommes et femmes ne subissent pas les mêmes violences : s’agit-il de sexisme ? Contrairement aux violences envers les femmes – 3 à 4 fois supérieures -, souvent les causes relèvent plus du racisme, de l’homophobie, ou encore du milieu social dont l’homme est issu. De plus, ils ne subissent pas fréquemment les mêmes agressions. Selon l’INSEE, en moyenne, 53 % des hommes sont victimes d’injures (contre 65 % de femmes), or les agressions physiques concernent 34 % des hommes (contre 21% des femmes).
Au sein du couple
Psychologiques ou physiques, les violences au sein du couple existent : 10,5 % des hommes de 18 à 75 ans ont subi des atteintes psychologiques ou verbales. On estime que 432 hommes ont été victimes de viol en 2013, dont 179 sont des viols conjugaux, selon les statistiques du Haut Conseil de l’égalité.
Peu écoutées par la police, non habituée à ce genre de cas, les dénonciations sont rares, même si nos droits sont en théorie égaux face à la justice. Les violences verbales ne laissent pas de traces sur la peau ; prouver que l’on est une victime devient quasiment impossible. Selon l’Observatoire nationale de la délinquance et des réponses pénales, les femmes excellent dans les comportements méprisants, dévalorisants, et jaloux répétitifs.
Au travail ou dans la rue, les femmes auront plus des actes banalisés envers les hommes, comme une main à la fesse. Mais « ce n’est pas grave t’es un homme ! », pourrait-on entendre, ou « vous attendez que ça alors tu devrais content non ?», comme en témoignent certaines personnes sur des forums.
Un tabou dès l’enfance
Selon le Centre d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC), les agressions sexuelles envers les hommes ne seraient reconnues que depuis les années 1980. Le mythe de l’homme viril aurait couvert de silence de nombreux garçons qui vivent dans une société où ils n’ont pas le droit d’être les victimes. Nous pouvons lire des « mythes » rédigés par l’association tels que : « si un garçon est sexuellement stimulé ou a un orgasme lors de l’agression, cela veut dire qu’il participe volontairement ou ressent du plaisir », ou encore : « Les hommes qui ont été agressés sexuellement deviennent des agresseurs sexuels ». Cela les transforment en monstres et non en victimes. Selon un rapport de l’OMS rendu public en 2014, 5 à 10 % des hommes dans le monde ont subi des violences sexuelles pendant leur enfance. De plus, lors d’agressions durant l’enfance, l’enfant est plus propice à subir des violences psychologiques comme le chantage ou la manipulation. Dans 94 % des cas d’agressions pédophiles, l’agresseur est un proche de la victime (professeur, parents, issu du cadre religieux…), ce qui réduit les chances de pouvoir demander de l’aide pour se sortir de cette situation.
Un manque d’aide
Même si des associations contre la pédophilie peuvent aider des hommes mineurs, les majeurs, eux, passent à la trappe. Marlène Schiappa, nouvelle secrétaire d’État à l’égalité femmes-hommes, écrit dans son dernier livre Où sont les violeurs ? Essai sur la culture du viol (2017, L’Aube) : « Il n’existe en France aucune ligne d’écoute pour les hommes violés et aucune association nationale traitant cette population ». Pour idée, en cherchant une association en rapport avec la lutte du droits des femmes, on peut trouver près d’une centaine d’associations en France, contre une seule et unique les hommes battus : SOS Hommes Battus France (09 81 02 82 89). Pascal Combe, le fondateur de l’association, dénonce une politisation des mouvements féministes, qui selon lui tend à marginaliser les hommes des aides que ces associations apportent. « Oui il s’agit de discrimination, on se fait battre, on se tourne vers une association contre les violences conjugales, mais on nous vire car on est un homme ! Ce n’est pas du sexisme ça ? » s’exclame-t-il, en colère de parler sans cesse « dans le vent ». « Les violences envers les hommes n’intéressent personne, ajoute-t-il, on nous décrédibilise en nous faisant passer pour des tyrans, alors que nous sommes aussi des victimes… la femme tyrannique existe aussi ! ». Même s’il n’y a pas encore d’initiative réelle en France pour mesurer le nombre d’hommes concernés, l’INED lance une étude nationale sur les victimes de violences (de toutes sortes) dont le programme sera dévoilé en 2018 : une aubaine pour les hommes victimes de violences pour parler.
Une société mâle à l’aise
Pour tester notre environnement social, nous avons sélectionné un échantillon aléatoire de 14 hommes ayant entre 15 et 25 ans, vivant en France métropolitaine et issus de la classe moyenne. 12 sur 14 pensent que le sexisme envers les hommes existe : l’entrée en boîte, la « veille galanterie dépassée », le besoin « d’hommes forts pour porter objet lourd » en classe, blocage au lit conjugal pour des pratiques qui font « trop gay ». Ce sexisme est défini comme minoritaire, mais tout de même subtile et blessant par la majorité des sondés.
Effectivement, les hommes portent 3 à 4 fois moins plainte que les femmes en France.
Les hommes sondés se disent mal à l’aise avec l’image de l’homme viril, stoïque et puissant. Cette image est source de complexes et de discriminations : être le « mâle alpha dominant » n’est pas le désir de tous, et cet objectif social est rejeté par beaucoup, parce qu’ils ne reconnaissent pas en cela. Même si ce sondage n’établit pas de vérité absolue et ne représente pas les hommes battus, il donne l’aperçu d’un certain mal-être présent dans notre société. C’est donc à nous de rectifier les erreurs du passé.
Alors, le sexisme masculin, un mythe ? Non, un tabou.
Le sexisme envers les hommes existe bel et bien, même s’il est minoritaire. Ces hommes se retrouvent alors dans la solitude de la méconnaissance sociétale, qui ne leur vient pas en aide. Il ne s’agit ni de victimiser les hommes, ni de culpabiliser les femmes, mais de remettre en question la vision que chaque genre a de l’autre, et de comprendre la source de nos problèmes comportementaux. Virilité et féminité sont peut-être des termes à revoir pour donner à nos sexes l’égalité qu’ils n’ont pas, en apparence.
Ça fait du bien de voir qu’une femme n’ayant pas une vision unilatérale du sujet du harcelement, c’est grâce à des articles comme ceux là que la réconciliation des sexes aura lieu un jour.
C’est gentil de la part de Schiappa de nous en informer (car on ne le savait pas), c’est sans doute pour ça qu’elle ne fait rien pour que ça change – car c’est surement à quelqu’un d’autre que la ministre de l’égalité de le faire. Excusez l’ironie.