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Les différentes violences conjugales

 

 

Un tyran dont on n’a plus peur est un tyran vaincu.

Cet article est aussi valable pour les hommes battus

 

 

La violence au sein du couple a des effets dévastateurs pour les femmes qui en sont victimes, tant sur leur santé physique que sur leur santé mentale. Il s’agit d’un important problème de santé publique dont on ne perçoit trop souvent que l’aspect le plus visible du phénomène, à savoir la violence physique, alors que ce qui constitue la violence, c’est un mode de relation basé sur le contrôle et la domination.

La peur est un des moteurs de cette maltraitance, ce qui paraît évident dans le cas de la violence physique, même si ce n’est pas toujours conscient chez la victime. Mais la peur est là bien avant, à tous les stades de la violence psychologique, c’est même un élément essentiel qui permet la mise sous emprise.

La violence physique

On ne peut pas parler de violence physique sans parler de violence psychologique car il existe un continuum entre les deux. Quand un homme frappe sa femme, son but n’est pas de lui mettre un œil au beurre noir mais de lui faire peur afin de la soumettre et de garder le pouvoir. L’enjeu de la violence, c’est toujours la domination. La plupart du temps, la violence physique n’intervient que si la femme résiste au contrôle et à la violence psychologique.

Même si la violence physique laisse des traces sur le corps, elle n’est pas pour autant facile à dénoncer car pour qu’un coup, et à plus forte raison une parole, soit qualifié de violent il faut qu’il paraisse intentionnel, et la plupart du temps les femmes ne mesurent la violence qu’en fonction de la douleur ressentie et de l’intentionnalité. C’est ainsi que, même si elle est blessée, une femme ne considèrera pas forcément une bousculade ayant entraîné sa chute comme étant de la violence, car le partenaire ne l’aura pas fait exprès.

La violence physique peut se réduire à un seul incident ou bien elle peut se produire de manière répétée, mais quand elle n’est pas dénoncée, il y a toujours une escalade en intensité et en fréquence. Il suffit ensuite d’évoquer une première agression par des menaces ou une gestuelle pour faire peur à la femme et qu’elle se soumette au conjoint violent. L’anticipation d’un coup est tout aussi dommageable pour la santé psychique d’une personne que le coup réellement porté. Cela est renforcé par l’incertitude dans laquelle la personne est tenue sur la réalité d’une menace. Il s’agit, sans qu’un coup ait été porté, de mettre mal à l’aise la partenaire, de créer une tension, de l’effrayer, afin de bien montrer son pouvoir.

La violence cyclique

Les premières études sur la violence de couple ont décrit des cycles de violence, mais toutes les relations violentes ne connaissent pas ces cycles. Seules les personnes impulsives sont violentes de façon cyclique. Cette forme de violence s’installe progressivement dans le couple, d’abord par de la tension et de l’hostilité. Le premier épisode se situe souvent pendant la grossesse ou dans les suites immédiates de l’accouchement. Le début n’est souvent pas repéré par la femme victime.

On décrit classiquement quatre phases :

  • une phase de tension, d’irritabilité de l’homme, liée, selon lui, à des soucis ou des difficultés de la vie quotidienne. Pendant cette phase, la violence n’est pas exprimée directement mais elle transparaît de façon indirecte ;
  • une phase d’agression où l’homme donne l’impression de perdre le contrôle de lui-même. Ce sont alors des cris, des insultes et des menaces, il peut aussi casser des objets avant de passer à la violence physique. Les hommes parlent souvent de l’éclatement de la violence comme d’un soulagement, d’une libération d’énergie négative accumulée. À ce stade, c’est parce qu’elle a peur que la femme ne réagit pas ;
  • une phase d’excuses, de contrition, où l’homme cherche à annuler ou à minimiser son comportement. Il l’explique par des motifs extérieurs (colère, alcool ou surcharge de travail), ou par l’attitude de la femme qui l’a provoqué ;
  • une phase de réconciliation, appelée aussi phase de « lune de miel », l’homme adopte alors une attitude agréable, il est soudainement attentif, prévenant. Il se montre même amoureux et fait des efforts pour rassurer sa femme.
Lorsque la violence est installée, les cycles se répètent dans une spirale qui va en s’accélérant dans le temps et avec une intensité croissante. Au fur et à mesure, la période de rémission se raccourcit et le seuil de tolérance de la femme augmente. Elle finit par trouver cette violence normale, voire justifiée. À un certain moment, si aucune rupture ne vient interrompre ce processus, peut apparaître un danger vital pour elle. Chez l’homme, il y a une sorte d’addiction à ce comportement, il ne sait plus soulager sa tension interne autrement que par la violence. Lorsque ce cycle est initié, il ne peut être interrompu que par l’homme lui-même. Quelle que soit son attitude, la femme n’a aucun moyen de l’arrêter.

 

Dans la violence cyclique, l’alternance de phases d’agressions suivies d’accalmies, ou même de réconciliation, crée un système punition-récompense. À chaque fois que l’homme violent est allé trop loin, et que la femme pourrait avoir la tentation de partir, elle est « raccrochée » par un peu de gentillesse ou d’attention. Induisant une confusion entre amour et sexualité, l’homme cherche une réconciliation sur l’oreiller. En même temps, il la dévalorise et elle perd confiance en elle ; il l’infantilise : « Que ferais-tu sans moi ? » Au bout d’un moment, elle est persuadée que sans lui, elle n’y arriverait pas.

L’emprise et la violence psychologique

La violence commence bien avant les bousculades et les coups. Si la violence physique est possible, c’est que, dès le début de la relation, le terrain a été préparé, que les défenses des femmes ont été levées. Les agressions physiques sont introduites par des micro-violences, une série de paroles de disqualification, de petites attaques verbales ou non verbales qui se transforment en harcèlement moral et diminuent leur résistance et les empêchent de réagir. Petit à petit, les femmes vont perdre tout esprit critique et vont « s’habituer ». Progressivement, de certains gestes ou attitudes, dont on n’est pas sûr qu’ils soient violents, on va passer à une violence identifiable, et la femme qui la subit va continuer à considérer tout cela comme normal. Beaucoup de femmes violentées ne savent pas qu’elles le sont, et on pourrait dire que la violence n’existe pas tant qu’elle n’est pas nommée. De nos jours, les femmes sont conscientes que la violence physique n’est pas acceptable mais elles le sont bien moins en ce qui concerne la violence psychologique.

Parce qu’elles ont peur, les femmes veillent à ne pas déplaire ; elles anticipent les réactions violentes, se font passe muraille, renoncent aux minijupes, au maquillage, même si c’est pour se faire ensuite reprocher de n’être pas suffisamment sexy. En même temps, leur estime de soi diminue, elles perdent toute assurance, deviennent plus fragiles et plus vulnérables. Vivant dans un climat de tension continuelle, elles augmentent également leur seuil de tolérance parce qu’elles doutent de plus en plus de leurs propres émotions et de leur compréhension de la situation.

Dès le début de la relation abusive, la peur est là, mais en raison de la mise sous emprise les femmes n’en sont pas toujours conscientes

S’il est possible d’évaluer les aspects physiques de la violence, il est beaucoup plus difficile de quantifier le ressenti d’une victime de violence psychologique. La difficulté à repérer les violences psychologiques vient de ce que la limite en est imprécise. C’est une notion subjective ; un même acte peut prendre des significations différentes suivant le contexte dans lequel il s’insère, et un même comportement sera perçu comme abusif par les uns et pas par les autres.

L’homme violent neutralise le désir de sa partenaire, réduit ou annule son altérité, ses différences, pour la transformer en objet. Il s’attaque à sa pensée, induit le doute sur ce qu’elle dit, pense, ou ressent, et en même temps fait en sorte que l’entourage cautionne cette disqualification. Cela empêche la femme de se révolter contre l’abus qu’elle subit, la rend obéissante, et l’amène à protéger son agresseur et à l’absoudre de toute violence.

La violence psychologique est constituée de paroles ou de gestes qui ont pour but de déstabiliser ou de blesser l’autre, mais aussi de le soumettre, de le contrôler, de façon à garder une position de supériorité [1].

Attaquer l’identité : pour ôter toute capacité de résistance de la femme sans qu’elle en ait conscience, il faut casser son estime de soi. Cela se fait par des attitudes dédaigneuses et des propos méprisants, en lui montrant qu’elle ne vaut rien, qu’elle n’a aucune valeur.

Isoler : pour que la violence puisse se perpétuer, il faut isoler progressivement la femme de sa famille, de ses amis, l’empêcher de travailler, d’avoir une vie sociale. En isolant sa femme, l’homme fait en sorte que sa vie soit uniquement tournée vers lui, il a besoin qu’elle s’occupe de lui, qu’elle ne pense qu’à lui. En même temps, il s’assure qu’elle ne soit pas trop indépendante pour ne pas qu’elle échappe à son contrôle.

Frustrer. C’est créer intentionnellement une situation de manque et de frustration ou ne pas répondre à ses attentes et la maintenir en insécurité. C’est refuser de lui parler, refuser de sortir avec elle, de l’accompagner aux fêtes de famille. C’est se montrer insensible et inattentif, ignorer ses besoins.

Un certain nombre de procédés de violence psychologique sont simplement destinés à faire peur :

L’intimidation : claquer les portes, briser des objets pour manifester sa mauvaise humeur. C’est aussi afficher son hostilité, jouer ostensiblement avec un couteau, conduire dangereusement. C’est terroriser sa partenaire par des agressions indirectes, par exemple en brutalisant l’animal de compagnie.

Le contrôle : pour s’assurer que la femme ne soit pas trop indépendante, il faut la surveiller, contrôler ses heures de sommeil, ses heures des repas, ses dépenses, ses relations sociales et même ses pensées, regarder ses messages sur son téléphone, fouiller son sac, vérifier ses passages sur Internet. Le contrôle peut se situer dans le registre de la jalousie ; c’est la suspicion constante et l’attribution d’intention non fondée au comportement de la femme.

Le harcèlement : c’est répéter la même chose jusqu’à ce que la personne, épuisée, finisse par céder. Ce sont des discussions sans fin pour lui faire avouer quelque chose. C’est la surveiller dans la rue, au téléphone…

Les menaces : ce peut être d’enlever les enfants, de priver d’argent, de frapper. L’anticipation d’un coup fait autant de mal pour le psychisme que le coup réellement porté. C’est suggérer qu’il y aura des représailles sur l’entourage si la femme n’agit pas dans le sens attendu.

Le chantage au suicide constitue une violence extrêmement grave car il conduit la partenaire à endosser la responsabilité de la violence. L’homme peut utiliser des manœuvres de rétorsion consistant à dire que si les choses se passent mal, c’est parce que la femme a tenté de se défendre.

L’inversion de la culpabilité est une conséquence directe de la manipulation et du chantage [2]. Les femmes pensent que si le partenaire est violent c’est parce qu’elles n’ont pas su le combler, qu’elles n’ont pas su s’y prendre avec lui ou qu’elles ont eu un comportement inadapté. Elles sont rendues responsables des difficultés du couple. C’est ainsi que lorsque les femmes vont au commissariat pour dénoncer la violence, elles ont l’impression d’être elles-mêmes violentes. Les hommes renforcent leur culpabilisation lorsque la femme menace de partir. Elles sont alors accusées de vouloir les détruire, et cela est renforcé par le chantage au suicide. Le partenaire leur injecte la culpabilité qu’il n’éprouve pas. En fait, l’inversion de la culpabilité se met en place parce que la victime ne réussit pas à faire le reproche de ce qu’elle subit à son agresseur. Les fautes qui n’ont pas été reprochées sont « portées » par les victimes, à défaut d’être reconnues par leur auteur.

Ces procédés amènent la femme à être sur le qui-vive, mais très souvent la peur est intériorisée ; la femme ne dit pas qu’elle a peur de son compagnon, elle se reproche d’avoir un comportement inadapté, de commettre des fautes qui irritent le partenaire.

Quand le processus est lancé, contrairement à ce que pensent les deux partenaires, il n’y a aucun espoir qu’il soit modifié par plus de tolérance ou de gentillesse de la part de la femme, bien au contraire.

Le conditionnement

La mise sous emprise permet que la destruction se poursuive même en dehors du partenaire violent. La femme sera en quelque sorte programmée, il suffira d’activer chez elle tel ou tel comportement pour qu’elle agisse comme on l’entend. C’est ainsi qu’en réactivant chez la femme des images d’isolement, de solitude, on ravive chez elle des peurs ancestrales. L’agresseur a pénétré son territoire psychique, il a brouillé ses limites, a colonisé son esprit. Il pense enelle. C’est comme si elle hébergeait un Alien à l’intérieur de soi. À ce stade, la peur a bloqué la femme, l’empêche de prendre conscience de sa situation et de réagir.

Parce qu’elles sont dans une situation sans issue, que tous leurs efforts pour améliorer la situation sont vains, et surtout que les agressions sont imprévisibles, les femmes victimes de violence deviennent passives. Elles n’arrivent même pas à imaginer comment elles pourraient changer cette situation et ne se sentent pas capables de le faire. C’est le phénomène d’impuissance apprise[3]. On sait désormais que ce phénomène se produit lorsque les agressions sont imprévisibles et incontrôlables, et qu’il n’y a aucun moyen d’agir pour changer la situation. Les femmes victimes de violence dans leur couple disent qu’elles ne savent jamais quand et pourquoi une tension apparaîtra, pourquoi elles se feront agresser, et elles constatent que toutes leurs tentatives pour calmer leur partenaire sont vaines. En effet, on ne sait jamais sur quel registre attendre un homme violent car il passe de l’un à l’autre. L’anticipation est impossible et les femmes sont dans un état de vigilance permanent. Cela entraîne chez elles un manque de réactivité, une diminution de leur capacité à trouver une solution, et un sentiment d’incompétence, de vulnérabilité ou de dépression lié au traumatisme émotionnel.

Alors qu’il paraîtrait logique de penser que plus une agression est grave, plus la femme a envie de partir, il apparaît au contraire que plus la maltraitance a été fréquente et grave, et moins la femme a les moyens psychologiques de partir.

Ces procédés peuvent amener également des modifications de la conscience, une sorte d’état hypnotique imposé, une sorte de transe qui modifie les perceptions de la femme, ses sensations et sa conscience. Par un phénomène de dissociation, la victime devient observateur extérieur de l’agression qu’elle subit. C’est pour elle un moyen efficace de survie, pour ne pas perdre la raison. C’est une stratégie passive de défense contre la peur, lorsqu’il n’y a aucune issue possible. Le dsm iv précise bien que ces états de dissociation peuvent résulter de manœuvres prolongées de persuasion coercitive (lavage de cerveau, redressement idéologique, endoctrinement en captivité [4]). Il est reconnu que l’on peut briser un prisonnier avec des privations émotionnelles et de l’isolement alternant avec des séances d’humiliation et de torture.

Néanmoins, la soumission apparente des femmes à leur conjoint violent ne doit pas être considérée uniquement comme un symptôme mais aussi comme une stratégie d’adaptation et de survie. La peur les rend prudentes, elles savent bien au fond d’elles que l’opposition frontale à un homme violent peut augmenter gravement sa violence, alors elles essaient de le calmer, de le satisfaire, de lui convenir afin d’éviter que les choses empirent. C’est en effet souvent quand les femmes ont pris la décision de partir que leur compagnon est le plus violent physiquement. Les femmes le savent et elles ont peur d’aggraver les choses en partant. Le chantage, les menaces et la manipulation redoublent. C’est pour cela que les femmes ont besoin d’être accompagnées et soutenues.

Conséquences de l’emprise

L’adaptation à la violence se fait différemment selon les circonstances. Selon Sluzki :

  • quand les violences sont de basse intensité et surviennent à un moment inattendu, comme dans le cas des micro-violences, il se produit une réaction de surprise et d’incrédulité ;
  • quand les violences sont habituelles et de basse intensité, il y a une sorte d’anesthésie de la personne qui s’habitue à être humiliée et écrasée. C’est ce qui se produit dans la violence perverse où les attaques ne sont pas reconnues au départ comme des agressions et où la peur n’est pas reconnue comme telle ;
  • quand les violences sont de forte intensité et inattendues, elles déclenchent d’abord une réaction d’alerte qui peut être défensive ou offensive, qui peut amener la personne soit à fuir en état d’angoisse, soit à affronter avec rage ;
  • quand la violence est extrême et présente un risque mortel, comme cela peut se produire face à un état de rage consécutif à la prise d’alcool ou de drogue chez un psychopathe, on peut voir une altération de la conscience, un état de désorientation et une paralysie des réactions. Au fond, lorsque la peur est intériorisée, il n’y a plus de réaction apparente [5].
La dépendance est une conséquence de l’emprise et de la manipulation. Il se crée une véritable addiction au partenaire qui s’explique par les mécanismes neurobiologiques et psychologiques mettant en jeu l’évitement de la souffrance et la recherche d’une récompense ou d’un apaisement. La persistance de liens de dépendance se poursuit alors même que la situation de conditionnement a disparu et cela, d’autant plus longtemps que le conditionnement s’est mis en place sur une longue période. Prise entre dépendance et violence, la personne ne peut se dégager et on aboutit parfois à une véritable mort psychique.

 

Conséquences sur la santé

La répétition et le caractère humiliant de certaines situations peuvent provoquer une véritable usure mentale et même amener la personne au suicide. Pris séparément, chaque petit manque de respect, chaque critique peut paraître anodin mais ces paroles ou ces gestes s’inscrivent dans un processus très destructeur pour l’estime de soi de la personne qui les subit.

Cela entraîne des troubles psychiques qui peuvent être tout d’abord de l’anxiété, ou des attaques de panique, des troubles du sommeil, de l’alimentation, des difficultés de concentration. Pour y pallier, beaucoup de femmes ont recours à des toxiques, alcool, tabac ou prise importante de médicaments psychotropes. Ces médicaments leur sont prescrits au départ pour les aider à mieux supporter le stress familial ou pour éliminer certains symptômes, mais ils sont inefficaces si on n’agit pas sur la violence à l’origine de ces troubles.

Les troubles psychosomatiques sont fréquents, car ce qui ne peut pas être parlé s’exprime avec le corps. Ce sont des douleurs chroniques, des céphalées, des lombalgies, de l’asthénie, des palpitations, des difficultés à respirer, etc. En plus de ces troubles en lien direct, l’état de tension permanente dans lequel les femmes violentées sont placées les rend plus vulnérables à toutes les maladies, par le biais de la baisse de leurs défenses immunitaires.

Le fait de ne pas réussir à exprimer leur colère face à la violence verbale et psychologique qu’elles subissent ne fait qu’exacerber leur anxiété. Mais elles risquent aussi de retourner cette colère contre elles-mêmes dans de l’automutilation ou des tentatives de suicide, ou de se déprimer. Les dépressions frappent plus de la moitié des femmes victimes de violences conjugales. Une étude sino-américaine sur 181 femmes a montré l’augmentation des états dépressifs en cas de violence conjugale, avec une sorte de relation « effet-dose », les climats les plus violents aboutissant aux dépressions les plus sévères. Ces femmes feraient cinq à huit fois plus de tentatives de suicide que les personnes de la population générale [6].

Conclusions

On reproche aux femmes victimes de violence de ne pas réagir, d’être trop soumises, mais en réalité elles ne font que développer des stratégies d’adaptation pour limiter la violence du partenaire et préserver le couple et la famille. Si elles tardent tant à partir, c’est qu’elles ont peur. C’est à nous, soignants, de les aider à se dégager de l’emprise qui les paralyse. Pour cela, il est essentiel de tenir compte de tous les aspects de la violence, et pas simplement de la violence physique.

Notes

  • [1]
    M.-F. Hirigoyen, Le harcèlement moral, la violence perverse au quotidien, Paris, Syros, La Découverte, 1998.
  • [2]
    M.-F. Hirigoyen, Femmes sous emprise. Les ressorts de la violence dans le couple, Paris, Oh éditions, 2005.
  • [3]
    L. Walker, Battered Woman Syndrome,New York, Springer, 1984.
  • [4]
    dsm ivManuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, American Psychiatric Association, traduction française : Paris, Masson, 1996.
  • [5]
    C. Sluzki, « Violencia familiar y violencia politica », dans Nuevos paradigmas, cultura y subjetividad,Buenos Aires, Paidos, 1994.
  • [6]
    M.H.-R. Hicks, Z. Li, « Partner violence and major depression in women : a community study of chinese americans », Journal of Nervous and Mental Disease, 191, 2003.En ligne
 
Mis en ligne sur Cairn.info le 05/06/2009
https://doi.org/10.3917/empa.073.0024
 

 

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18/05/2019
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