Les "hommes battus" ou la violence dont sont victimes les hommes de la part de leur compagne. Un phénomène bien souvent méconnu dans notre société. Pourtant il existe: un homme sur 20 en serait victime en Belgique. Des violences psychologiques mais aussi physiques. Tout comme chez les femmes, il est difficile pour eux d’expliquer et de témoigner de cette violence, le poids de la culture en plus.
Joël est l’une de ces victimes. Il a vécu 13 ans sous l'emprise de sa compagne et aujourd’hui il accepte de parler de sa souffrance: "J’éprouvais un certain malaise à vivre, je me sentais toujours mal dans ma peau. Je n’étais pas très gros et constamment rabaissé. Je n’étais pas soutenu par ma compagne. J’avais clairement le sentiment de servir de bête de somme."
Petit à petit, sa compagne fait le vide autour de lui: "Quand je revenais d’une réunion avec des amis, elle avait tendance à me dire que mes amis ne riaient pas avec moi mais de moi." Ça a semé le doute: "Moi j’étais plus jeune qu’elle et je la croyais. Je lui faisais confiance, j’étais naïf." Petit à petit, Joel s’éloigne de ses amis et fait le vide.
Le poids de la société
Dans la plupart des cas, pour un homme, révéler cette violence revient à mettre en cause une croyance encore bien ancrée dans la société: celle qu’il est le sexe fort. De plus, l'homme a tendance à penser que personne ne croira en son histoire.
Marie-Berte Ranwet est psychologue. Elle a longuement travaillé avec des hommes victimes de violences conjugales. Elle sait à quel point il est difficile pour un homme de se livrer: "Parce que notre culture ne le permet pas. Parce que d’habitude c’est lui qui est coupable de ce genre de choses. C’est un sujet qui émerge dans une culture où l’on parle beaucoup du harceleur et du manipulateur au masculin."
Pour cette psychologue, il est donc difficile de voir les choses dans le sens inverse: "De se dire qu’effectivement il y a des femmes manipulatrices, perverses qui utilisent la relation pour autre chose que pour le bien être des personnes."
Des femmes qui sont prêtes à faire du mal à leur mari, à leur compagnon, "à le faire dépérir", explique la psychologue, elle ajoute "Il faut lever ces tabous".
Pour l'anecdote, un homme sur deux qui consulte chez cette psychologue est envoyé… par sa femme.
Prochainement, un refuge pour hommes battus doit ouvrir ses portes à Malines. Le premier du genre.
RTBF