«CERTAINS SÉDUCTEURS N'ACCEPTENT PAS LA RÉSISTANCE»
«Certains séducteurs n'acceptent pas la résistance»
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INTERVIEW - Depuis le début de l'affaire Strauss-Kahn, on parle de séduction, d'obsession, d'addiction, voire de pathologie. Où finit la séduction, où commence le comportement sexuel pathologique? L'avis du Dr Roland Coutanceau, psychiatre, président de la Ligue française de santé mentale.
LE FIGARO. - Depuis le début de l'affaire Strauss-Kahn, on parle de séduction, d'obsession, d'addiction, voire de pathologie. Où finit la séduction, où commence le comportement pathologique ?
Dr Roland Coutanceau - La séduction est l'attitude normale dans laquelle deux êtres vont se retrouver dans une relation affective et sexuelle. Elle peut prendre une forme harcelante, compulsionnelle, ce qui est caractéristique du donjuanisme. Dans ce cas, le séducteur s'intéresse plus à obtenir ce qu'il cherche qu'à entrer dans une véritable relation avec l'autre. L'addiction est différente. Elle suppose une habituation et se situe dans une logique du besoin, telle une drogue. Là, on entre dans un comportement pathologique. Le sujet est dépendant de son désir au point d'être obsédé de manière permanente. Il est esclave de ses fantasmes, de ses pulsions et ne peut plus mener une vie normale. Ce comportement est pathologique mais pas répréhensible par la loi.
L'addiction peut-elle entraîner la violence ?
Elle ne signifie pas que la personne va passer à l'acte avec violence. L'agression sexuelle prend une autre dimension parce que le sujet va contraindre autrui à une relation sexuelle, faisant fi de son consentement. Dans ce dernier cas, on observe plusieurs types de positionnement des auteurs: nier les faits, reconnaître les rapports sexuels mais contester toute contrainte ou admettre avoir abusé de l'autre sans son consentement.
Il faut savoir aussi que ce comportement peut être unique dans la trajectoire biographique ou se répéter. Et, contrairement à ce que l'on pourrait penser, la plupart des agresseurs sexuels ne sont pas des récidivistes.
Le pouvoir peut-il être facteur de séduction, de sollicitation, de facilitation, voire d'abus ?
Il y a dans l'histoire un grand nombre d'hommes de pouvoir à qui l'on prête de multiples conquêtes, un besoin compulsif de relations avec les femmes. On est dans une forme où le sujet utilise la fascination du pouvoir, son influence sociale, qu'il troque contre un plaisir sexuel, avec le consentement de sa partenaire.
Il y a parfois un goût pour la compulsion sexuelle qui accompagne le pouvoir, mais on reste dans le jeu relationnel, sans entrer dans le champ de l'agression sexuelle. Cela étant, lorsque la séduction est compulsive, les conquêtes très fréquentes, il peut arriver que des sujets ne comprennent pas et n'acceptent pas la résistance. Des personnes habituées à séduire peuvent ponctuellement dériver dans une forme de contrainte, tant elles sont accoutumées à obtenir gain de cause.
* Auteur de La Violence sexuelle. Approche psycho-criminologique, aux Editions Dunod et de Apprivoiser la vie. Imploser, exploser ou rebondir aux Editions Michel Lafon.
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