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ÉTUDES DE GENRE

 

Études de genre

 
 
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Les études de genre forment un champ de recherche pluridisciplinaire qui étudie les rapports sociaux entre les sexes. Le genre, considéré comme une construction sociale, est analysé dans « tous les domaines des sciences humaines et sociales : histoire, sociologie, anthropologie, psychologie et psychanalyse, économie, sciences politiques, géographie… »1.

De manière générale, les études de genre proposent une démarche de réflexion et répertorient ce qui définit le masculin et le féminin dans différents lieux et à différentes époques, et s’interrogent sur la manière dont les normes se reproduisent au point de sembler « naturelles ».

Histoire[modifier | modifier le code]

Dès le xixe siècle, la question des personnes transgenre, sans que le mot soit ainsi formulé, trouble les conceptions sur le sexe et la sexualité : Karl Heinrich Ulrichs parle en 1860 d'« âme de femme dans un corps d’homme ». Toutefois, la question du genre se confond alors avec l'orientation sexuelle, les hommes homosexuels étant perçus comme efféminés2.

Ce sont les travaux de Margaret Mead qui jouent un rôle précurseur dès 19353. Elle y utilise le concept de « rôle sexué » qui distingue pour la première fois le rôle social et le sexe. Cette notion de « rôle sexué » est l'ancêtre direct de l'idée de genre4. Cependant, le terme « genre » est à l'époque utilisé en un sens radicalement opposé à celui qui nous est connu aujourd'hui. Il sert avant tout à la construction d'études normatives sur des sujets relatifs à la sexualité comme le montre le cas de John Money contre lequel se sont construites les études moderne sur la question du genre.

Dans les années 1950 aux États-Unis, le psychologue et sexologue controversé5 John Money formule pour la première fois une définition des rôles de genre (« gender roles ») dans des études qui portent sur l'hermaphroditisme. Selon sa conception, qui ne sera pas reprise par la suite5, la notion de genre permet de nommer l'écart entre rôle social sexué et l'assignation biologique des sexes quand celle-ci est ambigüe2. Dans le cas des jumeaux Reimer, David Reimer, dont le pénis a été carbonisé par une circoncision ratée, Money préconise une « réattribution sexuelle », persuadé qu'après l’ablation des testicules et un traitement hormonal, en étant élevé comme une fille, David deviendra une femme. À l'adolescence, Brenda-David refuse la vaginoplastie et se fait de nouveau opérer pour redevenir un garçon. David finit par se suicider en 2004, deux ans après son jumeau5.

En 1964Robert Stollerpsychiatre et psychanalyste, formule la notion d'identité de genre (« gender identity »). Il s'agit alors de différencier le genre de l'orientation sexuelle, les personnes transgenre des homosexuels2.

 
Joan W. Scott, une des pionnières de l'histoire du genre.

À partir des années 1970, les féministes reprennent le concept de genre dans une perspective critique. Mais si le mot est maintenu, les féministes s'éloignent radicalement des conceptions de John Money qui percevait le genre dans une logique normative5.

Ainsi, le genre rencontre l'entreprise de dénaturalisation du sexe formulée notamment par Simone de Beauvoir (« On ne naît pas femme, on le devient ») qui, dès 1949, expliquait comment la civilisation et l'éducation agissent sur les enfants pour les orienter dans un rôle masculin ou féminin alors même que filles et garçons ne sont pas initialement distinguables6. En 1972, la sociologue Ann Oakley reprend la notion de genre et s'appuie sur la distinction posée par Claude Lévi-Strauss entre nature et culture pour poser que « le genre n’a pas d’origine biologique, […] les connexions entre sexe et genre n’ont rien de vraiment “naturel” »2. L'anthropologue Sherry Ortner en 1975 s'interroge sur l'universalité de la domination masculine en explicitant la relégation des femmes à un rôle supposé naturel de reproduction2. Ces conceptions divergent alors totalement des travaux médicaux de Money et Stoller en introduisant la notion de rapport de pouvoir dans celle de genre2.

Ces travaux d'inspiration féministe remettent également en cause la vision androcentrée du savoir académique7. Les universitaires américains se nourrissent alors, à partir des années 1980 en particulier, de ce qu'on appelle alors aux États-Unis la « French Theory », c'est-à-dire notamment les travaux de Jacques DerridaMichel FoucaultJacques LacanRoland Barthes8. Ainsi l'historienne Joan W. Scott qui travaillait depuis les années 1970 sur l'histoire des femmes en considérant dans une perspective marxiste le matérialisme et la lutte des classes, questionne en 1988 dans Gender and the Politics of History l'approche masculiniste de l'histoire et reproche notamment à certains auteurs de considérer la culture de classe comme universelle sans prendre en compte son côté masculin8. Pour elle, il ne s'agit plus en effet de simplement décrire l'histoire des femmes mais de mettre en lumière les rapports de genre jusque-là cachés qui définissent l'organisation des sociétés2.

 
Judith Butler a proposé des analyses du caractère performatif du genre.

À cette époque, les études de genre reçoivent une forte institutionnalisation dans les universités américaines, par la création de revues et de cursus spécialisés. Ce n'est pas le cas en France malgré les apports théoriques des intellectuels ou chercheurs français, à l'exception notable de l'ATP9 Recherches sur les femmes et recherches féministes2,10, accompagné dans le secteur de l'édition grand-public de la publication de L'histoire des femmes en Occident sous la direction de Michelle Perrot et Georges Duby2. Le mot « genre » introduit en France par l'historienne Joan W. Scott en 1988 fait débat, et les chercheuses utilisent une terminologie très variée pour désigner le contenu de leurs études, parlant d'études sur les femmes, féminines, féministes ou encore de rapports sociaux de sexe, de discriminations, etc. même si globalement le terme de genre finit par devenir dominant dans les années 201010.

À partir des années 1990Judith Butler développe la notion de performativité dans les analyses de genre : les actes et les discours des individus non seulement décrivent ce qu'est le genre mais ont en outre la capacité de produire ce qu'ils décrivent. Elle décrit alors le genre comme « une série d’actes répétés […] qui se figent avec le temps de telle sorte qu’ils finissent par produire l’apparence de la substance, un genre naturel de l’être »11. Pour Butler, c'est le genre qui construit le sexe : s'il existe des différences biologiques, elles ne sont pas en elles-mêmes significatives. C'est le genre, et donc la construction sociale, qui assigne un sens aux différences sexuelles8.

Pour Butler, mais également Scott ou des chercheuses françaises comme Christine Delphy ou Nacira Guénif-Souilamas, le genre en tant que rapport de pouvoir s'inscrit dans d'autres rapports de pouvoir impérialiste[pas clair], basés sur la race ou l'orientation sexuelle2, le genre faisant partie d'une norme sociale générant de l'exclusion12.

Par ailleurs, depuis quelques années, la notion de genre a été banalisée, et les études de genre ont pris un tournant moins critique : si elles trouvent leurs origines dans des approches féministes, aujourd'hui beaucoup d'universitaires appréhendent les études de genre sans avoir d’appétence particulière pour le féminisme12. Par ailleurs, les études de genre sont aujourd'hui sous le feu des critiques de « masses de citoyens français » qui considèrent, qu'elles constituent une attaque contre la famille traditionnelle. Pour Bruno Perreau, la théorie queer serait ainsi devenue le symbole des dérives des études de genre aux yeux de ses adversaires13. Cet argument aurait été central dans les manifestations de 2012 et 2013 contre le « mariage pour tous »[réf. souhaitée].

Description[modifier | modifier le code]

Les études de genre, appelées aussi « études genre » ou « études sur le genre », forment un champ de recherche développé à partir des années 1970 qui étudie les rapports sociaux entre les sexes14. Le mot « études » est toujours au pluriel pour préciser la pluridisciplinarité de ces recherches15.

L'expression théorie du genre est utilisée essentiellement par les adversaires du concept des études de genre, qui parlent aussi de « théorie du gender » ou encore « théorie du genre sexuel » ; elle aurait pour but de faire croire à une idéologie ou à une stratégie politique14. En effet, les études sur le genre sont uniquement reliées par un objet de recherche commun, porté par ses propres revues savantes, associations, diplômes, manuels de références, etc.16Bruno Perreau tempère toutefois cette vision : si les études de genre sont uniquement définies par un objet commun, elles risquent alors de réifier cet objet plutôt que de le mettre en question, ce que notait déjà Joan W. Scott en 201017. Bruno Perreau rappelle également l'importance de la théorisation du genre dans la constitution de ce champ d'études. Ce geste théorique risque d'être menacé si la réponse aux théories du complot contre le genre18 est uniquement défensive19.

Le genre dans différentes disciplines[modifier | modifier le code]

Anthropologie[modifier | modifier le code]

L'anthropologue Françoise Héritier appelle « la valence différentielle des sexes » le fait que « partout, de tout temps et en tout lieu, le masculin est considéré comme supérieur au féminin »20. Le genre s'inscrit ainsi dans une hiérarchie : elle constate que, bien que les caractéristiques associées au féminin et au masculin diffèrent d'une culture à l'autre, « le positif est toujours du côté du masculin, et le négatif du côté du féminin »21.

Ce faisant, Héritier constate un manque dans la théorie de l'alliance formulée par Claude Lévi-Strauss : pourquoi les hommes se sentaient-ils le droit d'utiliser les femmes comme monnaies d'échange22 ?

La non-prise en considération des rapports sociaux dans lesquels les femmes sont impliquées est qualifiée d'androcentrisme par Nicole-Claude Mathieu23.

Linguistique et sciences du langage[modifier | modifier le code]

L'idée issue des premières travaux sur le genre et le langage des sociolinguistiques américaines selon laquelle les hommes et les femmes ne parlent pas la même langue est mis à mal par l'anthropologie linguistique et culturelle dans les années 1970. Ce champ d'études s'intéresse à la domination exercée par les hommes sur les femmes à travers le langage. L'étude des genres et des styles discursifs dans des sociétés non occidentales permet de souligner que les parlers masculin et féminin relèvent de stéréotype sexistes24.

Robin Lakoff avec son ouvrage Language and women's place, publié en 1975 marque la naissance des études sur le genre et le langage aux États-Unis. Il appréhende les pratiques linguistiques des femmes comme effets de la domination masculine24.

Dans le même temps, de nombreux travaux francophones analysent le sexisme de la langue française. Des travaux féministes questionnent les liens entre langue, sexage, sexisme et sexualité. En 1978, Marina Yaguello étudie l'aliénation des femmes dans et par la langue, dans son essai Essai d'approche sociolinguistique de la condition féminine24.

Parlers masculins, parlers féminins, publié en 1983, par Véréna Aebischer et Claire Forel interroge les stéréotypes linguistiques et les stratégies conversationnelles et propose de dépasser la perspective différentialiste25. Des travaux de sémiologie, de sémantique, de lexicologie mettent au jour les dissymétries lexicales, les désignations péjorantes des femmes, l'occultation des femmes par le masculin dit « générique ». Ces travaux font le parallèle entre la dévalorisation et l'invisibilisation du féminin dans la langue et les femmes dans la société24.

Psychologie[modifier | modifier le code]

La psychologie évolutive, dérivant du darwinisme, considère que les différences de comportement entre femmes et hommes sont dues à la pression de l'environnement sur les gènes, ce qui expliquerait les comportements plus agressifs attendus chez les hommes plutôt que chez les femmes. Toutefois, cette hypothèse reste également peu étayée26.

Selon l'approche cognitive développementale de Lawrence Kohlberg, les enfants apprennent à connaître les stéréotypes de genre à partir de leur environnement. Lorsqu'ils acquièrent la « consistance de genre » (la connaissance que leur sexe est fixe), vers six ans, le fait de se conformer à ce qu'on attend d'eux (par exemple, jouer aux poupées pour les petites filles et au camion de pompier pour les garçons) est alors gratifiant socialement. Et à l'inverse, il devient inacceptable de ne pas se comporter en accord avec son genre26. L'approche psychosociologique ajoute que les différences de comportement entre femmes et hommes sont le produit de la division sexuelle des tâches et que cette division se reproduit par les pratiques traditionnelles et culturelles : les stéréotypes de genre façonnent la perception des comportements et conduisent à leur propre réalisation26.

Psychanalyse[modifier | modifier le code]

Selon Christine Guionnet et Erik Neveu, « l’une des principales sources d’inspiration des réflexions autour du genre est la psychanalyse » à travers l’intérêt porté à la sexualité infantile dans « la formation de l’identité de genre »27.

Monica Zapata rapporte que selon Sivia Tubert « dans ses travaux sur la sexualité féminine, Freud devance son temps en soutenant aussi bien le caractère construit – et non pas naturel ni simplement conventionnel – de la féminité et de la masculinité, que le caractère incertain et indécidable de leur signification »28 et que la psychanalyse refuse « le principe d’une identité sexuelle biologiquement déterminée »29.

D'après Plon et Roudinesco, pour Sigmund Freud, la sexualité se manifeste dès l'enfance dans le complexe d'Œdipe par le désir inconscient d'entretenir un rapport sexuel avec le parent du sexe opposé et celui d'éliminer le parent rival du même sexe30, mais la différence des sexes n'existe pas dans l'inconscient et aucune personne n’est spécifiquement masculine ou féminine à ce titre31, la sexualité étant tout autant liée à une représentation sociale, mentale ou subjective qu'à une différence anatomique32.

Roudinesco et Plon rapportent également que pour Melanie Klein, il n'y pas d'étape œdipienne, seul le rapport à la mère compte33 et que pour Jacques Lacan, tout est affaire d'identification, celle à la mère étant primordiale mais le complexe d’Œdipe devient selon lui une fonction symbolique : le père, représentant de la loi, empêche la fusion de l'enfant avec la mère34.

Selon Christine Guionnet et Erik Neveu, une perspective anglo-américaine, avec en particulier Nancy Chodorow et Carol Gilligan, montre « combien le genre est déterminé par les relations au père et à la mère et par l'expérience domestique »27. Ainsi selon Nancy Chodorow, « l'importance essentielle du complexe d'Œdipe n'est pas d'abord dans le développement d’identités de genres adéquates ou de la sexualité génitale socialement requise, mais dans la constitution de formes différentes de potentiel relationnel chez des êtres de genre différents »35.

Si Judith Butler s'« inquiète de ces perspectives psychanalytiques selon lesquelles la différence sexuelle est « indéniable » et qui pathologisent tout effort pour suggérer qu’elle n’est pas si primordiale ou dénuée d’ambiguïté... »12, Monica Zapata rapporte que selon la psychanalyste Monique David-Ménard : « la théorie psychanalytique a depuis les débuts de sa réflexion, intéressé Judith Butler, qui n’a jamais cessé de produire une lecture intelligente et personnelle des textes de Freud et Lacan, en particulier »36.

Joan Wallach Scott remarque qu'« il y a certes des psychanalystes homophobes qui exercent, tant en France qu’aux États-Unis, mais il n’y a rien qui soit de manière inhérente réactionnaire chez Freud, ou d’ailleurs chez Lacan »12.

Selon le psychologue social Armand Chatard, la représentation freudienne du complexe d’Œdipe n'est selon certains chercheurs peu ou pas étayée par des données empiriques26

Biologie[modifier | modifier le code]

Selon une étude de Ragini Verma, qui a étudié les cerveaux de 521 femmes et 428 hommes, les connexions neuronales diffèrent d'un sexe à l'autre : le cerveau des femmes est connecté de manière à favoriser les compétences sociales et la mémoire, celui des hommes la perception et la coordination des actions37.

La neurobiologiste Catherine Vidal montre en se basant sur des techniques d'imageries cérébrales comme l'Imagerie par résonance magnétique que seules 10 % de ces connexions nerveuses entre neurones sont réalisées à la naissance et que les 90 % se construisent « progressivement au gré des influences de la famille, de l'éducation, de la culture, de la société ». Ainsi, selon ses travaux, « À la naissance, le bébé humain ne connaît pas son sexe » et si les femmes et des hommes adoptent des comportements de genre stéréotypés, « la raison tient d'abord à une empreinte culturelle rendue possible grâce aux propriétés de plasticité du cerveau humain »38,39. Catherine Vidal réfute ainsi l'idée d'un « déterminisme biologique »40 et estime que du fait de la plasticité neuronale, la différence entre les cerveaux des deux sexes est négligeable comparée aux différences individuelles41.

Selon les travaux de Lise Eliott, bien que les « garçons et filles sont influencés dans l'utérus par différents gènes et différentes hormones qui leur sont propres »42, il n'y a pas de différences entre cerveaux de femmes et d'hommes (la seule étude démontrant une différence entre cerveau droit et cerveau gauche des femmes et des hommes ayant été contredite par une cinquantaine d'autres) : les différences comportementales entre garçons et filles s'expliquent par l'éducation parentale à la reconnaissance de soi comme appartenant à l'un ou l'autre des sexes43.

En 2013, le biologiste William Reville réfute dans une tribune la théorie de la construction sociale des comportements. Il déclare que « la biologie joue un rôle majeur dans la détermination des comportements masculins et féminins », mentionnant l'influence des hormones prénatales et le cas de David Reimer, un homme qui, bien qu'ayant subi une réattribution sexuelle et ayant été élevé comme une fille dès l'âge de 22 mois tout en ignorant tout de son sexe biologique, s'est toujours considéré comme un garçon44.

Des recherches ultérieures arrivent à des constats similaires. Selon la neuroscientifique Sandra Witelson, les scanners IRM montrent qu'« il y a des centaines de différences anatomiques et chimiques entre les cerveaux masculins et féminins » ; elle ajoute que, dès la cinquième semaine de gestation, la testostérone change à jamais les embryons mâles ainsi que leur cerveau. Selon le Dr Apostolos Georgopoulos, qui pointe des différences dans la façon dont ils traitent l'information, « les cerveaux des femmes sont définitivement différents de ceux des hommes »45.

En 2017, la plus grande étude sur le sujet, réalisée sur 2 750 femmes et 2 466 hommes, montre que si les cerveaux masculins et féminins sont en majeure partie similaires, il existe néanmoins des différences importantes. Le cortex des cerveaux féminins est ainsi plus épais, tandis que le volume cérébral des cerveaux masculins est plus important46,47.

Critiques du champ[modifier | modifier le code]

Des études biaisées ?[modifier | modifier le code]

Certains universitaires voient dans les études de genre une recherche biaisée.

L'anthropologue Frank Salter, sans remettre en cause l'ensemble des études de genre, les accuse de faire preuve d'une prévention contre la biologie (« anti-biological bias ») et considère que « la biologie détermine si une personne a des organes reproducteurs mâles ou femelles, ce qui correspond habituellement à sa sexualité, la structure de son cerveau et à ses préférences. Aucun changement de coutumes, de lois, de croyances, d'endoctrinement ou de pratiques n'a ces effets »48.

Pour la sociologue Helen Lindberg, les quatre théories sociales féministes qu'elle a étudiées ne sont pas idéologiquement neutres et peuvent donner une vision biaisée de la société. Elle critique également ces théories comme manquant de cohérence, ne permettant pas de peser sur l'évolution de la société et s'accordant mal avec « les preuves empiriques »49.

Le biologiste évolutionniste Ulrich Kutschera (de) de l'Université de Kassel, considère pour sa part les études de genre comme « une pseudoscience universitaire »50.

Pour le philosophe Dominique Lecourt, les études de genre sont avant tout un « bien bel exemple de politiquement correct » et, dans les universités françaises, des « sous-produits de recherche américains »51.

Un terme récupéré ?[modifier | modifier le code]

Selon Judith Butler, le terme d'« études de genre » a perdu son caractère critique :

« Dans la trajectoire qu’elle décrit, le pouvoir critique d’un terme a été domestiqué : il s’est perdu, dès lors que les études de genre devenaient pour beaucoup simplement le moyen de s’appuyer sur des conceptions fondées sur l’évidence du genre pour décrire et analyser son fonctionnement social. C’est ainsi qu’on entend parler aujourd’hui d’un « facteur de genre » dans les élections : nombre d’universitaires s’engouffrent dans les études de genre sans avoir pour le féminisme un intérêt particulier. Je crois qu’il est important de souligner que le travail du genre s’est déployé dans un cadre féministe mais que, maintenant, souvent, on rencontre des définitions des études de genre qui s’écartent clairement non seulement du féminisme, mais plus généralement des approches politisées12. »

Personnalités associées aux études de genre[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

La bibliographie est considérable. On ne donnera ici que les textes les plus importants ou qui peuvent servir d'introduction à ce domaine en privilégiant plutôt les traductions françaises.

En langue française[modifier | modifier le code]

  • Sylviane AgacinskiFemmes entre sexe et genre, Seuil, 2012.
  • Arnaud Alessandrin, Brigitte Esteve-Bellebeau, Genre : l'essentiel pour comprendre, Des ailes sur un tracteur, 2014.
  • Marc Guillaume, Marie Perini La question du genre, sexe, pouvoir, puissance, Éditions Michel de Maule, 2011
  • Nicole Albertdossier « Mythes et genre », Diogène, no 208, PUF, 2004
    • Nouvelles perspectives dans les gender studies, Diogène, no 225, PUF, 2009
    • Homos. Repenser l'identité, Paris, Odile Jacob, 1998
  • Laure BereniSébastien ChauvinAlexandre Jaunait et Anne RevillardIntroduction aux gender studies - Manuel des études sur le genre, Bruxelles-Paris, De Boeck, coll. « Ouvertures politiques », , 248 p. (ISBN 978-2-8041-5341-0).
  • Laure Bereni et Mathieu Trachman, Le genre, théories et controverses, Paris, Presses Universitaires de France, coll. « La Vie des Idées », , 100 p. (ISBN 978-2-13-062965-8) Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Marie-Hélène BourcierQueer zones, Balland, Paris, 2001
    • Sexpolitiques. Queer Zones 2, La fabrique, Paris, 2005
  • Rosi BraidottiVers une subjectivité viable, in M.G. Pinsart (éd.), Genre et bioéthique, Annales de l'Institut de philosophie de l'Université de Bruxelles, 2003
  • Judith ButlerLa vie psychique du pouvoir, éd. Léo Scheer, Paris, 2002
    • Antigone : la parenté entre vie et mort, EPEL, Paris, 2003
    • Le Pouvoir des mots. Politique du performatif, Éditions Amsterdam, Paris, 2004
    • Humain, Inhumain. Le Travail critique des normes. Entretiens, Éditions Amsterdam, Paris, 2005
    • Judith ButlerTrouble dans le genre. Pour un féminisme de la subversion, La Découverte, Paris, 2005
    • Défaire le genre, Éditions Amsterdam, Paris, 2006
    • Bodies that Matter, Leo Scheer, Paris, 2006
  • Pat CalifiaLe mouvement transgenre. Changer de sexe, EPEL, Paris, 2003
  • George ChaunceyGay New York. 1890-1940, Paris, Fayard, 2003
  • Conseil pontifical pour la Famille, Gender - La controverse, Téqui, Paris, 2011
  • François CussetFrench Theory, La découverte, Paris, 2003
  • Christine DelphyL’Ennemi principal 2, Penser le genre, Paris, Syllepse, 2001
  • Elsa DorlinSexe, Genre et Sexualités, Paris, PUF Philosophies, 2008
  • Bracha L. EttingerRegard et éspace-de-bord matrixiels, Bruxelles, La lettre volée, 1999
  • Georges-Claude GuilbertC'est pour un garçon ou pour une fille? : la dictature du genre, Paris, Autrement, coll. « frontières », , 116 p. (ISBN 978-2-746-70506-7OCLC 300264045)
  • Françoise Héritier Masculin, Féminin. La pensée de la différence. Paris, Odile Jacob, 199652,53.
  • Marie-Claude HurtigMichèle Kail et Hélène Rouch (dir.), Sexe et genre, de la hiérarchie entre les sexes, Paris, CNRS, 1991 ; réédition 2002.
  • Thomas Laqueur, La Fabrique du sexe. Essai sur le genre en Occident, Paris, Gallimard, 1992
  • Virginie MartinPour une approche critique de la diversité au regard du genre, Revue Française de Gestion, 2010
  • Nicole-Claude MathieuL’Anatomie politique. Catégorisations et idéologies du sexe, Paris, Côté-femmes, 1991
  • Marie-Pierre MoreauLes enseignants et le genre, Paris, PUF, 2011
  • Laure MuratLa Loi du genre, une histoire culturelle du 'troisième sexe', Paris, Fayard, 2006.
  • Lorena PariniLe système de genre. Introduction aux concepts et théories, Zürich, Ed. Seismo, 2006
  • Roland PfefferkornInégalités et rapports sociaux. Rapports de classes, rapports de sexes, Paris, La Dispute, 2007
  • Juliette Rennes (dir.), Encyclopédie critique du genre, Paris, La Découverte,  (ISBN 9782707190482)
  • Elisabeth Roudinesco et Michel Plon, Dictionnaire de la psychanalyse, Paris, Fayardcoll. « La Pochotèque »,  (1re éd. 1997) (ISBN 978-2-253-08854-7) Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Joan W. ScottLa citoyenne paradoxale, Albin Michel, 1998
    • Parité ! L'universel et la différence des sexes, Albin Michel, 2005
  • Robert StollerFaits et hypothèses : un examen du concept freudien de bisexualité in collectif : Bisexualité et différence des sexes, Gallimard - Folio, No 359, 2000 (ISBN 2070411869)
  • Louis-Georges Tin, (dir.) Homosexualités : expression/répression, Stock, 2000
    • (dir.) Dictionnaire de l'homophobie, PUF, 2003
    • L'invention de la culture hétérosexuelle, Autrement, 2008
  • Monique WittigLes Guérillères, Éditions de Minuit, Paris, 1969

En langue anglaise[modifier | modifier le code]

Études[modifier | modifier le code]

Revues[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1.  « Les gender studies pour les nul(-le)s » [archive], sur Sciences humaines (consulté le 23 juin 2014).
  2. ↑ Revenir plus haut en :a b c d e f g h i et j Éric Fassin, « L’empire du genre. L’histoire politique ambiguë d’un outil conceptuel », L'Hommevol. 3-4, nos 187-188,‎ p. 375-392 (lire en ligne [archive]).
  3.  1935 : (en) Sex and temperament in three primitive societies William Morrow and co. Réédition: perennial, 2001, (ISBN 0-06-093495-6).
  4.  « Les Gender Studies pour les nuls » [archive].
  5. ↑ Revenir plus haut en :a b c et d Renée Greusard, « NouvelObs Le « savant fou » John Money, monstre utile des opposants au genre » [archive] (consulté le 7 février 2014).
  6.  (fr) La construction sociale des catégories de sexe : Simone de Beauvoir, Le deuxième sexe, classique.uqac.fr, 2007.
  7.  « Égalité entre les femmes et les hommes. Orientations stratégiques pour les recherches sur le genre » [archive], sur Ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche (consulté le 6 février 2014).
  8. ↑ Revenir plus haut en :a b et c Gaëlle Krikorian, Philippe Mangeot, Adèle Ponticelli et Pierre Zaoui, « History trouble », Vacarmeno 66,‎ p. 218-248 (lire en ligne [archive]).
  9.  L'ATP ou Action thématique programmée est un programme de recherche de 4 ans piloté par le CNRS, et rassemblant des contributions universitaires sur une thématique déterminée (ici, les femmes), dans une optique multi-disciplinaire.
  10. ↑ Revenir plus haut en :a et b Sibylle Schweier, Brigitte Lhomond, Mathilde de Saint-Léger « Les recherches sur le genre et/ou les femmes en France - Analyses du recensement national réalisé par le CNRS » [archive], CNRS, septembre 2014.
  11.  Judith ButlerTrouble dans le genre. Le féminisme et la subversion de l'identité, Paris, La découverte, , p. 109.
  12. ↑ Revenir plus haut en :a b c d et e Butler Judith et al., « Pour ne pas en finir avec le « genre »... Table ronde », Sociétés & Représentations 2/ 2007 (n° 24), p. 285-306 lire en ligne [archive]DOI:10.3917/sr.024.0285.
  13.  (en) Bruno Perreau, Queer Theory: The French Response, Stanford, CA, Stanford University Press, , 276 p. (ISBN 9781503600447lire en ligne [archive])p. 75-81.
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Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]



07/11/2019
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