Journées à rallonge au bureau, enfants dont il faut s’occuper, dîner entre amis à organiser... Et en plus, il faudrait trouver le temps de faire l'amour, et si possible durant au moins 25 minutes. Et la chose se complique encore un peu plus lorsqu’il y a un décalage de désir.

«Les problèmes de désir sont la première cause de consultation, ils concernent 70 à 75% de mes patients. Et les hommes sont autant concernés que les femmes, contrairement aux idées reçues», pose la sexothérapeute Marie-Line Urbain en préambule. Si la situation est courante, elle peut néanmoins entraîner incompréhensions et frustrations, si les partenaires n’en parlent pas. La sexothérapeute livre ses clefs pour y remédier.

 

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Lefigaro.fr/madame.– Vous dites que les problèmes de désir sont très courants. Comment les couples qui en souffrent gèrent-ils la situation avant de consulter ?
Marie-Line Urbain.- En général, très mal. Il existe deux cas de figure. D'un côté, il y a ceux qui éprouvent une grande frustration, qui va peu à peu créer des conflits à propos des petites choses de la vie courante. On préfère se disputer à propos d'un sujet banal plutôt que de crever l'abcès et aborder le problème de la sexualité.
De l'autre, il y a ceux qui finissent par s'habituer au décalage. Ils préférent tirer un trait sur leur vie sexuelle plutôt que de brusquer leur conjoint(e). Des non-dits s'installent, l'entente et la complicité s'étiolent, et c'est à partir de ce moment qu'ils se disent qu'il faut consulter.

En vidéo, 10 aliments pour doper sa libido

 
10 aliments pour doper sa libido
 
 
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Quelles peuvent être les causes d'une baisse de libido ?
Les causes peuvent être nombreuses et il y a souvent un ou plusieurs éléments déclencheurs, parfois sources de rancœur, ou de rancune. Il ne faut pas faire de généralités, mais il n'est pas rare que la perception de l'autre évolue. Je vois régulièrement des couples qui me disent qu'avec le temps, ils se sentent plus comme des frères et sœurs que comme un couple. De même lorsqu'une femme devient mère : elle peut avoir une relation si fusionnelle avec son enfant au point d'en oublier son conjoint.
L'engagement aussi peut être une cause d'écart de désir. L'un des deux partenaires se sent enfermé, comprend qu'il doit dire adieu à sa liberté, et par conséquent, il a moins de désir pour son/sa partenaire. Mais en tout cas une chose est sûre, le rythme de vie, le fait d'avoir trop de travail ou pas suffisamment de temps, c'est une excuse.

Que préconisez-vous à vos patients confrontés à ce problème ?
Il n'existe aucun remède miracle. Avant tout, il faut trouver la source du problème. Pour cela, communiquer est essentiel. Chaque partenaire doit expliquer à l'autre ce qu'il aime ou n'aime pas en matière de sexualité, afin de comprendre aussi ce qui bloque. Il est important que chacun trouve sa place lors des rapports. Recréer du lien est aussi essentiel, car souvent altéré lorsque la sexualité est mise à mal. Les écarts de libido peuvent créer un fossé dans le couple. Le conjoint a peur de se rapprocher de sa compagne de peur qu'elle pense qu'il veut à tout prix lui sauter dessus, ou inversement, ce qui finit par créer une distance. Il faut donc remettre de la sensualité avant la sexualité. Recréer du contact et de la proximité, apprivoiser la sensualité, la tendresse, prodiguer des massages... Toutes ces petites choses permettent déjà de faire un premier pas pour retrouver un équilibre.

Quelles peuvent être les conséquences de ce décalage sur le couple ?
Cela créé de la frustration pour les deux partenaires. En réalité, ce n'est pas l'absence de rapport sexuel qui détruit le couple, mais plutôt la raison pour laquelle ils ne font plus l'amour. L'absence de sexe n'est qu'un symptôme. Il faut donc comprendre quel est le sujet qui fâche. Ils peuvent être nombreux, l'éducation, l'argent, la religion, le travail, la santé et les projets, sont les principaux piliers du couple. Ils peuvent être source de discordes et donc, d'absence de désir.

Quels sont vos conseils pour être heureux dans sa vie sexuelle ?
Une vie sexuelle épanouie est avant tout une sexualité centrée sur soi-même, contrairement à ce que l'on pense. Si on fait l'amour par obligation, ça ne peut pas fonctionner. Je dois faire l'amour parce que j'en ai envie, non pas parce que la société m'impose un rythme par semaine et une durée de rapport idéale. Aussi, il faut comprendre que le désir n'est pas naturel. Si je ne le stimule pas, il s'éteint. Il faut donc sans cesse redonner l'impulsion. Pour cela, il faut travailler l'érotisation de son propre corps, ses fantasmes, et chercher ce qui nous stimule vraiment, d'où l'importance aussi de la masturbation. La vue, le toucher et les fantasmes jouent un rôle fondamental sur le désir, et donc, sur notre sexualité.

Il ne faut pas non plus tomber dans l'excès inverse, la «course à la performance»...
Effectivement, et pourtant cette idée semble perdurer chez les femmes avec notamment l'idée qu'elles doivent à tout prix avoir un orgasme à chaque rapport. Ce qui est quasiment impossible aujourd'hui puisque de nombreuses femmes ne parviennent plus à lâcher prise. Si elles ne sont pas dans de bonnes dispositions, suffisamment détendues et bien dans leur tête, ça ne pourra pas fonctionner. Il faut garder en mémoire que l'orgasme ne se donne pas, il se prend.

* Cet article, initialement publié en décembre 2017, a fait l'objet d'une mise à jour.