«LA COMPLEXITÉ DE LA SEXUALITÉ DE L'HOMME EST SOUS-ESTIMÉE»
«La complexité de la sexualité de l'homme est sous-estimée»
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INTERVIEW - Claude Crépault, président-fondateur de l'Institut international de sexoanalyse, cofondateur du département de sexologie et professeur honoraire à l'université du Québec, à Montréal, publie La Sexualité masculine (Éd. Odile Jacob).
LE FIGARO. - Vous qui travaillez depuis plus de quarante ans en sexologie, diriez-vous que le regard sur le désir masculin a évolué?
Claude CRÉPAULT. - Hélas, je dirais qu'aujourd'hui comme hier on a tendance à réduire le désir sexuel de l'homme à un simple mouvement pulsionnel, à un état de tension (en soi non satisfaisante) qui doit faire appel à une décharge orgastique (modèle hydraulique). On sous-estime la complexité de la sexualité masculine, et on a du mal à reconnaître la fonction défensive de celle-ci: l'homme rentre dans le territoire d'Éros comme dans un refuge. Assez souvent, il se sert de la sexualité pour se réparer, lorsqu'il doute de sa masculinité notamment. C'est en réalité sa vulnérabilité qui intensifie sa libido.
Qu'y a-t-il de particulièrement complexe dans cette sexualité masculine?
La sexualité masculine apparaît plus complexe que celle de la femme, car elle est utilisée davantage à des fins défensives et elle peut prendre de multiples voies transversales. La plupart des conduites sexuelles atypiques et des actes sexuels délictueux sont nettement plus fréquents chez les hommes. La sexualité est pour l'homme, plus que pour la femme, un moyen de résoudre illusoirement des conflits psychoaffectifs.
Vous semblez assez «pessimiste» quant au désir de ceux qui vivent en couple… Quels sont les principaux obstacles à un désir durable de l'homme? Ce qui va le favoriser?
Je ne suis pas pessimiste, mais réaliste: la grande proximité des personnes qui vivent en couple engendre, presque inévitablement, une sorte d'usure érotique. Dans certains cas, cette proximité conjugale active le tabou de l'inceste. C'est vrai aussi bien pour l'homme que pour la femme (du moins celle qui aime le sexe).
Le couple doit «apprendre» à se renouveler sur le plan érotique et les magazines populaires regorgent d'ailleurs de «recettes» pour maintenir la vie érotique du couple. Une des meilleures recettes est d'harmoniser l'imaginaire et le réel à l'intérieur du couple. Les partenaires n'ont pas à tout dévoiler de leur vie fantasmatique, cependant ils peuvent en discuter et rendre possible la réalisation de certains fantasmes complémentaires. Mais pour ce faire, il faut avoir atteint une certaine maturité.
On sait que le clivage «madone-prostituée» inhibe le désir de nombreux hommes. Comment le dépasser?
La possibilité de jouer plusieurs rôles différents m'apparaît comme un signe ou un gage d'évolution. En d'autres termes, l'homme pourra résoudre son complexe de la madone-putain à partir du moment où il pourra jouer des rôles différents (père, amant…) avec la même femme, et à la condition que celle-ci puisse aussi être réceptive à la plasticité des rôles. Alors une grande complicité entre les partenaires leur permettra de passer facilement, par exemple, de rapports «dominant-dominé» au lit à des relations égalitaires dans la vie quotidienne.
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