Et oublier surtout qu'en France, les hommes maltraités par leur conjointe sont nombreux : 130 000 recensés par an, sans compter tous ceux qui, trop humiliés, le cachent. Selon l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales, qui a le premier étudié les violences conjugales subies par les hommes, les 18-25 ans et les 34-45 ans sont les deux tranches d'âges les plus représentées et un diplômé de l'enseignement supérieur risque deux fois plus qu'un autre d'être touché. « C'est un des derniers grands tabous », estime Sylvianne Spitzer, présidente de SOS Hommes battus qui organise l'événement cet après-midi à Sèvres (Hauts-de-Seine).
« Au prétexte que les femmes sont trois fois plus nombreuses à souffrir dans le huis clos conjugal, on ne parle jamais des hommes. Pourtant, les femmes violentes existent et font des victimes qui n'ont ni aide, ni considération. »
Un tué tous les 13 jours
C'est pour ces hommes que cette psychologue et criminologue a fondé SOS Hommes battus il y a trois ans, seule association qui les écoute, à travers une permanence téléphonique et un site Internet. Avec un succès auquel elle ne s'attendait pas.
« On a été contacté par près de 7 000 hommes à ce jour, et on a découvert des situations terribles, avec des schémas très comparables à ceux que subissent les femmes battues. L'emprise, l'escalade, la honte, la peur de parler, les enfants pour lesquels on reste… Et il ne s'agit pas seulement de maltraitances psychologiques : coups, séquestrations, sévices… » Reste que dans un pays ou une femme meurt tous les deux jours et demi sous les coups de son conjoint, il est encore compliqué de s'intéresser au conjoint battu. « Un homme est tué tous les treize jours par sa compagne, rappelle pourtant Sylvianne Spitzer. Il faudrait juste que la société arrête de penser : elle a forcément dû se défendre. »