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LA SANTÉ SEXUELLE PROTÈGE-T-ELLE LA VIE ?

 

 

 

La santé sexuelle protège-t-elle la vie ?

La santé sexuelle protège-t-elle la vie ?

AVIS D’EXPERT- Selon l’urologue et sexologue, Antoine Faix, prendre en charge les troubles sexuels revient bien sûr à améliorer la qualité de la vie sexuelle des patients, mais aussi à traiter et prendre en charge les facteurs de risques cardio-vasculaires qu’ils peuvent révéler.

En médecine sexuelle, il est important de prendre en compte les besoins et les attentes du patient, et surtout du couple. On sait désormais que les maladies cardio-vasculaires (angine de poitrine, hypertension artérielle, hypercholestérolémie, infarctus du myocarde, diabète) sont responsables de troubles sexuels chez l’homme (troubles de l’érection) mais aussi chez la femme (troubles de la lubrification vaginale avec troubles du plaisir et de l’orgasme).

Par conséquent, prendre en charge les troubles sexuels revient bien sûr à améliorer la qualité de leur vie sexuelle, mais aussi à traiter et prendre en charge les facteurs de risques cardio-vasculaires de nos patients (traitement de l’hypertension artérielle et de tout problème cardiaque, dépistage et équilibre du diabète, traitement d’une hyperlipémie, sevrage tabagique ou alcoolique, contrôle du poids, reprise de l’activité sportive).

En effet, il a été médicalement prouvé que les accidents cardiaques graves étaient souvent précédés de troubles sexuels et, notamment pour l’homme, de dysfonction érectile. Le corollaire est que les patients, mais également les médecins, doivent être attentifs à la sexualité ; ainsi la dysfonction érectile de l’homme de plus de 50 ans avec des facteurs de risque cardio-vasculaires peut être un symptôme sentinelle à prendre en considération, même s’il existe également des causes hormonales, prostatiques, neurologiques voire iatrogènes (prise de certains médicaments ou interventions chirurgicales centrées sur le pelvis).

La prise en charge d’un trouble de l’érection doit toujours être globale et s’attacher à identifier les causesq u’elles soient médicales, psychologiques ou iatrogènes

La notion de couple peut également être protectrice, car les femmes ont davantage la culture du dépistage, notamment par la surveillance gynécologique, et peuvent inciter leurs partenaire à consulter et exprimer leur souffrance, souvent importante et masquée, consécutive à un trouble de l’érection, avec des facteurs relationnels et psychologiques (dépression notamment), secondaires à la réaction de stress engendrée par l’échec puis par la peur de l’échec!

Traitement hormonal

La prise en charge d’un trouble de l’érection doit donc toujours être globale, et s’attacher à identifier les causes et si possible à les traiter ou les améliorer, qu’elles soient médicales, psychologiques ou iatrogènes, avec son médecin référent et, si besoin selon les situations, également par un ou plusieurs spécialistes (sexologue, urologue, psychiatre, endocrinologue, psychologue, neurologue, etc.). Un interrogatoire soigné, un examen clinique attentif et des examens complémentaires sont nécessaires avant traitement.

Une fois pris en charge le contexte global du patient (contrôle des facteurs de risque cardio-vasculaires, éventuels changements ou suppression de traitements iatrogènes, accompagnement psychologique du patient en tenant compte du couple), les inhibiteurs de la phosphodiestérase 5 (Viagra, Levitra, Cialis, Spedra) sont le plus souvent le traitement médical de première intention, avec quelques différences dans la rapidité, la survenue potentielle d’effets secondaires bénins et la durée d’efficacité selon les patients et les molécules. Leur efficacité moyenne est de l’ordre de 75 % avec une durée de traitement extrêmement variable qui dépendra du contexte médical et psychologique.

En l’absence d’efficacité ou en cas de préférence du patient, les traitements locaux seront envisagés avec la prostaglandine E1 urétrale (Vitaros, Muse), le vacuum (système de dépression négative pour permettre l’érection par aspiration du sang veineux) et les injections intracaverneuses de prostaglandine E1 (Edex, Caverject) ; ces dernières nécessitent un test en consultation et un apprentissage du patient à domicile avant de débuter le traitement. En cas de déficit hormonal prouvé et de diagnostic de déficit en testostérone, un traitement hormonal substitutif pourra être envisagé en accord avec le médecin.

Tous ces traitements disponibles nécessitent un suivi pour les adapter, les changer si besoin, avec toujours l’idée de durée de traitement pour le patient. Dans les cas de dysfonction érectile à point de départ organique, notamment chez le diabétique ancien, après traitement d’un cancer de la prostate ou en cas de maladies cardio-vasculaires importantes, il y a souvent un changement progressif des traitements vers le plus efficace par nécessité thérapeutique ; lorsque les injections intracaverneuses ne marchent pas ou plus, la discussion avec le médecin doit conduire à parler de la possibilité d’un implant pénien qui consiste à mettre à l’intérieur des corps caverneux par voie chirurgicale des cylindres le plus souvent gonflables.

Cette intervention pourra restaurer l’érection avec plus de quatre hommes sur cinq satisfaits et la possibilité de plaisir et d’orgasme pour lui et sa partenaire. La difficulté pour le médecin est de trouver les mots pour faire accepter une intervention chirurgicale qui seule offrira une sexualité harmonieuse à son patient et, pour le patient, de trouver l’équipe chirurgicale entraînée à ce genre d’intervention.

Dans l’avenir plus ou moins proche, de nouveaux traitements seront développés, avec notamment les ondes de choc en cours d’étude, mais aussi des thérapies cellulaires consistant en l’injection de cellules-souches dites «réparatrices». L’avenir est donc serein avec une palette de traitements possibles y compris chirurgical, sans perdre de vue la prise en charge globale sur le plan médical et psychologique.

 



10/11/2019
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