«LE DÉSIR EST UNE ÉPREUVE»
«Le désir est une épreuve»
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INTERVIEW - GÉRARD POMMIER, psychanalyste, vient de publier Que veut dire «faire» l'amour ? (Éditions Flammarion).
Pourquoi l'infidélité, même non dite, est-elle toujours bouleversante?
Parce que nos amours humaines sont structurellement placées sous le signe de la duplicité: la vie amoureuse de l'être humain prend son départ dans l'enfance, et le désir sexuel garde le souvenir de ces premiers élans, à ce moment où il faut rompre les liens familiaux. Pour la psychanalyse, l'amour sexuel reste ainsi par principe duplice, trompeur. Pour aimer un homme, il faut «tromper» son père. Pour aimer une femme, «tromper» sa mère: c'est une transgression, généralement inconsciente, qui est fondatrice de la jouissance sexuelle et des potentialités orgastiques, pour cette raison parfois difficiles à atteindre. C'est pourquoi le désir est une épreuve. Il nous oblige à franchir nos propres limites internes.
L'infidélité peut-elle permettre de franchir plus facilement ces caps intérieurs?
Certains ont en effet besoin de la «tromperie» pour avoir accès au plaisir sexuel. De nombreuses femmes vivent une forme d'infidélité psychique: elles pensent à un inconnu croisé dans la rue deux jours avant pour pouvoir jouir avec leur compagnon régulier ou leur conjoint, surtout quand celui-ci est devenu père… Avec l'arrivée des enfants dans un couple, il nous suffit d'observer: même jeunes, l'homme et la femme qui viennent de devenir parents s'appellent «papa» ou «maman». Effectuer des retrouvailles avec leur amoureux(se) du début ne se fera pas sans une certaine période de réaménagement psychique, cela peut demander du temps. Fantasmer sur «un(e) autre» peut les aider à franchir le cap dangereux de la jouissance. On pourrait dire qu'inconsciemment ils arrivent «à quitter leur famille d'origine» seulement en ayant un plaisir transgressif.
Avec un amant ou une maîtresse, rejoue-t-on aussi de manière inconsciente nos premiers liens amoureux?
Certainement. Observez comme certaines femmes recherchent presque systématiquement des hommes infidèles: elles répètent l'abandon qu'elles ont vécu dans leur inconscient avec leur père, forcément engagé avec une autre. Ainsi, elles sont particulièrement attirées, à leur insu et bien malgré elles, par les hommes mariés. Quant à certains hommes, ils ne peuvent courtiser que des femmes «impossibles»: vivant à des milliers de kilomètres, ou totalement centrées sur leurs enfants… Si jamais, au bout du compte, ils parviennent à leurs fins, ils perdent soudain leur intérêt pour leur conquête. Ceux-ci veulent répéter de manière inconsciente l'impossible vécu dans leurs premiers liens, même si cet impossible est source de souffrance.
Dans les cas de fidélité bien vécue, que se passe-t-il?
Si le fantasme d'infidélité est une constante, il ne concerne que le désir sexuel. Cela veut dire que lorsque l'amour pour une certaine personne est puissant et unique, l'infidélité reste seulement un fantasme, généralement inconscient, qui ne fait que pimenter l'érotisme d'un couple.
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